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Critique du film
BRAVESTORM 2017

 

2050 : extinction de la race humaine. Koji (Shunsuke Saito) et Haruka (Chihiro Yamamoto) sont parmi les seuls survivants. Ils utilisent une machine à remonter le temps pour éradiquer les Kyrgiz, l'envahisseur, avant qu'il n'emploie une machine diabolique ayant modifié l'atmosphère terrestre, devenue dès lors irrespirable. Ils repartent en 2015, avec en poche le plan du robot géant Black Baron qui a tout détruit. Ils retrouvent l'initiateur du plan , le roboticien Kenichiro Kurenai, (Hisashi Yoshisawa) afin qu'il construise un alter-ego nommé Red Baron, capable de contrecarrer les volontés de Kyrgiz. Problème : seul Ken (Shu Watanabe), frère de Kurenai et combattant à main nue un peu félé, possède les capacités de piloter le robot.

Bienvenue dans la grande soupe Tokukatsu au mélange. On trouve de tout, chez BRAVE STORM. Le concept à la TERMINATOR, les influences évidentes de ROBOT-JOX, PACIFIC RIM et TRANSFORMERS, mâtiné des multiples avatars pré-existants genre GOLDORAK et consorts. La combinaison volante de Koji émane directement d'IRON MAN. Et même, soyons fous, de HEATSEEKER! Saupoudrés d'emprunts aux différents Kaiju qui parsèment nos écrans depuis 1954, avec notamment ses combats de rues avec force destruction de Tokyo à la clé. GODZILLA et GAMERA ne sont pas très loin, il faut juste substituer les grosses bestioles adorées par deux robots géants et le tour est joué. Mise en scène via des ralentis bienvenus amplifiant la force de l'impact, contre-plongées vertigineuses, gros plans à ras du bitume montrant le progression par les pieds des géants… tout en reprenant quelques idées au GODZILLA de Roland Emmerich. En cherchant bien, on pourra facilement trouver d'autres idées repiquées à la volée. Il s'agit en outre du 1e film de Junya Okabe, en outre scénariste et producteur, spécialisé auparavant dans les effets spéciaux visuels. Le directeur photo n'est autre que Yuki Noguchi, venant de boucler en même temps le DESTRUCTION LOS ANGELES de Tibor Takacs.

Partant vaguement de l'idée de base de la série SUPPA ROBO REDDO BARON de 1973, le scénario va mener gentiment sa barque vers le combat-climax final, tout en distribuant bons et mauvais points à ses personnages. Il s'avère d'une facilité éhontée, en lâchant des Deus Ex Machina d'une naïveté déconcertante. Mélangeant à bras le corps les paradoxes temporels, la réconciliation familiale et le désormais classique problème environnemental, thème récurrent au Japon depuis GODZILLA VS HEDORAH ou encore NOSTRADAMUS FIN DU MONDE AN 2000. La base Kyrgiz qui monitore le robot se trouve à des milliers de kilomètres et pas le temps de s'y rendre? Pas de problème. La jeune héroïne Haruka (forcément minijupée) possède des pouvoirs psychiques qui la téléporte d'une endroit à un autre. Ah oui: elle sait aussi manier le sabre. Son frère se revêt aussi une super armure qui permet des cabrés vertigineux permettant de rebondir d'immeubles en épaules du fameux Black Baron. Et, bien sûr, la très pratique machine à remonter le temps. Pas de véritable surprise : on se trouve en plein spectacle destiné à un jeune public, qu'il faut accrocher en un minimum de temps. Et si possible avec une action non stop. Des personnages dessinés à l'arrache qui se baladent dans une intrigue mélangeant les combats illégaux à mains nues contre des cyborgs jusqu'aux destructions massives de la Terre. Et, comme d'habitude, la petite leçon de morale finale. Pas contre la pollution, mais contre le choix des terriens de s'immerger dans la guerre et les destructions , genre « c'est mon choix ».

Pour donner corps à cette aventure, il faut avoir recours aux effets spéciaux visuels. Donc BRAVE STORM en contient un sacré paquet. En fait, on sent l'écran vert qui palpite derrière la grosse majorité des plans. On se trouve en présence d'un budget limité où quasiment tout a été misé sur les effets. Le reste est assez cheap, avec très peu de décors naturels - et les décors numériques cachent mal leur médiocre exécution. Maintenant, les effets spéciaux visuels demeurent d'une qualité parfois superbe: les deux robots, aux allures remarquables, rivalisant avec les rejetons de Michael Bay. Également des maquillages latex de monstres bien réussis, originaux, tout comme les effets mécaniques des cyborgs - dont un se battant la tête désolidarisée du cou. On reste plus dubitatif sur le look improbable du Kyrgiz en chef!

Mais il faudra aussi supporter l'aléatoire, voire le carrément médiocre pour les scènes de destruction qui sentent le pixel à plein nez. Très curieux de voir de tels niveaux de différence, témoignant du travail de plusieurs studios en parallèle (dont plusieurs thaï, chinois et japonais) dont la différence qualitative se fait méchamment sentir. Les plans d'envol de jour des robots demeurent superbes… alors que le premier envol de nuit fait peur aux yeux, et la vision de Tokyo en 2050 se révèle totalement risible. Le moment quasi-final des héros regardant le futur orangé de l'aube qui se lève (oui, on a aussi droit à ce cliché) reste affreux dans son exécution finale, qui sent l'écran vert mal géré à plein nez. Je dis quasi car, surprise : le film n'est pas fini. Pas vraiment de spoiler ici, mais on va repartir pour un deuxième épisode, avec retour vers le futur et autre robot géant  bien méchant. « To Be Continued » indique le générique final, comme pour GANTZ, glissant quelques images du 2e épisode tout en présentant de nouveaux personnages. Nous voilà prévenus.

Il faudra un niveau d'exigence assez médian pour profiter et apprécier un minimum BRAVE STORM. Avec beaucoup d'indulgence, on peut se laisser entrainer par une aventure fun, tournée à l'énergie, aux trous béants d'un scénario peau-de-banane satisfaisant aux exigences d'un marché bien précis. De très jolis combats satisferont aussi les attentes des amateurs de Kaiju et de Tokukatsu (dont je fais partie). Mais avoir conscience qu'il n'existe pratiquement aucune chance de le voir arriver en France. On ne voit en effet pas très bien, hormis la niche des fans hardcore du genre, à qui peut s'adresser le film pour son exploitation française. Quoiqu'il en soit, le film sortira pendant cet été 2017 au Japon.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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