Header Critique : Creation of the Gods I: Kingdom of Storms (Feng shen Di yi bu: Zhao Ge feng yun)

Critique du film
CREATION OF THE GODS I: KINGDOM OF STORMS 2023

FENG SHEN DI YI BU: ZHAO GE FENG YUN 

Plus de 1000 ans avant Jesus Christ, la dynastie Shang règne sur l’ensemble des royaumes avoisinants. A cause d’une rébellion, toute la famille d’un monarque félon est pourchassée pour être exécutée par les Shang. Mais cet événement va créer une réaction en chaîne inattendue qui aura des répercussions sur Terre comme sur le monde divin...

Durant de très nombreuses années, le cinéma de la Chine continentale était largement contrôlé par les instances communistes.  Mais depuis le début du XXIème siècle, la Chine produit de nombreux films ouvertement commerciaux, toutefois elle peine à les distribuer à l’étranger. Heureusement, quelques films réussissent à percer les frontières pour atteindre nos contrées. Les cinémas semblent encore un peu frileux et c’est du côté du streaming que l’on peut y voir quelques-uns de ces films à l’instar de THE WANDERING EARTH sur Netflix ou HEROES : THE BATTLE AT LAKE CHANGJIN en VOD (par exemple sur l’offre Canal+). C’est donc un événement de voir CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS sur grand écran en France. Cette sortie est particulière puisqu’il ne s’agit pas d’une distribution traditionnelle. En effet, le film a été projeté durant deux jours seulement, les 10 et 11 février 2024, dans les cinémas français. Cette manière de tâter le terrain avait déjà été tentée par le Japonais GODZILLA MINUS ONE deux mois auparavant ce qui lui a donné l’opportunité d’une sortie plus large ensuite. Mais à ce jour, rien n’indique que CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS bénéficiera lui aussi d'une nouvelle sortie non limitée.

CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS est l’adaptation d’une œuvre littéraire chinoise inconnue en France ou presque. “L’Investiture des Dieux” ne date pourtant pas d’hier puisqu’elle a été écrite au XVIème siècle. Et elle a été évidemment adaptée à plusieurs reprises au cinéma ou à la télévision dans les pays sinophiles. Ainsi, récemment, on trouvait déjà Jet Li et Bingbing Fan à l’affiche du hongkongais LEAGUE OF GODS qui condensait l’histoire en moins de deux heures avec des effets spéciaux très inégaux. Mais CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS fait preuve d’une bien plus grande ambition. En effet, le film est annoncé comme une trilogie et le titre laisse clairement entendre que nous avons affaire ici à une première partie. Durant près de deux heures et demie, CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS pose les bases de l’histoire en proposant un grand nombre de personnages, de lieux et de sous-intrigues. Cette profusion n’est pas nouvelle dans les fresques chinoises. Les plus anciens d’entre nous se souviendront sûrement d’une série télévisée passée comme un ovni en France durant les années 80. LA LEGENDE DES CHEVALIERS AUX 108 ETOILES en est lui aussi une adaptation de Chang Cheh, au cinéma, avec THE WATER MARGIN et ALL MEN ARE BROTHERS. Comme d’autres films du genre, on y présentait pléthore de personnages, quitte à écrire leur nom à l’écran, de façon à bien marquer la filiation avec l’œuvre littéraire d’origine. Les férus de films de sabres ne seront pas désarçonnés !

La vision de CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS est un véritable moment de cinéma à grand spectacle ! Si l’on prend seulement l’aspect visuel, il enterre les super productions américaines. Pour vous donner une idée, le DUNE de Denis Villeneuve fait petit budget sobre à côté ! Dans CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS, les décors sont monumentaux et les costumes sont absolument magnifiques... Son réalisateur, Wuershan, redouble d’inventivité pour donner la démesure des bâtiments et des situations. De même, certains plans sont d’une beauté à couper le souffle avec un souci du détail dans le placement des cheveux ou des ombres. Evidemment, il y a du numérique dans CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS et, parfois, cela se voit. Mais face à cet écrasant spectacle, les quelques faibles moments digitaux passent sans choquer.

Du coup, CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS a quelques défauts. Par moments, le film manque un peu d’âme et certains passages semblent moins intéressants. L’intrigue centrale donne une impression de déjà-vu (en même temps, cela se passe au XVIème siècle). A la fin du film, on nous impose quelques flashbacks explicatifs, probablement à destination des spectateurs les moins attentifs. La musique, quant à elle, n’a rien de flamboyant et s’avère passe-partout. Quelques personnages n’ont probablement pas le charisme nécessaire. Heureusement, ce dernier point s’oublie par des rebondissements cruels donnant au film un ton tragique assez surprenant. D’autant plus que, par moments, CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS s’inscrit dans le domaine de l’humour. D'ailleurs, l’une des séquences amusantes rappelle vaguement LES DIX COMMANDEMENTS de Cecil B. DeMille lorsque des personnages se retrouvent bien malgré eux parmi les esclaves œuvrant à la construction d’un bûcher gigantesque !

Pour le public français, il y a fort à parier que les passages dans la dimension divine seront perçus comme incongrus. Mais il s’agit ici d’un choc culturel. Le même que celui ressenti à la vision, en leur temps, d’un HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS ou d'un ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE. C’est aussi ce choc qui permet d’apprécier encore plus aujourd’hui CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS puisqu’il nous présente autre chose que ce que l’on voit habituellement sur les écrans. La suite s’annonce encore plus forte. Les deux séquences post-générique nous permettent d’entrevoir des créatures de la culture asiatique rarement vues sur les écrans et annoncent d’impressionnantes batailles.

L’ambition de CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS, elle est déjà présente dans la filmographie de son réalisateur. Il suffit de jeter un œil à la liste des travaux passés de Wuershan pour se rendre compte qu’il s’est très vite spécialisé dans le cinéma à grand spectacle. Ainsi, on lui doit déjà des épopées aux moyens bien plus faibles comme PAINTED SKIN 2 ou encore le film d’aventure MOJIN: LA LÉGENDE PERDUE. Mais le générique de fin de CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS laisse aussi apparaître une somme astronomique d’artistes qui viennent de tous les pays, y compris la France.

Dès les premières minutes de CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF STORMS, on comprend pourquoi la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX est citée en référence. Et dès ces premières minutes, on comprend surtout que l’on va assister à une fresque qui n’aura de cesse de nous émerveiller. Fait assez rare qui rend d’autant plus heureux d’avoir pu voir le film lors de son week-end d’exploitation !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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