Header Critique : DETECTIVE HP LOVECRAFT (CAST A DEADLY SPELL)

Critique du film
DETECTIVE HP LOVECRAFT 1991

CAST A DEADLY SPELL 

DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT est réalisé pour la chaîne du câble américaine HBO par le réalisateur d'origine néo-zélandaise Martin Campbell. Celui-ci commence sa carrière dans les années soixante-dix, en tournant des comédies érotiques britanniques. Puis il passe à la télévision en tournant des épisodes de séries TV, et surtout en mettant en scène la remarquée et remarquable mini-série «EDGE OF DARKNESS», mêlant anticipation et espionnage. Elle lui permet de réaliser ses premières œuvres à Hollywood, dont DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT.

Bien que destiné au petit écran, ce téléfilm bénéficie d'une vraie ambition, réunissant des talents de son temps comme le scénariste Joseph Patrick Dougherty (remarqué pour la série «NOS MEILLEURES ANNÉES») ou la productrice Gale Anne Hurd (TERMINATOR, ALIENS).

C'est Fred Ward (SANS RETOUR, TREMORS) qui interprète le privé Philip Lovecraft, nommé bien sûr d'après l'écrivain Howard Philip Lovecraft. Il est accompagné par la jeune Julianne Moore (LE MONDE PERDU : JURASSIC PARK, HANNIBAL) et David Warner (LES CHIENS DE PAILLE, TRON).

DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT, plutôt que de reproduire littéralement une ambiance lovecraftienne, mêle des éléments typiques de l'écrivain à l'atmosphère du genre Noir américain - tel que mis en place dans les romans de Chandler et Hammett ou dans des films comme LE GRAND SOMMEIL de Howard Hawks et LE FAUCON MALTAIS de John Huston.

Ce mélange de sorcellerie et de Film Noir évoque sur le principe le très bon ANGEL HEART de 1987, dans lequel un détective enquête pour un employeur diabolique. Mais DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT ajoute astucieusement de l'humour, en traitant avec ironie les clichés propres aux polars (femmes fatales, répliques cyniques), au cinéma d'épouvante (des loup-garous sont « cuisinés » dans un poste de police) et aussi à Lovecraft (un sorcier entretient avec soin un aquarium plein de petits poulpes !).

Le détective privé Philip Lovecraft doit empêcher un occultiste de mettre la main sur le grimoire maléfique nommé Necronomicon. Le malfaiteur compte l'utiliser pour invoquer de maléfiques divinités anciennes une nuit aux astres propices ! Le privé mène son enquête en prenant contact avec la police (dirigée par un dénommé Bradbury !) et en étudiant les rares indices dont il dispose. Le film s'achève, comme il se doit, par l'arrivée d'un Grand Ancien colossal et tentaculaire.

A travers son récit, DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT évoque un autre must du cinéma d'épouvante aux relents lovecraftiens : le classique majeur RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR de Jacques Tourneur, qui mêle lui aussi investigation et magie noire.

Surtout, DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT fait immanquablement penser à la série télévisée américaine des années soixante-dix «DOSSIERS BRÛLANTS» dans laquelle le journaliste Carl Kolchak mène toutes sortes d'investigations dans le monde de l'occultisme.

DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT bénéficie d'une interprétation sympathique et compétente, menée par Fred Ward dont la tronche rocailleuse convient à merveille à son personnage de privé. Le début est excellent : il présente avec humour une Californie des années quarante où la sorcellerie est un moyen naturel de régler des comptes entre gangsters. Les moteurs sont rongés par des Gremlins, une jeune fille chasse la licorne dans un parc, les tueurs envoient des malédictions à leurs victimes, les caïds recrutent leurs gros bras parmi les zombies haïtiens...

Toutefois, la narration et la réalisation s'avèrent rapidement plates et conventionnelles, tandis que les surprises se raréfient. Nous sommes dans la veine des séries policières un brin bavardes. La mise en scène souffre de statisme et de quelques lenteurs. Heureusement, le final est très réussi, malgré des effets spéciaux limités par le budget modeste de cette production télévisuelle.

En fin de compte, DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT reste un agréable divertissement, particulièrement pour les amateurs de Lovecraft qui seront enchantés par ses multiples clins d'œils et références. Il est toutefois dommage que cette œuvre, limitée par son format, n'ait pas eu les moyens d'aller au bout de ses excellentes idées.

DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT connaît un certain retentissement, ce qui lui vaut une suite tournée quelques années plus tard : CHASSEUR DE SORCIÈRES signée Paul Schrader.

Martin Campbell va ensuite reprendre le chemin du cinéma, notamment en tournant des blockbusters d'aventures renommés comme LE MASQUE DE ZORRO ou les James Bond GOLDENEYE et CASINO ROYALE.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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