Header Critique : LADY TERMINATOR (PEMBALASAN RATU PANTAI SELATAN)

Critique du film et du DVD Zone 0
LADY TERMINATOR 1988

PEMBALASAN RATU PANTAI SELATAN 

Les hommes défilent dans le lit de la Reine des Mers du Sud et, à l'issue de leurs corps à corps intenses, ils sont invariablement mis à mort. Jusqu'au jour où un bel étalon se pointe au palais pour faire du rentre-dedans à la souveraine. Mais avant d'être tué, il réussit à déjouer les plans de la Reine qui disparaît en jurant de se venger dans l'avenir... De nos jours, une jeune anthropologue enquête sur les sources de la légende, ce qui donne l'occasion à la Reine des Mers du Sud de revenir pour assouvir sa vengeance !

L'industrie du cinéma indonésien connaît un certain boom lorsqu'il est décidé que les distributeurs sont obligés de produire un film sur le marché local pour avoir le droit d'exploiter une demi-douzaine de films étrangers. Un tel échange ne lance pas une vague de films d'auteurs chiants à crever mais toute une ribambelle de métrages d'exploitation qui mêlent allégrement de l'action, de la violence et, dans les limites très strictes imposées par le pays, du sexe. Cela donne au passage la possibilité de mettre en image les légendes et croyances du coin. Dans le genre, on citera LA REINE DE LA MAGIE NOIRE de Liliek Sudjio ou MYSTICS IN BALI de H. Tjut Djalil. C'est justement le même H. Tjut Djalil qui se cache sous le pseudonyme plus américain de Jalil Jackson pour signer LADY TERMINATOR plus connu par ici sous son second titre anglais : NASTY HUNTER.

Avec LADY TERMINATOR, H. Tjut Djalil s'essaye à la mise en image d'un film à destination d'un public international, sans oublier pour autant de le teinter d'un peu de folklore indonésien. Le cinéaste avait déjà tenté l'expérience en proposant un postulat de départ assez semblable avec MYSTICS IN BALI. Ainsi, dans les deux films, on suit une jeune femme occidentale qui cherche à percer le mystère d'une légende, ce qui donne aux deux métrages un point de vue extérieur à la culture indonésienne. Avec MYSTICS IN BALI, certains avaient jugé que le film était encore trop exotique mais avec LADY TERMINATOR, le cinéaste H. Tjut Djalil va un peu trop loin dans l'autre sens… Le scénario utilise la légende de la South Seas Queen (Reine des Mers du Sud) pour lancer son histoire qui n'est finalement qu'une version un peu trop inspirée du TERMINATOR de James Cameron.

Dès le départ LADY TERMINATOR n'a pas l'ambition de se limiter à une exploitation dans les cinémas locaux mais est produit en vue d'une distribution internationale. Le mixage du film ainsi que son doublage anglais seront d'ailleurs réalisés spécialement pour l'occasion à Los Angeles. Le film sera bel et bien lancé dans quelques cinémas américains, avec un certain «succès», et on le retrouvera même directement en cassette vidéo en France avant qu'il ne sombre dans l'obscurité. Cette envie de produire un film pour deux marchés distincts oblige à tourner certaines scènes en deux versions, que ce soit pour adapter les personnages ou plus simplement réduire la nudité de son actrice. Par exemple, dans la version internationale du film, un bellâtre occidental en costume blanc remplace un indonésien habillé aux couleurs locales. Ou bien, lorsque Barbara Anne Constable sort de la mer complètement nue, elle est habillée d'une robe transparente et affublée d'éclairs ajoutés en post-production pour dissimuler les points chauds de sa nudité… Pour vous donner une idée, le DVD contient ces deux séquences parmi les suppléments et en version originale !

Même dans une version édulcorée, LADY TERMINATOR connaîtra des problèmes en Indonésie puisqu'on le fera interdire, jugeant que le film est un métrage pornographique alors que celui-ci a pourtant déjà passé sans problème la censure. D'après H. Tjut Djalil, cette interdiction aurait été motivée par des raisons purement commerciales et non pas pour la sauvegarde des bonnes mœurs. Quoi qu'il en soit, le film est proposé sur le DVD édité par Mondo Macabro dans sa version internationale et intégrale !

Affirmer que LADY TERMINATOR est un bon film serait exagéré voire carrément mensonger. C'est avant tout le mélange très particulier d'exotisme dans le fondement de son histoire et son traitement purement américain qui retiendra l'attention. Car dans son ensemble, le film essaye un peu trop de calquer son intrigue sur le scénario de TERMINATOR. Au point que de nombreux rebondissements suivent quasiment à la lettre ceux déjà vus dans le film de James Cameron : l'arrivée dénudée qui se solde par le zigouillage de loubards, l'opération chirurgicale de l'œil, la fusillade du night-club, l'assaut du commissariat… Le manque de moyens est alors remplacé par une surenchère dans l'action qui n'est pas toujours du meilleur effet. L'affrontement final part en vrille et prend des allures de bande dessinée décomplexée qui nuit encore plus à l'ambiance pourtant clairement sérieuse du projet !

De LADY TERMINATOR, on retiendra donc essentiellement son ouverture et plusieurs séquences qui mettent à mal la gente masculine. L'héroïne vengeresse s'attaque aux attributs masculins durant l'acte amoureux grâce à une sorte de reptile camouflé dans son intimité ou bien donne un bon coup de pied dans les parties d'un adversaire qu'elle vient de cribler de balles avec un fusil mitrailleur. Des exactions qui sont l'exclusivité d'un film tel que LADY TERMINATOR et que l'on ne retrouvera pas dans un cinéma purement occidental. Bien peu finalement pour susciter un enthousiasme débordant, même si l'on y ajoute plusieurs passages involontairement drôles (l'ouverture d'une portière de voiture à la mitrailleuse…). Notons au passage qu'aucun AK47 n'apparaît dans le film contrairement à ce que clame la jaquette du DVD.

Il apparaît surprenant que pour certains des titres de sa collection, Mondo Macabro choisisse l'option d'offrir seulement un doublage plutôt qu'une version originale ou, au mieux, d'offrir les deux versions du film. Néanmoins, dans le cas de LADY TERMINATOR, la version internationale fut de toute façon pensée à la base, ce qui comprend d'ailleurs son double anglais où l'on retrouve d'étrange adaptation de répliques issues de CONAN LE BARBARE. En tout cas, la copie 16/9 qui nous est proposée offre une image très satisfaisante. Considérant qu'il s'agit d'un film indonésien qui date de la fin des années 80, l'apparition de défauts de pellicule (griffures ou tâches) est plutôt anecdotique. La piste sonore ne fait pas de miracle mais elle est claire et permet de suivre sans problème l'intrigue à condition, bien entendu, de comprendre l'anglais.

Le petit documentaire sur le cinéma indonésien est issu de la série "Mondo Macabro" diffusée à la télévision anglaise que l'on trouvait déjà parmi les suppléments de MYSTICS IN BALI. Concis, il aborde en un peu moins d'une demi heure et sans fioriture son sujet à force d'extraits (où l'on peut retrouver entre autres LA REINE DE LA MAGIE NOIRE ou LE GUERRIER) et d'interviews de réalisateur mais aussi d'acteurs tels que Barry Prima. Un petit documentaire franchement sympathique qui se voit complété par des notes de production ainsi qu'un long texte sur la véritable légende de la South Seas Queen. Ces trois suppléments donnent au passage quelques clés pour mieux aborder certaines scènes de LADY TERMINATOR (la chambre d'hôtel...). Les autres suppléments sont une bande-annonce (japonaise ?) dont le titrage indique NASTY HUNTER, une galerie de photos ainsi qu'un clip avec des extraits des autres titres édités par Mondo Macabro. Dans ce clip, on a aussi le droit à des morceaux de deux films qui sortiront prochainement tels que DANGEROUS SEDUCTRESS, toujours de H. Tjut Djalil et MORGANE ET SES NYMPHES (pour une édition spéciale).

L'édition DVD de LADY TERMINATOR ne se moque pas de son film avec un traitement de choix. Toutefois, le film de H. Tjut Djalil sera essentiellement vu comme une façon d'approcher le cinéma indonésien. Mais à vrai dire, si l'on doit choisir, il serait peut-être plus judicieux de se diriger auparavant vers des produits bien plus exotiques et démonstratifs comme MYSTICS IN BALI, LA REINE DE LA MAGIE NOIRE ou LE GUERRIER !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Le malin mélange entre tradition indonésienne et cinéma américain
Une édition DVD très réussie
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Mais le résultat final ressemble trop à un film américain fauché
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L'édition vidéo
PEMBALASAN RATU PANTAI SELATAN DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Mondo Macabro
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h21
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Documentaire sur le cinéma indonésien (24mn52)
    • Scènes alternatives (2mn54)
    • Bande-annonce
    • Notes sur le cinéma indonésien d'exploitation
    • Filmographie de Tjut Djalil
    • Notes sur la légende de la South Seas Queen
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