John Berlin débarque dans une petite ville américaine
après quelques problèmes personnels. Flic de son état,
il tombe rapidement dans une décharge sur un suicidé et
non loin de celui-ci, sur une main laissée parmi les ordures...
JENNIFER 8 malgré les apparences n'a rien à voir avec BLUE VELVET et son morceau d'oreille perdu. Le film est bien plus conventionnel en nous permettant de suivre une enquête sur la main de celle qui serait la huitième victime d'un tueur. Comme d'habitude, personne ne croit le héros et il se lance seul dans une enquête tournant bien vite à l'obsession. JENNIFER 8 a ainsi des airs de thriller tout à fait conventionnel. Pourtant, ce qui le rend moins commun, c'est dans sa façon de ne pas caresser le spectateur dans le sens du poil. Bruce Robinson, le scénariste et réalisateur de JENNIFER 8, pense avec raison que ses spectateurs ont un tant soit peu de mémoire pour leur éviter d'en faire des tonnes sur des éléments qui serviront l'histoire pour la suite. Ou pire, comme on le voit parfois, l'adjonction d'un flashback ou d'une explication, histoire d'assurer la compréhension du récit même au plus mou du bulbe ! JENNIFER 8 adopte ainsi un traitement pas aussi ordinaire et le scénario s'avère de la même façon astucieusement élaboré. Même la fin du film réussit à nous éviter la figure imposée habituelle, bien que l'on n'évitera pas l'amourette d'usage entre le héros et l'héroïne.
JENNIFER 8 n'est pas
pour autant génial. L'enquête et les rebondissements qui
auront mené jusqu'à la révélation de l'identité
du tueur ne valaient pas une découverte aussi décevante.
Ce film avait pourtant un gros potentiel qui ne dépassera pas
celui de petit film bien ficelé en raison de cette fin donnant
l'impression d'être trop simpliste ou carrément bâclée.
La conclusion nous laissant au passage dans un certain flou en ce qui
concerne les motivations du tueur. Ce n'est pas une légère
explication à la va-vite qui viendra nous éclairer à
propos de toutes les questions qui auront pu nous traverser l'esprit
sur le tueur qui laisse traîner une main dans une décharge
publique !
Un bon petit thriller policier servi par un casting de choix. Andy Garcia, Uma Thurman, John Malkovich et Lance Henriksen. Mention spéciale pour Uma Thurman sacrément convaincante en non-voyante ou à John Malkovich dans un court rôle d'inquisiteur. Toutefois, la véritable surprise vient du réalisateur qui jusqu'alors n'avait pas fait montre de noirceur puisque ses deux films précédents étaient deux comédies grinçantes : HOW TO GET AHEAD IN ADVERTISING et WHITNAIL ET MOI. Aucun rapport dans le fond ou la forme avec JENNIFER 8.
Si vous voulez en savoir plus sur le film, cela ne sera pas possible ! Le DVD édité par Paramount se contentera de vous proposer une copie du film techniquement plus que correct. Pour le reste, il faudra vous contenter d'une bande-annonce et puis c'est tout ! L'image est dans le ton du film, sombre et par moment granuleuse. Cela n'a rien d'un défaut mais bel et bien un choix artistique. La version originale en Dolby Digital 5.1 est, vous vous en doutez, bien plus dynamique et précise que celle en simple stéréo surround proposée sur le doublage français ainsi que les autres langues.
Bruce Robinson était à deux doigt de réalisé un grand thriller. Tous les atouts étaient dans ses mains. Mais la révélation finale du film a bien du mal à ne pas ternir une mise en place finement orchestrée depuis le début. JENNIFER 8 n'est à l'arrivée qu'un petit thriller policier recommandable à ceux qui apprécient le genre.