Après le suicide incompréhensible de son père, Daniella s'interroge sur les raisons qui l'ont poussé à un tel geste. Une situation banale qui prend des airs de mystères lorsqu'une nuit, le corps est exhumé de sa tombe pour une sorte de rituel...
Pendant que Fantastic Factory produit à tour de bras de petites productions horrifiques, une autre division de Filmax se met en tête de financer des oeuvres un peu plus prestigieuses et pour laquelle ils donneront la possibilité à de jeunes réalisateurs espagnols de réaliser des longs métrages. Jaume Balaguero ouvre la voie en signant LA SECTE SANS NOM, d'après un ouvrage de Ramsey Campbell. Vient ensuite Paco Plaza, auteur de courts-métrages remarqués, a qui l'on donne la possibilité de se frotter au long-métrage. Parmi les projets qui lui sont proposés chez Filmax se trouvent les droits d'un autre livre du britannique Ramsey Campbell («Pact of The Fathers») que le jeune cinéaste adapte en compagnie de l'écrivain Fernando Marias.
Bien que LA SECTE SANS NOM et LES ENFANTS D'ABRAHAM soient tous deux des adaptations de livres d'un même auteur par deux jeunes réalisateurs espagnols, ils différent considérablement dans le ton. Là où un Balaguero recherche l'effet immédiat, Paco Plaza privilégie la distance en exposant doucement son intrigue pour mieux piéger son auditoire. Ainsi, les quarante premières minutes des ENFANTS D'ABRAHAM se laissent aller à une chronique à l'ambiance pesante sur les événements tragiques qui composent la vie de Daniella. Un parti pris qui ne sera pas du goût de ceux qui s'attendraient à un film d'épouvante plus énergique !
La première partie du film s'avère une exposition où de nombreux détails viennent étoffer le décor psychologique du film. Quelques détails apparaîtront rapidement évidents, alors que d'autres viendront s'éclaircir au fur et à mesure du défilement du récit. Le coeur de celui-ci se focalise alors bien vite sur les Abrahamites, une secte secrète qui suit de terribles traditions. A partir de ce moment, les révélations horribles ou surprenantes n'ont pas fini de s'accumuler sur Daniella et sur ce qu'elle pensait être la vérité à propos de sa famille.
Si l'on peut rapprocher LA SECTE SANS NOM des ENFANTS D'ABRAHAM, c'est notamment par l'aspect torturé de l'intrigue qui ménage quelques retournements de situation assez surprenants. Toutefois, sous ses dehors un peu austères, LES ENFANTS D'ABRAHAM réussit à bien mieux digérer tous les éléments de son récit. Il n'en oublie pas pour autant de créer quelques rebondissements de façon artificielle, à seule fin de dérouter les spectateurs ou de créer quelques effets faciles.
En dehors des deux interprètes confirmés que sont Craig Hill et Teresa Gimpera, qui interprètent respectivement le père et la mère de Daniella Logan alors que les deux acteurs sont réellement mariés dans la vie, le casting est composé quasiment d'inconnus. Ce qui n'est pas plus mal pour donner une touche de crédibilité au film qui se place dans un univers proche de nous. Les personnages ont ainsi un côté plus réaliste comme l'inspecteur de police qui n'a rien d'un brillant et fin limier. Le film donne donc l'occasion de revoir Teresa Gimpera et Craig Hill, ce dernier étant une figure du Western européen (CLAYTON L'IMPLACABLE, LANKY L'HOMME A LA CARABINE...).
Wild Side peaufine ses éditions et le transfert en DVD des ENFANTS D'ABRAHAM est une belle réussite. En dehors de très rares et infimes soucis de compression, l'image est retranscrite ici avec un certain brio.
Produit par l'Espagne et mis en scène par un réalisateur du même pays, LES ENFANTS D'ABRAHAM a été tourné en anglais et l'on retrouve la piste originale dans cette langue avec un mixage Dolby Digital 5.1 qui sert avec finesse le film. En plus du sous-titrage français, le DVD contient aussi un doublage dans notre langue pour ceux qui seraient allergiques à la version originale.
Le Making Of du film n'enthousiasme pas vraiment dans le sens où il est formaté comme beaucoup de ces petits documentaires. Sa durée trop courte et sa vocation avant tout promotionnelle oblige donc à un survol rapide de la plupart des aspects relatifs au film. On peut donc y retrouver des images du tournage, des bouts d'interviews des acteurs ou du producteur, cigare à la main, et même une partie d'une séquence du maquillage de Craig Stevenson.
L'entretien avec Paco Plaza, le réalisateur, nous donne une image plus précise du cinéaste. Il y parle de ce qui l'a amené au cinéma, ses motivations, ses choix et même de sa relation amicale avec Jaume Balaguero. Bien entendu, il y aborde donc un peu plus en détail LES ENFANTS D'ABRAHAM et parle d'un teaser fait pour vendre le film mais d'après ce qui est dit, il ne s'agit probablement pas de celui qui se trouve sur le DVD.
Huit scènes coupées sont proposées avec une assez mauvaise qualité d'image, prouvant que ces morceaux ont été coupés assez vite dans le processus de création du film. Certaines d'entre elles allongent des séquences présentes dans le film ou proposent des versions alternatives alors que d'autres permettent de découvrir de véritables ajouts. Ces derniers sont relativement anecdotiques.
Il est aussi possible de visionner un comparatif entre le générique final et le story-board, un clip musical, deux bandes-annonces (dont l'une se termine de façon très abrupte) ainsi qu'un teaser mais manifestement pas celui évoqué dans l'interview de Paco Plaza. Enfin, quelques biographies vous donneront des informations sur les acteurs et le réalisateur. On sera toutefois surpris de voir que les filmographies sélectives ne contiennent pas les titres français pour quelques uns des titres cités dans le cas de Craig Hill ou Teresa Gimpera.
Encore une belle édition DVD au crédit de Wild side pour un machiavélique film d'épouvante à la fin tragique et poignante qui saura séduire les amateurs d'ambiances.
