Header Critique : RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON, LE (THE RETURN OF SWAMP THING)

Critique du film et du DVD Zone 2
LE RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON 1989

THE RETURN OF SWAMP THING 

Le sinistre Arcane, ennemi juré de la créature du marais, a survécu à leur précédent affrontement. Ce génie du mal veut désormais utiliser sa propre belle-fille Abby dans des expériences destinées à conquérir l'immortalité. La créature s'éprend de la jeune femme et décide de lui venir en aide...

A la fin des années 1980, les producteurs de LA CRÉATURE DU MARAIS ont l'idée saugrenue de lui donner une suite. Pour un budget modeste, ils sélectionnent le réalisateur Jim Wynorski, qui avait fait ses armes chez Roger Corman, au sein de ses firmes New World et New Horizons. Extrêmement productif, bien que peu ambitieux, Wynorski peut se vanter d'avoir tenu une bonne moyenne de deux ou trois films par an depuis son CHOPPING MALL (SHOPPING en vidéo) de 1986. Ses films distribués en France n'ont connu qu'une carrière vidéo (à l'exception du RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON). Si le titre étudié ici est sa première oeuvre fantastique à sortir en France en DVD, d'autres de ses films plus musclés y ont été distribués discrètement dans ce format, comme TERRORISME EN HAUTE MER, TEMPÊTE DE FEU, ou RANGERS, réalisés sous le pseudonyme de Jay Andrews ; ou AMERICAN STRIKE, sous son nom habituel. Si LA CRÉATURE DU MARAIS contenait un casting fort sympathique (Ray Wise, Adrienne Barbeau, Louis Jourdan, David Hess), seul Louis Jourdan et Dick Durock (l'interprète de la créature) reviennent dans cette suite (même si l'on peut reconnaître Hess sur quelques images venant du premier volet, présentées ici comme un flash-back).

Arcane, laissé pour mort à la fin de LA CRÉATURE DU MARAIS, a en fait survécu. Entouré de savants, et ayant bâti un laboratoire dans le sous-sol de sa demeure, il continue à mener des expériences impies sur la vie, et notamment sur les croisements entre les hommes et les espèces animales. Pendant ce temps-là, sa belle-fille, Abby, ne parvient pas à vivre des relations satisfaisantes avec les hommes : en effet, elle leur préfère la compagnie des plantes vertes. Afin de surmonter cette névrose, ses thérapeutes lui conseillent de reprendre contact avec son beau-père, qu'elle n'a jamais apprécié et qu'elle évite depuis des années. Ce qu'elle ignore, c'est qu'Arcane a en fait tué sa mère afin d'utiliser son sang, contenant un composant très rare, qu'il employé pour freiner son propre vieillissement. Pour son malheur, Abby a la même caractéristique sanguine et Arcane veut lui faire subir le même sort que sa mère. Alec Holland, alias la créature du marais, s'éprend d'Abby et veut la sauver des griffes du savant fou...

La créature du marais est avant toute chose le héros d'une bande dessinée américaine de Len Wein et Bernie Wrightson, publiée par DC comics à partir de 1972. Si cette série aura du succès aux USA, elle ne sera publiée en France qu'en 1982, sous le titre "La créature du marais", pour seulement quatre numéros. Cette BD a pour particularité de flirter assez ouvertement avec le domaine de l'épouvante, et elle sera adaptée au cinéma pour la première fois par Wes Craven, qui s'était retrouvé spécialisé dans ce domaine suite au succès de LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE. Dans ce long-métrage LA CRÉATURE DU MARAIS, Alec Holland (Ray Wise), savant étudiant (déjà !) les organismes génétiquement modifiés, découvrait un produit capable de créer des plantes mutantes à la croissance rapide. Mais, lorsque le méchant Arcane veut lui voler le secret de ses travaux afin de le mettre au service de ses plans démoniaques, une bagarre s'ensuit, dans laquelle Holland est gravement exposé à une quantité très élevée de sa substance-miracle. Il devient alors une créature pathétique, un homme végétal hantant les marais. Sous cette forme, il va néanmoins parvenir à vaincre Arcane, temporairement...

En effet, ce vilain revient tout fringant dans cette suite, commandée par Uslan et Melniker, producteurs de l'original, et, par ailleurs, détenteurs (aujourd'hui encore) des droits de la bande-dessinée "Batman". Ainsi, tandis que se tourne LE RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON, ils préparent le BATMAN de Tim Burton, oeuvre beaucoup plus ambitieuse, appelée à être un carton planétaire et à lancer toute une vague de titres inspirés par des serial des années 1930-1940, que ce soit directement (DICK TRACY, THE SHADOW, LE FANTÔME DU BENGALE) ou non (ROCKETEER). Mais, avant que la "Batmania" ne s'abatte sur la planète, il faut bien reconnaître que les adaptations de comics américains étaient plutôt au point mort, surtout après que la firme Cannon ait suicidé, en 1987, le cycle des Superman dans un désastreux SUPERMAN IV. Par contre, une autre franchise s'inspirant de personnages de comic books était en train de naître : LES TORTUES NINJAS. D'abord transposées en une série animée pour la télévision (énorme succès auprès des enfants américains), leurs aventures allaient être adaptées trois fois au cinéma, à partir de 1990, dans des films interprétés par de vrais acteurs.

Avec LE RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON, Wynorski semble d'ailleurs proposer un produit visant avant tout un public assez jeune. Ainsi, l'érotisme reste archi prudent, le gore est absent et la violence se limite à des bagarres. Cette visée familiale se retrouve encore dans la présence des deux enfants très amusants, mais complètement inutiles au développement de l'intrigue (contrairement au petit épicier du premier volet). Certaines idées de LA CRÉATURE DU MARAIS sont reprises, comme l'emploi assez fréquent d'effets de volets ou de diaphragme pour passer d'une séquence à l'autre ; ou encore les séquences de romance nunuches. Les décors extérieurs de Géorgie paraissent un peu quelconques si on les compare à, ceux, envoûtants, trouvés en Caroline du Sud pour LA CRÉATURE DU MARAIS. Le résultat semble peu ambitieux, la réalisation est particulièrement banale, et l'histoire a parfois tendance à s'enliser dans des palabres pseudo-scientifiques assez barbantes.

Heureusement, cette suite a le mérite de ne jamais se prendre trop au sérieux. Les dialogues et les situations incluent beaucoup de touches humoristiques efficaces et multiplient les personnages secondaires débilo-grotesques. Cette approche assez rigolarde d'un film de super-héros à tendance horrifique semble même rapprocher, par moments, LE RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON, d'un épisode de la série des TOXIC. Si son histoire est un peu confuse, Wynorski ne laisse jamais l'action se languir trop longtemps, et propose des scènes de fusillades, des cascades, des explosions et des combats mettant en scène la créature (parée pour les rings de catch de la WWE !). Cela apporte une certaine impression de rythme et de - relative - opulence matérielle. Le point le plus fort reste en tout cas la qualité des maquillages, nettement supérieurs à ceux de LA CRÉATURE DU MARAIS. On apprécie notamment toute une galerie de monstres mi-hommes, mi-bêtes, dans la grande tradition du zoo délirant du docteur Moreau (dans L'ILE DU DOCTEUR MOREAU de Erle C. Kenton, par exemple), même si ces créatures ont un rôle assez discret dans l'histoire.

Somme toute, LE RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON est un petit produit agréable, une curiosité qu'on regarde sans voir le temps passer. Il connaîtra toutefois un accueil fort mitigé aux USA, et vaudra même un "Razzie" de la pire actrice à sa vedette féminine, la blonde Heather Locklear, surtout connue pour ses nombreux rôles à la télévision. En France, il ne connaît qu'une toute petite sortie au cinéma, sous le titre LA CREATURE DU LAGON : LE RETOUR, en 1993. Puis, il paraît en vidéo, dans diverses éditions, sous la même dénomination ou sous celle de LA CREATURE DU MARAIS II. Si ce film n'allait pas connaître de suite au cinéma, une série télévisée SWAMP THING, toujours avec Dick Durock, sera proposée aux USA, avec 72 épisodes diffusés entre 1990 et 1993. Il y aura encore une série de dessins animés SWAMP THING en 1992, mais elle s'arrêtera au bout de cinq épisodes, faute de succès.

Aux USA, ce film a d'abord été proposé en Laserdisc, dans une édition sans bonus. Il a déjà été publié en DVD (zone 1 et NTSC), chez Image, avec une interactivité incluant un nouveau commentaire audio de Wynorski et diverses bandes-annonces. Le voici donc qui arrive en DVD dans notre pays, en complément du "Mad Movies" numéro 157, sous le titre LE RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON.

L'image, au format 1.85 (16/9), est de très bonne qualité, avec notamment une copie d'une parfaite propreté et une très agréable gestion des couleurs et de la lumière. Certes, certains plans sombres trahissent des contrastes un peu approximatifs ou, ponctuellement, un peu de compression. Mais cela reste tout de même du très bon travail.

La bande-son, codée sur deux canaux en Dolby Digital, est proposée en français, anglais et italien. Des sous-titres français sont disponibles et amovibles. Seule la piste anglaise est en stéréo d'origine, tandis que les autres sont en mono. La bande-son anglaise est très satisfaisante, même si elle "chuinte" parfois un peu ou semble légèrement bouchée. La piste italienne est du même tonneau. La piste française est un peu moins soignée (mixage ayant très peu de rapport avec la piste anglaise, bruits de fond...), mais reste acceptable.

Évidemment, au vu du prix et de la destination de ce DVD, les bonus ne sont pas légion. On trouve néanmoins une petite présentation du film par Damien Granger de la revue "Mad Movies" et des biographies de Heather Locklear, Louis Jourdan et Jim Wynorski (cette dernière bio étant accompagnée d'une filmographie sélective). Une petite page de texte commente la confusion entretenue par les titres français du RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON et ceux des films Universal des années 1950, mettant en scène l'homme-poisson découvert par des aventuriers dans un lagon d'Amazonie : L'ÉTRANGE CREATURE DU LAC NOIR (dont le titre anglais signifie littéralement : "La créature du lagon noir", et par ailleurs distribué en Belgique sous le titre LE MONSTRE DU MARAIS), LA REVANCHE DE LA CREATURE et LA CREATURE EST PARMI NOUS. Somme toute, ces bonus sont sans doute peu nombreux, mais ils sont soignés et assez denses en informations pour les cinéphiles.

Certes, cette édition ne supporte pas la comparaison avec le DVD américain du RETOUR DE LA CREATURE DU LAGON. Néanmoins, il a le mérite de rendre ce titre accessible aux non-anglophones et aux possesseurs de lecteurs refusant les disques zone 1 et / ou NTSC. Qui plus est, la qualité globale du DVD français de cette oeuvre sympathique est satisfaisante, voire excellente si on la rapporte à son prix de vente.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
THE RETURN OF SWAMP THING DVD Zone 2 (France)
Editeur
Mad Movies
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h24
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Mono
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
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      • Heather Locklear
      • Louis Jourdan
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