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Critique du film
SPIDER-MAN: NO WAY HOME 2021

 

En 2016, le studio Sony, détenteur des droits cinématographiques du personnage Marvel Spider-Man, s'allie avec Disney, propriétaire de Marvel. Cela afin de créer un nouveau Spider-Man cinématographique.

Ce dernier vit d'une part des aventures dans ses propres films Sony et d'autre part figure dans ceux de l'Univers Cinématographique Marvel de Disney. Il apparaît la première fois dans CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR en 2016, avant d'enchaîner avec son premier métrage SPIDER-MAN : HOMECOMING en 2017.

Pour éviter les reproches essuyés par THE AMAZING SPIDER-MAN et THE AMAZING SPIDER-MAN 2, le personnage connaît des retouches. Ses origines sont vite expédiées, l'oncle de Peter Parker disparaît. Surtout, Peter a la vie plus facile que ses incarnations précédentes, ne connaissant pas autant de soucis de cœur, de famille et d'argent. Il se trouve même chaperonné par Tony Stark / Iron Man. La popularité cinématographique de celui-ci étant alors telle qu'il en vient à faire de l'ombre au tisseur, autrefois tête d'affiche numéro une des Comics Marvel !

Incarné par le jeune Tom Holland, ce nouveau Peter Parker vit des péripéties assez spectaculaires dans son premier métrage mis en scène par Jon Watts. Il affronte un méchant intéressant, le Vautour, bien interprété par Michael Keaton. Mais la seconde de ses aventures, SPIDER-MAN : FAR FROM HOME, montre les limites de cette formule « Spidey Light ». Trop anecdotique, trop parasité par des scènes de comédie adolescente banales, desservi par un Mysterio translucide aux projets bizarroïdes, il nous a ennuyé, bien que le public soit de nouveau au rendez-vous.

Au printemps 2020 arrive le Covid 19 qui met à terre l'industrie cinématographique, ne lui laissant reprendre son souffle qu'à l'été 2021. S'ensuit des sorties de blockbusters très denses au second semestre 2021. Disney sort trois films Marvel sur cette période (BLACK WIDOW, SHANG-CHI ET LA LÉGENDE DES DIX ANNEAUX, LES ÉTERNELS), Warner sort un métrage DC Comics avec THE SUICIDE SQUAD, Sony propose VENOM, LET THERE BE CARNAGE et enfin SPIDER-MAN : NO WAY HOME. Soit six gros films de super-héros en six mois !

SPIDER-MAN : NO WAY HOME arrive sur les écrans avec la même troupe d'acteurs menée par Tom Holland que ses prédécesseurs, incluant entre autres Jon Favreau et Marisa Tomei. Jon Watts est toujours à la réalisation et la musique est signée de nouveau par Michael Giacchino.

Après la défaite de Mysterio, Spider-Man découvre que ce dernier a révélé son identité cachée de Peter Parker. L'information a été transmise au Daily Bugle et à son irascible rédacteur en chef J. Jonah Jameson, ennemi juré du tisseur. Cette célébrité soudaine et controversée cause bien des soucis à Peter Parker et ses proches. Peter se rend alors chez le Dr. Strange et lui demande un sortilège permettant de retrouver son anonymat. Le cérémonial tourne mal et l'étoffe de la réalité s'en trouve altérée...

Dans ses deux précédentes aventures, Spider-Man était un gamin sympathique, mais aussi inconséquent, voyant ses fréquentes bourdes rattrapées et réparées par des adultes comme Iron Man et son majordome Happy. Dans ce troisième métrage, Iron Man se trouve remplacé par le Dr. Strange, rencontré dans leurs aventures communes contre Thanos dans AVENGERS : INFINITY WAR et sa suite.

Création de Steve Ditko et Stan Lee comme Spider-Man, le docteur Stephen Strange est lui aussi new-yorkais. Mais il est par bien des aspects un anti-spidey. Il s'agit d'un adulte à la situation matérielle solide, au style de vie mystérieux et glamour bien éloigné des soucis quotidiens de Peter Parker. Si ce dernier est un matheux expert en sciences dures, Strange jouit d'un savoir sans limite dans l'occultisme et les magies. Au cinéma, il se trouve incarné par l'anglais Benedict Cumberbatch, qui prolonge son interprétation de génie excentrique des séries «SHERLOCK» de la BBC.

Les idée de voyages et de communications entre des dimensions parallèles renvoyant à divers aspects d'une même réalité apparaissent dans les films Marvel avec DOCTOR STRANGE en 2016. Elles reviennent en force avec AVENGERS : ENDGAME. En 2018, le dessin animé SPIDER-MAN : NEW GENERATION introduit avec brio au cinéma l'idée du Spiderverse, multivers faisant se croiser de nombreuses incarnations de Spider-Man venus de dimensions parallèles.

SPIDER-MAN : NO WAY HOME part également dans cette direction, au gré d'un sort du Docteur Strange qui tourne mal. La faute à l'indécision et à la superficialité de Peter Parker... Les films Spider-Man avec Tom Holland cherchent à éviter la redite des cinq précédents longs métrages Sony réalisés en leurs temps par Sam Raimi et Marc Webb. Le souci étant que ces films ont déjà mis en scène certains des plus remarquables ennemis de Peter Parker, tels le docteur Octopus ou le Bouffon Vert. Jon Watts se retrouve alors avec un choix de vilains limité.

L'astuce de SPIDER-MAN : NO WAY HOME consiste à prendre ces cinq films comme des aventures se déroulant dans des dimensions parallèles, qui s'immiscent ici dans la réalité du Peter Parker de Tom Holland. Nous retrouvons le Bouffon incarné par Willem Dafoe de SPIDER-MAN, ou l'Octopus interprété par Alfred Molina de SPIDER-MAN 2. Ainsi que de nombreux autres personnages encore !

Multiplier les méchants dans un long métrage n'est pas forcément une bonne idée comme l'ont démontré SPIDER-MAN 3 ou THE AMAZING SPIDER-MAN 2, affaiblis par des sous-intrigues trop nombreuses. SPIDER-MAN : NO WAY HOME réussit à rendre son déroulement simple, toujours fluide. Certes, quelques méchants se trouvent un peu dans l'ombre, mais le récit reste clair et net, ne s'égare pas dans des péripéties secondaires confuses. Il réunit une équipe d'acteurs époustouflante et tout le monde joue de concert, sans écraser le voisin. Le film peut alors dérouler son récit et le parcours de Peter Parker, tout en adressant moult clins d’œil au spectateur. En allant même jusqu'à proposer un dénouement sur la statue de la liberté, souvenir lointain du premier X-MEN.

Au-delà des surprises et clins d’œil, SPIDER-MAN : NO WAY HOME est le titre le plus sérieux et le plus dramatique de sa trilogie. Cette fois-ci, Peter Parker doit non seulement réparer ses faux pas, mais aussi en assumer les conséquences, des conséquences parfois irréparables dont il gardera la charge toute sa vie. Le temps de l'insouciance s'éloigne, il apprend à placer le bonheur de ceux qu'il aime avant sa satisfaction, à assumer seul ses choix sans compter sur les autres pour rattraper ses erreurs. Et tel un personnage dostoïevksien, il apprend aussi que le bien est une notion moins claire qu'il n'y paraît et que vouloir le faire envers et contre tout implique un prix conséquent à payer.

Alors oui, SPIDER-MAN : NO WAY HOME  dure tout de même pratiquement deux heures et demi, et le spectateur ressent cette durée, quand bien même le métrage ne souffre pas de temps mort. Certaines blagues à base de mal de dos de Peter Parker ou autres références entendues auraient pu passer à la trappe sans regret.

Pourtant, SPIDER-MAN : NO WAY HOME tient bien la route, sachant marier action fantastique vertigineuse, super-pouvoirs variés et jeu d'acteurs souvent de très bonne tenue. Il en ressort un film généreux et convaincant, un grand spectacle divertissant qui glisse, l'air de rien, vers plus de gravité. SPIDER-MAN : NO WAY HOME avance donc sur un chemin amer. Le Peter Parker version Jon Watts rejoint ainsi celui que Lee, Ditko et John Romita Sr ont immortalisé sur le papier.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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