Header Critique : HOUSE ON THE EDGE OF THE PARK, THE (LA MAISON AU FOND DU PARC)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE HOUSE ON THE EDGE OF THE PARK 1980

LA MAISON AU FOND DU PARC 

Alex, un sadique, s'incruste dans une fête bourgeoise. Au fur et à mesure, la soirée dégénère, et les invités se retrouvent à la merci de la brutalité et de la cruauté de ce maniaque...

Après le tournage de CANNIBAL HOLOCAUST, Deodato accepte de réaliser, pour les mêmes producteurs, LA MAISON AU FOND DU PARC. Le confort matériel est très limité. Ainsi, le film est emballé en un peu moins de trois semaines, notamment dans une villa qui ne peut être utilisée que de nuit. L'américain David Hess, alors surtout connu pour avoir été le maniaque Krug dans LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE de Wes Craven, joue ici pour la première fois dans un film de Deodato (qu'il retrouvera ensuite plusieurs fois, notamment pour LE CAMPING DE LA MORT). A ses côtés, on trouve des acteurs moins célèbres : Christian Borromeo (entrevu dans TENEBRES et MURDEROCK) ou Gabriele Di Giulio. L'acolyte d'Alex est incarné par Giovanni Lombardo Radice, alors débutant, appelé à devenir un second rôle célèbre de l'épouvante italienne : FRAYEURS de Fulci, CANNIBAL FEROX de Lenzi, THE SECT de Soavi, BODY PUZZLE de Lamberto Bava... Les rôles féminins sont tenus par des comédiennes plutôt habituées aux frasques du cinéma érotique européen, comme la française Annie Belle (TOUT LE MONDE IL EN A DEUX de Jean Rollin...) ou l'italienne Brigitte Petronio (BLACK EMANUELLE AUTOUR DU MONDE de Joe D'Amato...).

Alex, un garagiste brutal, viole et tue une jeune femme dans les rues de New York... Un an plus tard, alors qu'il se prépare à sortir en boîte avec son ami Ricky, la voiture d'un jeune couple aisé connaît des problèmes mécaniques. Il répare l'automobile, et les accompagne, un peu contre leur gré, à la soirée entre amis où ils se rendent. Celle-ci se tient dans une luxueuse villa, isolée au fond d'un parc. La fête commence plutôt bien, mais les rupins multiplient les provocations envers Alex et Ricky. Alex décide de prendre les choses en main, selon ses méthodes. Armé d'un rasoir, il commence à tabasser les hommes et à forcer les femmes à se soumettre à ses caprices sexuels...

Un simple coup d'oeil sur la fiche technique de LA MAISON AU FOND DU PARC permet de saisir les intentions de sa production : titre plagiant celui de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE ; présence de son acteur-vedette ; actrices habituées du cinéma érotique ; réalisateur spécialisé dans le film choc... Le projet racole donc sur les terres du classique de Wes Craven, qui avait déjà engendré pas mal de copies aux USA avec par exemple I SPIT ON YOUR GRAVE (titré OEIL POUR OEIL en vidéo). L'Italie n'en était pas, en la matière, à son coup d'essai. GLI ASSASSINI SONO NOSTRO OSPITI de Vincenzo Rigo s'en inspire, bien qu'il parte d'une trame dans la tradition de LA MAISON DES OTAGES de William Wyler. AUTOSTOP ROSSO SANGUE (LA PROIE DE L'AUTOSTOP en vidéo) reprend, lui aussi, l'acteur David Hess, en plaçant un argument comparable dans un contexte routier. LA BETE TUE DE SANG FROID d'Aldo Lado situe les sévices à bord d'un train. Lado récidivera en 1993 avec VENERDI' NERO dans lequel trois hommes torturent deux jeunes femmes. Le principe reste donc toujours le même : des personnages brutaux "s'amusent" à infliger toutes les humiliations et violences imaginables à leurs victimes impuissantes. Les oeuvres les plus fidèles au film de Craven se concluent par une vengeance non moins atroce...

LA MAISON AU FOND DU PARC frappe d'abord par sa grande maîtrise technique. Supposé avoir été tourné avec des moyens de fortune, sa réalisation y est toujours très soignée et fait preuve, dans l'usage de certaines audaces expérimentales, d'une grande efficacité (les inserts d'écrans noirs au cours du premier viol, la chute d'Alex dans la piscine...). Le soin du détail et le sens imparable de la cruauté de Deodato rendent les scènes les plus violentes très impressionnantes (le nez cassé, les coups de rasoir...). Les décors et les costumes ne font pas chiches et le tout est admirablement éclairé par Sergio D'Offizi, qui avait oeuvré sur CANNIBAL HOLOCAUST. Riz Ortolani propose, de son côté, une musique inégale : autant la berceuse "Sweetly" qui rythme le film est réussie, autant le reste de sa composition propose une insupportable bouillie disco, qui, tout comme certains costumes, participe au ton assez daté de cette oeuvre. Mais le principal atout du titre, c'est David Hess. Reprenant son numéro de bourreau sadique à la présence massive, il propose à nouveau une composition hallucinante de macho détraqué, et porte sur ses larges épaules le métrage.

Et il faut bien dire que LA MAISON AU FOND DU PARC serait bien fade sans la démesure apportée par Hess. Le scénario, d'abord, est d'une banalité à pleurer. Se contentant d'aligner, dans un ordre prévisible, les atrocités sexuelles et physiques, il ne ménage aucune véritable surprise, à l'exception de son rebondissement final, totalement inutile et peu vraisemblable. Certaines séquences se révèlent d'un mauvais goût et d'une stupidité assez rares (Hess urinant dans la piscine...). Plus grave, Deodato rate toutes les séquences de violences sexuelles. Dans ces moments, il s'avère incapable de véhiculer la moindre tension, de nous faire prendre conscience de la terreur de la victime. La comparaison entre les scènes de lesbianisme forcé de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE et de LA MAISON AU FOND DU PARC rend flagrant ce problème. Autant Craven fait passer le caractère cauchemardesque de la situation, autant Deodato nous laisse totalement indifférents. Ses (longues) scènes érotiques, exhibant ses belles actrices en dessous distingués, ne diffèrent alors en aucun cas de celles d'une production érotique courante, et tapent donc complètement à côté du sujet.

Faute d'un scénario inspiré, LA MAISON AU FOND DU PARC paraît inabouti. Contenant des moments éprouvants, menés génialement par David Hess, le résultat semble pourtant en deçà de ce qu'il aurait pu être au vu de la maîtrise technique dont Deodato fait preuve. Produit peu original, ne parvenant pas à dépasser ses intentions racoleuses de départ, ce film mineur n'en est pas moins intéressant, parfois impressionnant et même, parfois, involontairement (?) amusant.

LA MAISON AU FOND DU PARC sortira en France directement en vidéo, sans passer par les salles de cinéma. En DVD, il a été proposé dans plusieurs éditions. Aux USA, il a été inclus dans le boîtier économique "TALES OF TERROR" chez Brentwood, puis a eu droit à une sortie plus prestigieuse chez Media Blasters (nombreuses interviews, bande-annonce, galerie, format 1.85 compatible 16/9...). En zone 2, les hollandais d'EC Entertainement l'ont d'abord sorti en 1.85 (mais 4/3). Puis, ils ont proposé un nouveau DVD "collector" (celui testé ici).

L'image impressionne par la qualité de la copie utilisée, extrêmement propre et gérant les lumières de façon remarquable. Par contre, des soucis de compression sont à signaler, notamment dans les scènes agitées ou sombres. Qui plus est, une dominante verte, plus ou moins sensible selon la luminosité des plans, fausse légèrement la colorimétrie. Tout cela n'est pas tragique et le résultat est globalement de bonne tenue. Le cadrage 1.85 d'origine est respecté, tandis que l'option 16/9 est bien présente.

La bande-son est proposée en anglais seulement. Le casting est international, l'action est censée se passer aux USA et, au vu du mouvement des lèvres, LA MAISON AU FOND DU PARC semble avoir été tourné dans cette langue. Le choix de cette piste paraît donc aller de soi, même si l'on aurait aimé avoir le choix avec la piste italienne. Le son, en mono d'origine, sonne assez dur et un peu bouché. Il trahit encore un léger bruit de fond, tandis que certains dialogues ne sont pas toujours faciles à saisir. Le résultat reste globalement honnête néanmoins.

La section bonus propose une bande-annonce italienne (casant pratiquement tout le gore et toutes les nudités du films en quelques minutes, l'ensemble étant monté à toute allure sur un fond de disco endiablé !), ainsi qu'une très riche galerie (jaquettes vidéo et DVD du monde entier, photos d'exploitation espagnoles, affiches et photos de plateau). On trouve aussi des interviews assez intéressantes. David Hess parle longuement du film, du tournage, de ses personnages de maniaque et de l'évolution de ses rapports avec Deodato au cours de leurs quinze années de travail en commun. Une interview en anglais de Ruggero Deodato, bien plus courte (2 minutes), ne nous apprendra, par contre, pas grand chose. Enfin, un insert dans le boîtier nous propose une bio-filmographie de Deodato.

LA MAISON AU FOND DU PARC est un représentant du cinéma d'horreur italien du début des années 1980, alors en pleine période de bouillonnement créatif. Bien que trop inégal et banal pour se classer aux côtés des chefs-d'oeuvre de ce courant, il reste un "divertissement" horrifique intéressant. Cette édition "Collector" est globalement satisfaisante et reste l'achat de référence pour ce titre en Zone 2 bien qu'un DVD italien, sorti fin septembre, pourrait bien bousculer cette hiérarchie si l'on excepte l'affichage imposée des sous-titrages pour celui-ci.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
LA CASA SPERDUTA NEL PARCO DVD Zone 2 (Hollande)
Editeur
EC Ent.
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Hollande (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      • Interviews
      • David Hess (17mn10)
      • Ruggero Deodato (2mn12)
    • Bande-annonce
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