Header Critique : ETOILE NOIRE, L' (DARK STAR)

Critique du film
L'ETOILE NOIRE 1974

DARK STAR 

Le Dark Star est un vaisseau spatial chargé d'explorer l'univers et de détruire les planètes géologiquement instables. Au bout de dix ans de mission, l'ambiance est au laisser-aller. Des pannes apparaissent et la mascotte de l'équipage, un extraterrestre rond comme un ballon, s'échappe de sa cabine...

John Carpenter grandit dans l'Amérique des années cinquante, biberonné par la science-fiction cinématographique d'alors. Ce détail est important car le futur metteur en scène appartient à la première génération de réalisateurs ayant pu se constituer une vraie culture de cinéma fantastique, entre les sorties d'alors et les reprises de classiques comme ceux d'Universal à la télévision. Le tout étant relayé au début des années soixante par des revues comme «Famous Monsters of Filmland», destinées à la jeunesse, qui formalisent cette nouvelle cinéphilie de l'imaginaire.

John Carpenter rentre ensuite à l'Université de Californie du Sud pour étudier le cinéma, cosignant notamment le scénario THE RESURRECTION OF BRONCO BILLY avec entre autres son complice Nick Castle. Ce court-métrage étudiant se trouve récompensé aux Oscars.

Carpenter se lance ensuite dans la réalisation de son propre métrage DARK STAR. Il tient ainsi le poste de metteur en scène, profession qu'il convoite. Dan O'Bannon coécrit le scénario avec lui et incarne un personnage dans le métrage. Tandis que Nick Castle s'avère cette fois crédité dans le rôle de l'extraterrestre ! Conçu dans des conditions de bricolage, DARK STAR est monté par Dan O'Bannon et sa musique est composée par John Carpenter.

Initialement, Il s'agit d'un moyen-métrage scolaire tourné en 16mm. Mais un producteur voit le produit fini et y trouve un potentiel commercial. Il demande que des séquences en plus soient tournées en 35mm et que certaines scènes d'origine, peu intéressantes à son goût, soient retirées. L'équipe de DARK STAR s'exécute, aboutissant ainsi un peu malgré elle au premier long-métrage signé John Carpenter !

Il s'agit donc d'une comédie de science-fiction, assemblée par quelques copains. Les moyens financiers sont ultra-réduits, les effets spéciaux relèvent du bricolage. La musique montre déjà le goût de Carpenter pour les synthétiseurs tonitruants. Dan O'Bannon deviendra ensuite célèbre pour avoir signé le premier traitement du scénario d'ALIEN, lequel empruntera des éléments à DARK STAR. Nous y retrouverons un équipage prolétaire et débraillé, ainsi qu'un extraterrestre en cavale dans les couloirs d'une nef spatiale.

Mais DARK STAR fait surtout penser à 2001, L'ODYSSÉE DE L'ESPACE de Stanley Kubrick, sorti en 1968. Nous retrouvons les sorties silencieuses dans l'espace, les ordinateurs bavards et philosophes, l'hibernation... Carpenter traite tout cela avec ironie. L'équipage est composé d'une bande de glandeurs hirsutes s'ennuyant profondément dans leur vaisseau. Leurs chambres ont des murs couverts de graffitis et de photos de Playmates. Le film impose donc un esprit irrévérencieux et rigolo.

Il se conclut sur le plan étonnant, resté le plus fameux du métrage, d'un astronaute surfant dans l'espace (vers sa mort), vision décalée évoquant le militaire cow-boy chevauchant une bombe atomique dans DOCTEUR FOLAMOUR, source d'inspiration reconnue par John Carpenter pour DARK STAR.

Si certaines scènes réussissent à être franchement drôles (la discussion philosophique avec l'ordinateur de la bombe qui menace d'exploser) ou bien stressantes (l'astronaute coincé dans la cage d'ascenseur), l'ensemble est tout de même décousu et inégal. Néanmoins, DARK STAR est la première réalisation de Carpenter, et il est normal de ne pas y trouver toutes les qualités de ses meilleurs films. Il indique déjà une inclination pour le genre du fantastique, qui restera dominant tout au long de sa carrière.

DARK STAR connaît une petite exploitation en salles, mais ne suffit pas à imposer John Carpenter comme metteur en scène. Il se rabat sur des travaux de scénariste, notamment en vendant le sujet qui deviendra LES YEUX DE LAURA MARS en 1978. Cela lui permet de réunir assez de moyens pour tourner son second long-métrage dans des conditions mieux maîtrisées, avec ASSAUT.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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