Sinbad affabule et raconte ses aventures à une assemblée blasée. Il
parle du Roc, du Cyclope... Se mettant toujours en avant comme le héros
sans peur. La nouvelle aventure qu'il finit par nous conter ne contient
aucun élément fantastique. Aucune créature fantaisiste... Pas de génie
dans sa lampe... Rien qui pourrait justifier sa présence au sein du
cinéma fantastique. C'est vrai si ce n'est que dans ce film se tiennent
les racines de tous les Sinbad qui ont suivi. SINDBAD LE MARIN
est l'un des premiers films, si ce n'est le premier, où Sinbad est placé
en personnage central. Personnage des contes et légendes des Mille et
Une Nuits, il apparaissait déjà dans LES
MILLES ET UNE NUITS (ARABIAN NIGHTS) en 1942 mais l'histoire
n'était pas entièrement axée autour de lui. Mais Sinbad ne prit son
statut de personnage vraiment culte que quelques années plus tard lorsque
Charles H.
Schneer initia une série de trois films devenue culte en grande
partie grâce aux effets spéciaux réalisés par Ray
Harryhausen. Certains des actes de bravoure mentionnés par Sinbad
dans son troisième voyage se retrouvent d'ailleurs en image dans LE
SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD (THE SEVENTH VOYAGE OF SINBAD).
Troisième ? Septième ? Peu importe, de toutes façons, comment croire
la harangue un peu trop flatteuse de ce vilain menteur de Sinbad ? SINDBAD
LE MARIN n'est donc pas un film "fantastique". Il est résolument
tourné vers l'aventure et le romantisme. Par la suite, les films qui
suivront garderont le personnage et renoueront avec les 1001 nuits et
ses merveilles.
Douglas
Fairbanks, Jr. est un acteur qui est passé du cinéma muet au parlant.
En 1947, SINDBAD LE MARIN est loin d'être sa première performance
dans un film sonore. Pourtant, il garde dans ce film cette façon de
jouer avec tout son corps, en appuyant chacun des gestes et chacune
de ses expressions. Des mouvements que certains pourront trouver ridicules
mais qui sont au contraire intégrés merveilleusement au récit. Il faut
garder à l'esprit que toute l'aventure est racontée par un Sinbad qui
se présente sous le meilleur jour. Ce que l'on voit à l'écran est donc
un héros qui virevolte, prend des poses et joue à outrance pour transformer
Sinbad d'un simple marin en figure romanesque. De même que lorsque le
tueur dont personne ne connaît le visage est démasqué, une lueur verte
vient éclairer son visage. Autant de détails qui montrent le penchant
du conteur à l'exagération. On pourrait se demander si le réalisateur
prenait au moment du tournage conscience de tout cela. A l'époque, SINDBAD
LE MARIN était un simple film d'aventure. Pourtant, tourné entièrement
en studio (encore une fois, cela donne un aspect faux au récit), avec
des décors parfois minimalistes, il n'avait rien pour sortir du lot.
Avec l'âge, c'est tout le contraire qui se produit. Le charme opère.
Et si la fin donne une réponse, on peut simplement se dire que peut-être
ce sacré farceur nous raconte une histoire qu'il raconte... Allez savoir
!
Les Editions Montparnasse nous avaient habitués à sortir leurs films en version originale avec l'option d'afficher un sous-titrage. Souvent, on avait donc le choix entre une version française et la bande-son d'origine. SINDBAD LE MARIN n'a hélas pas du tout cette chance. Le disque ne propose que le doublage français et rien d'autre. L'image est peu définie avec une compression pas toujours géniale et des défauts de pellicule inévitables pour un film de cette époque (à moins de dépenser une fortune pour le restaurer totalement). Une nouvelle déception en ce qui concerne la qualité vidéo. Pour les suppléments ? Désolé, il n'y a rien à voir ! Une petite bio de Douglas Fairbanks, Jr. aurait été la bienvenue. Surtout que sans vouloir être morbide, sa filmographie ne risque pas d'évoluer. Avouez que souvent les filmographies de personnalités encore bien actives sont souvent déjà obsolètes entre le moment où elles sont écrites et celui où le disque est pressé !
Cette édition DVD est un peu minimaliste. Cela peut se comprendre. Réaliser ou récupérer des documents pour les suppléments peut s'avérer coûteux. SINDBAD LE MARIN n'a probablement pas un énorme potentiel commercial et les Editions Montparnasse ont probablement voulu limiter les frais au maximum. La répercussion pour le consommateur est donc mitigée. D'un côté la déception de voir encore un film sortir sans qu'il bénéficie de l'écrin qu'il aurait pu mériter. De l'autre, le prix de vente est attractif. Certains gros éditeurs en font autant (c'est à dire quasiment rien) pour bien plus cher et parfois pour des titres qui sont du pur gâchis de pellicule ! Ici, il y a au moins le risque de proposer un classique du cinéma...