Depuis ses débuts, non pas cinématographiques mais dans la vie, Steven Spielberg s'intéresse aux extraterrestres. D'où la mise en scène de premiers courts-métrages bricolés dans son jardin avec une petite caméra. Depuis, le cinéaste américain a réalisé RENCONTRES DU TROISIEME TYPE et E.T., deux films où il donnait une version foncièrement optimiste de nos amis les extraterrestres. Pourtant ce sujet continue de le titiller et vient donc l'idée de développer une saga télévisuelle, considérant que le sujet est bien trop important pour être décliné sous la simple forme d'un long métrage. Dreamworks, dont il est l'un des fondateurs, s'associe avec la chaîne SciFi Channels pour mettre en chantier ce qui deviendra DISPARITION.
Pour la suite, il faudra décrypter le Making Of très promotionnel pour comprendre que Steven Spielberg n'a apporté que des idées et n'a pas bossé plus que cela sur la véritable création de ce feuilleton de dix épisodes. De toutes façons, il apparaît peu probable qu'un réalisateur comme Steven Spielberg ait pu débloquer assez de temps sur un planning fort chargé (la même année il sort MINORITY REPORT et ATTRAPE-MOI SI TU PEUX) pour réussir à chapeauter un produit aussi énorme qu'une quinzaine d'heures de programme télévisée.
La véritable écriture de DISPARITION est donc confiée à Leslie Bohem qui doit écrire les premiers épisodes. Son cahier des charges devait être des plus maigres puisque l'idée de suivre l'histoire de trois familles différentes, une des bases fondamentales de l'histoire, lui revient. Autant dire que la présence du nom de Steven Spielberg au générique devient rapidement plus un argument marketing qu'un gage de qualité. Quoi qu'il en soit, la production est contente des premiers épisodes écrits par Leslie Bohem et commandite l'écriture de tous les épisodes restants. Malheureusement, Leslie Bohem n'était peut être pas le meilleur choix pour intégrer quasiment tous les éléments d'ufologie dans sa très longue histoire…
Réaliser une saga qui suit trois familles aux prises avec des enlèvements extraterrestres sur plusieurs décennies, de la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'à nos jours, est une idée qui a de quoi passionner. Une fois le premier épisode regardé, l'ennui commence pourtant à pointer. Le second et le troisième remonte un peu la barre mais très vite, les épisodes qui se succèdent n'ont pas de quoi tenir en éveil. Que l'intrigue se déroule de façon peu passionnante n'excuse certainement pas non plus l'indigence d'un ou deux épisodes qui font un peu de remplissage ("Tests Acides"...) et, encore moins, le dernier épisode qui atteint des sommets dans la bêtise ! A se demander pourquoi Steven Spielberg continue de cautionner le projet en apparaissant dans le Making Of promotionnel…
L'échec artistique de DISPARITION repose essentiellement sur le scénariste Leslie Bohem. La réalisation des dix épisodes n'est pas vraiment à blâmer, tout comme l'interprétation, même si la plupart des personnages sont des plus insipides. Le plus intéressant s'avère être le méchant des premiers épisodes, qui disparaît ensuite puisque le passage du temps l'oblige à laisser la place aux jeunes. A ce propos, les maquillages de vieillissements de la plupart des acteurs sont, eux aussi, réussis ce qui apporte encore une once de qualité à un DISPARITION qui aurait surtout eu besoin d'un script bien plus intelligent et captivant !
Parler de rencontres extraterrestres nécessite de mettre en œuvre des effets spéciaux pour les engins extraterrestres ainsi que leurs pilotes. Les soucoupes volantes et autres effets du genre sont, encore une fois, bien réalisés, mais en ce qui concerne les habitants d'une autre planète, le résultat est mitigé. En gros plan, ils apparaissent crédibles alors que lorsqu'ils sont éloignés, leurs apparitions sont souvent bizarrement mal fichues (essentiellement les jambes et les pieds). Du côté des effets spéciaux, il aura aussi fallu réaliser une bataille aérienne avec des forteresses volantes américaines et des chasseurs allemands. Une séquence qui ouvre le premier épisode d'une manière impressionnante mais qui ne donne en rien le ton de la quinzaine d'heures à venir !
Crash de Roswell, Circle-crops (l'une des meilleures idées de la série), enlèvements extraterrestres divers, Area 51… Tout est passé en revue dans DISPARITION mais on sera surpris de ne pas y avoir apparaître les fameux «men in black», pas Will Smith ou Tommy Lee Jones, mais ceux qui apparaissaient aux Etats-Unis lorsque des phénomènes étranges venaient à se produire. En lieu et place, on suit une section spéciale de l'armée dirigée par un ambitieux militaire (Joel Gretsch) prêt à tout sacrifier pour arriver à ses fins. En dehors du fondateur, dans le film, ainsi qu'un scientifique nazi (Willie Garson) ou encore son pendant américain quelques années plus tard (Matt Frewer), cette partie de l'histoire est encore une fois bien mal gérée. Le plus souvent, cette organisation secrète donne l'impression de travailler avec pas plus de trois membres, ce qui paraît bien pauvre et réduit de facto sa menace potentielle.
Avec un peu plus de subtilité, DISPARITION aurait pu s'en sortir mais ce feuilleton a bien du mal à nous faire croire à ses ovnis. L'intrigue et les événements successifs sont le plus souvent prévisibles, et l'issue même du dixième épisode, contenant un incroyable lot d'inepties, finit de plomber définitivement ce qui aurait pu être véritablement un événement télévisuel !
C'est Universal qui distribue les dix épisodes répartis sur six DVD à travers le monde. Les cinq premiers disques contiennent chacun deux épisodes d'une heure et demi alors que le sixième DVD n'offre qu'un Making Of d'environ trois quarts d'heure. Trois heures de programmes sur les premiers disques agrémentés de pistes sonores en Dolby Digital 5.1 d'excellente facture. L'image n'est pas en reste avec un transfert 16/9 quasiment sans faute. Les six disques sont placés dans un digipack plutôt joli qui contient en plus un arbre généalogique des personnages.
Comme déjà dit, le sixième disque paraît bien vide avec moins d'une heure de supplément répartie sur un seul et unique Making Of sous-titré en français. Il n'a d'ailleurs pas été réalisé pour le DVD mais pour faire la promotion du feuilleton. Il ne faudra donc pas s'étonner si tout le monde s'extasie sur DISPARITION. Le plus amusant est une partie consacrée aux réalisateurs puisque les dix épisodes sont mis en scène par dix cinéastes différents. Le Making Of commence un passage en revue par Tobe Hooper (MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, POLTERGEIST…) puis s'intéresse aux suivants. Mais après avoir parlé des quatre ou cinq premiers réalisateurs, le Making Of oublie carrément de citer les autres.
En plus d'être très «promo» (Steven Spielberg cautionne en personne DISPARITION), nous aurions apprécié que les images concernant les extraterrestres ne soient pas floutées. En effet, il est expliqué que pour ne pas déflorer la surprise de la découverte de nos amis d'un autre monde, ils restent camouflés dans ce «documentaire». Seulement, sur le DVD, cette astuce pour attirer le chaland devient inutile !
La télévision est capable du meilleur comme du pire. DISPARITION ne fait partie d'aucune de ces catégories. Il s'agit simplement d'une quinzaine d'heures qui s'étire longuement en abordant un sujet passionnant traité à destination des ménagères… En tout cas, certainement pas des amoureux de la science-fiction. Un comble pour SciFi Channel !