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Critique du film et du Blu-ray Zone B
THE CROW 2024

 

Shelly est poursuivie par une bande de tueurs et les circonstances l’amènent à rencontrer Eric Draven dans un centre désintoxication. Ils tombent amoureux et s’échappent, toujours pourchassés par les sbires d’un être maléfique.

La bande-dessinée «The Crow» est publiée via un éditeur indépendant à la fin des années 80. Son auteur, James O'Barr, y raconte une histoire de vengeance d’outre-tombe qui était pour lui, au moment de sa création, une façon d’exorciser le décès de sa petite amie. L’histoire illustrée se forge une petite réputation, ce qui mène l’industrie cinématographique à s’y intéresser. Ainsi, en 1994, THE CROW sort sur les écrans. Le film d’Alex Proyas colle à l’œuvre originale et adopte une approche visuelle très marquée ainsi qu’une narration ponctuée de souvenirs. L’ambiance sombre du film est renforcée par la disparition de l’acteur Brandon Lee qui trouve la mort durant le tournage. En raison de l’intrigue, THE CROW se suffisait à lui-même. Mais le succès du film accouche de plusieurs suites et même d’une série télévisée.

C’est dans ce contexte qu’une nouvelle adaptation de la bande-dessinée est un quart de siècle plus tard avec l’idée de repartir de zéro en proposant une toute nouvelle vision de l’histoire. Entre 2008 et 2024, la genèse du film va être chaotique. C’est une valse de réalisateurs, scénaristes et acteurs qui se voient attachés au projet avant de le quitter aussi vite… Stephen Norrington, Juan Carlos Fresnadillo ou encore F. Javier Gutiérrez auraient pu réaliser le film. Mais ce ne sera pas le cas. Le scénario va lui aussi connaître de nombreux géniteurs. Même James O'Barr franchement hostile à ce projet finit par plancher sur son écriture. Que reste-t-il de tout ça à l’arrivée ? Difficile de savoir… Pour le rôle principal, des acteurs sont cités et certains de ces noms ont de quoi surprendre : Mark Wahlberg, Bradley Cooper, Jason Momoa ou encore Alexander Skarsgård. Et c’est bien un Skarsgård qui sera choisi après de longues errances. Toutefois, c’est Bill Skarsgård, frère d’Alexander, qui incarne le héros de ce nouveau film.

Avec THE CROW, version 2024, on nous promet une réadaptation de l’histoire originale mais remise au goût du jour. A la barre du projet, on trouve finalement le britannique Rupert Sanders qui torche le film en République Tchèque avec la même esthétique qu’une production vidéo. Et c’est certainement le gros point noir de cette version de THE CROW. Difficile d’oublier le film original, au budget pourtant maigre, qui instaurait une forte ambiance grâce à de belles images gothiques et expressionnistes, le tout sonorisé par une bande-son rock en adéquation avec son sujet. Au cas où ce ne serait pas clair, l’image de THE CROW version 2024 est brute, éclairée de manière fonctionnelle. Autant dire que visuellement, le film s’avère assez impersonnel. Et la musique très présente dans le film original est ici anecdotique.

Sur la forme, le film de Rupert Sanders se vautre dans des représentations oniriques ridicules. Question indigence de l’image, le plus ahurissant ce sont les séquences qui nous envoient dans une vieille gare à l’abandon pour signifier une sorte de purgatoire au rabais habité par Sami Bouajila. Dans le monde « réel », c’est le minimum syndical du polar télévisuel. Mais le pire reste à venir…

En 1994, les personnages d’Eric Draven et Shelly allaient se marier lorsque la mort fauche les deux tourtereaux de manière violente. Mais ces deux personnages étaient « purs », leurs motivations étaient même louables. En 2024, une grande partie du film narre leur rencontre et leur fuite d’un centre de désintoxication. Ce sont deux âmes perdues qui tombent amoureuses sans que l’on sache vraiment pourquoi et qui, une fois libre, retombent dans les excès. C’est peut-être un peu cucul la praline que votre serviteur trouve gênant que cette nouvelle adaptation dans « l’air du temps » se résume à deux paumés voulant faire la fête en se droguant en toute liberté. Ce qui est certain, c’est qu’il est difficile dès lors de comprendre pourquoi Eric Draven a le droit, lui plutôt qu’un autre, d’exercer une vengeance même si on nous le décrit comme une victime depuis son enfance. L’enjeu étant de ramener sa dulcinée d’entre les morts. Heureusement, le vilain de l’histoire est maléfique. Etant donné qu’il n’y a rien de très clair, on en vient à se demander si ce ne sont pas les enfers qui utilisent notre anti-héros comme un instrument pour amener le vilain, incarné par Danny Huston, à la maison. Vu ainsi, cela brouille encore plus la logique pourtant évidente du film original : l’innocence désemparée réclame réparation et sa part de justice.

Au deux-tiers du film, Bill Skarsgård revêt un accoutrement ainsi qu’un maquillage de façon à créer la filiation avec l’œuvre originale. Peine perdue, cela débouche sur un massacre ultra-violent sur fond d’opéra où le héros dézingue un nombre ahurissant de sbires anonymes. Cet exercice de style était peut-être la séquence impressionnante du film mais elle paraît bien gratuite et ne fait que renforcer la vacuité et le manque de cohérence de l’ensemble.

THE CROW, le film d’Alex Proyas, n’est pas un film sans défaut, loin s’en faut mais cette nouvelle adaptation de la bande-dessinée ne peut que renforcer encore plus son statut de film « à part », qu’on l’ait apprécié, ou pas, à l’époque de sa distribution. Lors de sa sortie dans les salles en France, l’accueil de la version 2024 fut assez glacial avec un nombre d’entrées très bas. Cette mouture de THE CROW n’a clairement pas séduit, à raison, les nouvelles générations !

Metropolitan propose le film en haute définition dans un Blu-ray à l’image impeccable. L’éditeur fait du bon boulot et propose même des pistes en Dolby Atmos pour la version originale sous-titrée et le doublage français. Si l’on peut émettre de grosses réserves sur le film, au moins, sa retranscription sur le Blu-ray est de belle facture ! L'éditeur propose aussi une piste audio pour les malvoyants ainsi qu'un sous-titrage pour les malentendants !

En complément, l’éditeur propose un documentaire d’environ une heure découpé en six parties : "Les Origines", "Le Casting", "Décors, Costumes", "Les lieux de Tournage", "Action et Cascades" et "Quelques Réflexions". Il est possible de le voir d’un seul tenant ou bien morceau par morceau. Evidemment, cela ressemble beaucoup à de la vidéo promotionnelle mais cela a le mérite de donner la parole à ous les intervenants, dont Sami Bouajila qui s’y exprime en français. A côté, on trouve deux petites vidéos dédiées au générique d’ouverture ainsi qu’à la bande-originale. La seconde, plus longue, donne en grande partie la parole au compositeur avec des images des sessions d'enregistrements. Quatre scènes coupées nous sont aussi proposées. Relativement anecdotiques, deux d’entre elles ne viennent que très légèrement épaissir ce qui est déjà dans le film alors que les deux autres semblent aussi inutiles que le film.

Plus surprenant, le disque contient aussi un «Hommage à Edward R.Pressman». Le producteur a une filmographie assez impressionnante et c’est l’occasion de nous la présenter, très succinctement, dans cette édition du dernier film qu’il a produit avant de nous quitter. Du coup, on peut s’étonner de ne pas en profiter pour rendre un hommage à Samuel Hadida, lui aussi attaché à ce projet et disparu en 2018. Si hommage au producteur français il y a, ce sera au détour d’une séquence dans le film lui-même où l’on peut voir l’affiche de CRYING FREEMAN ou de façons plus explicite dans le documentaire. Pour terminer, le disque contient aussi la bande-annonce du film. Et, comme à son habitude, l'éditeur propose aussi une bande-annonce à l'insertion du disque de manière à mettre en avant un autre film de son catalogue qui a comme point commun l'acteur principal et semble à première vue bien plus sympathique : BOY KILLS WORLD.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
The Crow Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Metropolitan
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h51
Image
2.35 (16/9)
Audio
Anglais Dolby Atmos 7.1
Français Dolby Atmos 7.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Le vrai amour ne meurt jamais : le Making Of (61mn)
    • La Bande-originale (11mn25)
    • Le Générique d'ouverture (2mn04)
    • Hommage à Edward R. Pressman (11mn06)
    • Scènes coupées
    • Bandes-annonces
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