Critique du film
et du DVD Zone 2
LE COBAYE 2 : CYBERSPACE
1996
Après la destruction d'un laboratoire où se déroulaient des expériences sur la réalité virtuelle, le docteur Cori Platt s'occupe de Jobe. Survivant miraculeux, il reprend rapidement du poil de la bête et est mis au service d'une société dirigée par John Walker. Ce dernier est un financier peu scrupuleux qui s'est déjà illustré en s'appropriant l'invention de l'informaticien Benjamin Trace.
Vous vous en doutez, LE COBAYE 2 est la suite directe du COBAYE de Brett Leonard qui avait fait son petit effet au moment de sa sortie. A la base, il s'agissait d'une très courte nouvelle de Stephen King rapidement détournée pour y injecter une dose de science-fiction à base de réalité virtuelle. Un scientifique utilise un simple d'esprit pour ses expériences en comptant bien le rendre plus intelligent. Bien entendu, sa création le dépasse quelque peu et le souffre douleur simplet, Jobe, devient un esprit supérieur maléfique dont le but devenait le contrôle du monde grâce aux réseaux informatiques. Le professeur finissait par faire péter le labo avec son cobaye. Le film se terminait alors par une fin ouverte que les scénaristes du COBAYE 2 se sont empressés de ne pas exploiter ! LE COBAYE 2, tout en étant une suite directe, contient d'ailleurs pas mal d'incohérences par rapport au film original. Dans le genre, si la réapparition de Jobe ne pose aucun problème, celle du môme avec qui il entretenait une relation amicale est déjà plus problématique. En effet, LE COBAYE 2 se déroule dans un futur proche tout en nous expliquant que seules quatre années se sont écoulées depuis la fin du COBAYE. Gros problème !
Passés les problèmes inhérents à la cohérence avec LE COBAYE, le film remplace tous les acteurs à l'exception du plus jeune. Austin O'Brien reprend donc le rôle de Peter après s'être illustré comme remplaçant de l'insupportable Macauley Culkin dans MY GIRL II ou, de façon plus estimable, aux côtés de Austin O'BrienArnold Schwarzenegger dans LAST ACTION HERO. Sa carrière n'a donc rien de bien glorieux et il n'est pas étonnant qu'il soit le seul à rempiler avec des considérations telles que "Ce que ça me fait d'être le seul acteur du premier film ? Eh, bien, c'est plutôt cool !". Une déclaration tirée directement du dossier de presse original qui en contient bien d'autres tout aussi inspirées. Aucune trace donc de Pierce Brosnan ce qui n'est pas si gênant puisque son personnage a lui aussi disparu. Ce qui est déjà plus grave, c'est la l'absence de Jeff Fahey qui jouait Jobe dans le premier film. Même lui, pourtant peu regardant si l'on inspecte le reste de sa filmographie, ne sera pas de la partie pour ce COBAYE 2. Envie non partagée de revenir dans une suite qui sur le papier partait assez mal ou plus prosaïquement un problème d'argent à même de convaincre les acteurs, on ne le saura jamais. Matt Frewer prend donc le rôle de Jobe en oscillant entre MAX HEADROOM, le seul rôle qui lui aura donné la notoriété, ce qui transforme le personnage en une sorte de Jim Carrey schizo et totalement déplacé ! Pour continuer à enfoncer le casting, le héros est interprété par Patrick Bergin en informaticien écolo. Après quelques titres prometteurs (AUX SOURCES DU NIL), sa carrière a pris un tournant avec LE COBAYE 2 en sombrant vers les productions fauchées du genre ESCAPE VELOCITY ou DELIVRE-NOUS DU MAL.
120 millions de recettes à travers le monde pour seulement 8 millions de billets verts, cela fait réfléchir Edward Simons le producteur du COBAYE. Il fait d'ailleurs traîner le projet d'une suite alors que New Line aurait bien mis un second cobaye dans les salles dès l'année suivante. Le réalisateur Brett Leonard continue la désaffection en étant aussi peu libre que les acteurs du premier film alors que Edward Simons met le paquet en triplant l'enveloppe du budget. Il finit par confier le film à Farhad Mann qui s'occupe au passage du scénario. En dehors de la série MAX HEADROOM (d'où la présence de Matt Frewer au générique), quelques téléfilms et de nombreux spots publicitaires, le réalisateur est jusque-là un sombre inconnu. Placer le gigantesque échec du COBAYE 2 sur son CV lui donnera une réputation difficile à effacer par la suite.
LE COBAYE avait réussi à surfer sur l'intérêt de la réalité virtuelle en proposant quelques séquences réalisées par ordinateur plutôt réussies. Toutefois, le film avait tout de même un scénario viable même si l'histoire était plutôt classique. Sa suite n'a hélas pas la même chance. Bien entendu, la technologie a évolué tout comme les images présentées dans LE COBAYE 2. Là où le premier film apportait un relatif réalisme, LE COBAYE 2 sombre rapidement dans le ridicule à force de séquences d'effets spéciaux ringards. Poursuite en moto ou scène aérienne, cela sent à plein nez l'incrustation d'acteurs sur un décor plus ou moins réussi et calculé par ordinateur. Des effets approximatifs qui donnent au film des airs de série télévisée. Ce n'est hélas pas le scénario, lui-même très simpliste, qui enlèvera cette impression de regarder un téléfilm raté sur un messie (antéchrist ?) informatique. Les 24 millions de dollars du budget ont bien du mal à faire illusion ! Enfin, le film nous présente une évolution informatique assez bête à l'image de l'actrice Ely Pouget qui avoue dans le dossier de presse : "Je ne comprenais rien aux ordinateur avant de tourner le film ! Et me voilà bien calée dans un domaine que j'ai passé ma vie à éviter". Après la vision du COBAYE 2, personne ne risque de comprendre quoi que ce soit de plus aux ordinateurs et ne sera pas plus calé ensuite… Ne t'inquiète pas Ely, si tu ne comprends pas le film ou le scénario, cela n'a rien à voir avec tes compétences en informatique !
Il aura fallu quatre années à la suite du COBAYE pour voir le jour ce qui nous amène à comparer ce flop à celui de L'EXORCISTE II : L'HERETIQUE, critiqué ici-même il y a peu ! C'est en effet le même temps qu'il aura fallu pour donner une suite à L'EXORCISTE. Pas si étonnant puisque les deux projets étaient assez casse-gueule ! Mais Farhad Mann n'est pas John Boorman qui s'en sortait ne serait-ce que par un emballage esthétique réussi et une envie de faire un spectacle différent. LE COBAYE 2 n'a aucune de ses qualités et représente une belle plantade !
LE COBAYE 2 est un DVD produit directement pour être vendu à tout petit prix. Il en fleurit de plus en plus depuis quelques temps ce qui vient confirmer la belle progression du DVD dans les foyers français ! L'éditeur ne s'est donc pas pris la tête à insérer de quelconques bonus ! Difficile de toutes façons d'imaginer Farhad Mann venir défendre son film dans un commentaire audio. La bande-annonce du COBAYE 2 sera donc le seul bonus. L'éditeur aura manqué d'à-propos puisqu'il commercialise LE COBAYE et n'aura pas pensé à y mettre la bande-annonce de ce film lui aussi expédié dans les DVD à petit prix. Un choix d'ailleurs étonnant tant LE COBAYE aurait pu mériter un traitement plus respectueux. Mais nous ne sommes pas là pour débattre sur le cas du film original…
Malgré l'indication "Stéréo" sur la jaquette, la version originale du film est bel et bien en surround. Les nombreuses séquences d'action ou de réalité virtuelle profitent ainsi d'une ampleur réussie. Malheureusement, ce n'est pas cette bande-son qui viendra relever l'indigence du spectacle. L'image quant à elle présente le film dans son format large d'origine (2.35 [16/9]) mais on sent bien que le transfert n'a pas été réalisé avec beaucoup de soin. Si l'on dénote assez peu de problèmes de compression (jetez un oeil à un étrange flash lumineux à [0'41'25]), c'est plutôt la définition qui n'est pas extraordinaire.