Header Critique : TRULY MADLY DEEPLY

Critique du film et du DVD Zone 2
TRULY MADLY DEEPLY 1991

 

La vie après la mort... de l'autre. La vie après la disparition de l'être cher. Voici le thème du premier film écrit et réalisé par Anthony Minghella. Avec TRULY MADLY DEEPLY, il posait les jalons d'une carrière débutant sous les meilleurs auspices, consacrée cinq ans plus tard avec le phénoménal succès du PATIENT ANGLAIS, pour lequel il remporta pas moins de neuf Oscars. Les deux films se distinguent par deux qualités essentielles : la dignité et la sensibilité. Pourtant, il faut reconnaître que se lancer dans la réalisation en prenant le deuil pour fil conducteur était un pari risqué, pour ne pas dire fou. Le public cherche à s'évader, à rêver, Anthony Minghella le ramène à la dure réalité : on va tous crever un jour et ceux qui resteront souffriront de l'absence de leurs chers disparus. Pour que leur souvenir ne meure jamais complètement, mais que le deuil ne soit pas un interminable chemin de croix...

Nina, l'héroïne de TRULY MADLY DEEPLY ne s'est pas remise de la disparition de Jamie (Alan Rickman), son mari, qu'elle aimait par-dessus tout. Elle traverse sa propre vie, hébétée, privée de la force qui lui permettait d'avancer. Elle continue de travailler et de faire bonne figure, gardant sa détresse pour elle, se réfugiant dans sa solitude pour ne pas alerter ses proches sur le renoncement qui la gagne à mesure qu'elle réalise que rien ne sera plus jamais pareil. Même si Jamie est toujours là, la rassurant lorsqu'elle a peur, lui conseillant de fermer sa porte ou de bien se brosser les dents, il n'en reste pas moins que sa présence n'est que spirituelle. Sa douleur apparaît si immense qu'on pense qu'elle a sombré dans une dépression profonde, gagnée par la schizophrénie et qu'elle ne fait qu'imaginer la présence de l'homme qu'elle aimait. Jusqu'au jour où il revient vraiment d'entre les morts. Il est là, physiquement, elle le serre dans ses bras, embrasse ses lèvres froides. Tout peut recommencer comme avant. Il suffit juste de n'en parler à personne, car nul n'est censé revenir.

En plus de choisir un thème difficile, Anthony Minghella n'a pas hésité à s'entourer d'acteurs au physique ordinaire, très proches de ceux qu'on croise tous les jours. Pas de super star pour le rôle principal, puisque Juliet Stevenson n'a jamais tenu que de petits rôles ou des rôles secondaires dans des films produits pour la télévision. On notera au passage la qualité exceptionnelle de son interprétation, même si le film n'a pas permis de faire vraiment décoller sa carrière ensuite. La vie de Nina n'a rien d'exceptionnel non plus, bien au contraire. Elle travaille dans un bureau, vit dans un appartement où tout tombe en ruines, symbole de ce qu'est en train de devenir sa vie et reflet de son état d'esprit. Cette maison, qui va être investie par des fantômes cinéphiles est comme une représentation du monde de Nina après le deuil qui l'a frappée si subitement. Les tableaux sont accrochés de travers, des rats se promènent partout, les canalisations sont défectueuses... Les hommes qui gravitent autour d'elle cherchent bien à résoudre tous ces problèmes qu'une femme ne peut assumer seule. Certains essaient même de la séduire. Même sa soeur, enceinte jusqu'aux dents, n'arrive pas à lui faire entendre qu'un brin de ménage ne ferait pas de mal. Mais Nina s'en fout. Elle veut qu'on la laisse tranquille avec ses souvenirs et surtout qu'on ne voit pas sa détresse.

Jamie revient, certes, pour soulager la peine de Nina, mais on s'apercevra que là n'est pas sa seule motivation. Le scénario délivre un message à tous ceux qui ne parviennent pas à faire leur deuil, après une disparition. Le propos devient de plus en plus clair, au fur et à mesure que se déroule le film : il faut tourner la page et tout recommencer. Il faut s'accorder de nouveaux plaisirs, malgré cette douloureuse impression que tout est perdu. Vivre.

Le réalisateur n'a pas souhaité faire un film larmoyant ni trop démonstratif. Il a choisi d'y intégrer très délicatement quelques petites doses d'humour, assez discrètes pour ne pas détourner l'attention et perdre le spectateur entre plusieurs genres. L'élément fantastique est de la même façon très bien intégré au quotidien de Nina. Son mari revient et lui fait des farces, mais obligé de vivre en reclus jusqu'au retour de sa femme, il s'ennuie et commence à tourner en rond. Lui vient alors l'idée d'inviter des copains morts. Ils s'installent devant le magnétoscope et visionnent des chefs-d'oeuvre en n'oubliant pas de faire référence à tel ou tel acteur, de donner leur avis sur le film, et en votant pour savoir lequel ils vont pouvoir regarder ensuite. Leur vie, de l'autre côté, est identique à celle que nous connaissons. Les morts vivent comme les vivants. Ils se chamaillent, tuent le temps, s'intéressent à l'art, se rappellent des souvenirs. Nina, qui pleurait la disparition de son mari, commence à le trouver trop présent. Jamie quant à lui continue à s'imposer, à la gêner et la faire culpabiliser. Etant mort, il prétend avoir toujours froid, et augmente le chauffage jusqu'à rendre l'atmosphère irrespirable à Nina. On pourra se demander pourquoi la mort l'a rendu si capricieux et surtout pourquoi est-il réellement revenu. La fin du film nous le suggèrera encore une fois très discrètement, laissant le spectateur à ses propres réflexions, le laissant se tourner vers l'être cher, un sourire triste aux lèvres et penser aux gens qu'il aime, en se disant qu'il faut qu'il le leur dise avant que...

Chaque détail a son importance et permet de mieux appréhender la fin. L'intelligence du scénario est d'avoir su faire des scènes de la vie ordinaire un canevas sur lequel est tissé le dénouement de cette très belle histoire. TRULY MADLY DEEPLY est un film magnifique, à ranger dans sa DVDthèque tout près de SUR LA ROUTE DE MADISON et pas loin de THE LOVERS, de Tsui Hark. Le titre ne ment pas sur le contenu : on l'apprécie vraiment, follement, profondément.

Le transfert est plutôt réussi compte tenu du fait qu'il a été réalisé en 16mm puis gonflé en 35mm. Ainsi, certaines séquences pourront paraître assez granuleuses ce qui s'en ressentira un peu sur la compression. Par contre, on s'étonnera du choix du format. Plutôt que d'opter pour le format 1.66, l'éditeur nous propose une image plein cadre. A l'origine, le film a été mixé en stéréo surround. Le sujet ni même le style du film ne se prêtent à une débauche d'effets. Ainsi, seuls les passages musicaux bénéficient réellement de l'ampleur donnée par les enceintes arrière. La version française est quant à elle en mono.

Pour le disque européen de TRULY MADLY DEEPLY, seule la bande-annonce a survécu à la traversée de l'Atlantique. Le disque américain comportait, en plus, un commentaire audio et une interview du réalisateur. Etant donné que MGM sous-titre assez rarement en français les bonus, surtout en ce qui concerne le fond de catalogue, il y a fort à parier que cela ne gênera qu'une poignée de spectateurs dont nous faisons partie. Pour en revenir à la bande-annonce, vous ne serez pas étonné d'apprendre que justement, elle ne comporte pas de sous-titrage... du tout !

Rédacteur : Nadia Derradji
Cofondatrice du site DeVilDead en l’an 2000, Nadia Derradji s’est, depuis, orientée vers d’autres projets personnels et professionnels.
56 ans
84 critiques Film & Vidéo
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La dignité, l'intelligence et la délicatesse du scénario
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L'édition vidéo
TRULY MADLY DEEPLY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h42
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
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  • Supplements
    • Bande-annonce
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