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Critique du film
ASSASSIN'S CREED 2016

 

Condamné à mort par injection, Callum Lynch est en réalité ré-orienté vers un centre d'expérimentation top-secret. Là, il découvre l'Animus, une machine capable de stimuler la mémoire génétique d'un individu au point de le replonger virtuellement dans la peau de l'un de ses ancêtres. Callum se voit donc transporté à la fin du XVème siècle dans la peau d'Aguilar, avec pour objectif de mettre la main sur la Pomme d'Eden. Convoitée par la puissante confrérie des Templiers, cette relique serait capable de briser définitivement le cycle de violence qui gangrène l'humanité.

Voilà des années que la société Ubisoft remporte un large succès avec des sagas vidéo-ludiques comme Rayman, Prince of Persia, Splinter Cell, Rainbow Six, Far Cry, Assassin's Creed ou plus récemment Watch Dogs et The Division. Parfaitement consciente du potentiel de ses licences, la firme française multiplie parfois de manière déraisonnable les suites, allant même jusqu'à annualiser ses franchises les plus lucratives. Dans la plupart des cas, la narration est telle que le lien avec l'univers cinématographique semble couler de source. Les frères Guillemot tentent tout d'abord l'expérience en négociant les droits de leurs franchises. C'est ainsi qu'ils commettent l'irréparable avec Uwe Boll, qui accouchera du tétanisant FAR CRY en 2008. Deux ans plus tard, ce sont Disney et Jerry Bruckheimer qui livreront sur grand écran leur propre vision de PRINCE OF PERSIA  : LES SABLES DU TEMPS. Malgré les qualités du film, les frères Guillemot ne s'estiment pas satisfaits et fondent Ubisoft Motion Pictures en 2011. L'idée est alors de donner forme à certains films, sans pour autant céder les licences à des sociétés extérieures. Cette structure permet de garder un contrôle créatif et d'éviter de nouvelles erreurs. En 2013, la sympathique série consacrée aux Lapins Crétins semble donner raison aux dirigeants de Ubisoft. Rapidement, d'alléchants projets sont annoncés avec notamment SPLINTER CELL pour 2017, puis GHOST RECON, THE DIVISION et WATCH DOGS. Mais le premier de cette salve est sans surprise le ASSASSIN'S CREED qui nous intéresse dans cette chronique. Il faut dire qu'avec neuf volets à son actif, davantage encore de Spin-off, de livres, de bandes-dessinées, de mangas et de courts-métrages, cette saga initiée il y a moins de dix ans a su trouver son public !

Le film connaît cependant un faux départ en 2011, alors que les accords entre Ubisoft Motion Pictures et Sony Pictures n'aboutissent pas. D'autres partenaires sont envisagés mais c'est finalement Regency Enterprises qui s'imposera en tant que société co-productrice. L'acteur Michael Fassbender, attaché au projet depuis le début, s'investira via sa société DMC Film en plus d'incarner l'assassin star du film. Devant la caméra le rejoindront Marion Cotillard et Jeremy Irons, ainsi que Brendan Gleeson et Charlotte Rampling dans des rôles plus secondaires. Le cinéaste australien Justin Kurzel apportera un supplément de prestige à l'ensemble, pour un casting global qui a fière allure !

ASSASSIN'S CREED est donc porteur d'un certain nombre d'attentes qui, disons le tout net, seront rapidement et sauvagement mises à mal. Dès l'introduction, la photographie terne du métrage tranche avec la superbe des environnements proposés dans les jeux vidéos. Les décors semblent terriblement factices et les longues (et récurrentes) secondes de survol ne font qu'amplifier le triste constat. Les séquences s'enchaînent et le malaise s'installe  : Pourquoi tout est si laid  ? Si lent ? Va t-on bientôt en finir avec ces dialogues débités mollement ? Et ces postures tristement statiques ? Et bien non. Non seulement la médiocrité perdurera presque deux heures durant, mais elle connaîtra même quelques fulgurances dignes des plus beaux navets ! Dialogues idiots, séquences sans queue ni tête et personnages secondaires dénués de charisme sont les piliers de cet ASSASSINS'S CREED dont on n'imaginait pas qu'il puisse à ce point être dans l'erreur. Les allers-retours dans le temps s'enchaînent sans enjeux, favorisant curieusement la période contemporaine là où la saga vidéo-ludique brillait justement par son immersion dans le passé. Même les séquences de «Parkour» se trouvent totalement déstructurées par un montage «cut» alternant passé et présent ! L'action en devient décousue, pour ne pas dire désagréable. Mais plus dérangeante encore s'avère être la bande originale qui, en plus d'être insipide, commet l'erreur de s'inviter en toutes occasions. Elle grésille lors des dialogues et massacre les séquences d'«action», pollue les instants graves et sape les tentatives émotionnelles. Cette triste partition n'est cependant qu'un détail parmi d'autres, qui finit de couler un navire parti seul, à la dérive.

ASSASSIN'S CREED est d'autant plus décevant qu'il succède cette année à WARCRAFT  : LE COMMENCEMENT. Le film de Duncan Jones ne partait pas forcément d'un bon pied, avec son visuel artificiel et son concept limité, mais offrait finalement une intrigue solide ainsi qu'une mise en scène soignée. L'exact opposé du métrage proposé par Ubisoft en somme... ASSASSIN'S CREED peut également et logiquement être mis en perspective avec PRINCE OF PERSIA : LES SABLES DU TEMPS. Alors que les frères Guillemot s'étaient déclarés déçus par le film de Jerry Bruckheimer, il semble aujourd'hui évident que leur vision n'avait rien de lucide ou prometteuse. Jamais leur piètre rejeton n'offre l'élan épique et le dépaysement attendus. Pire, cette quête d'une pomme / boule de pétanque supposée éradiquer le Mal peut aisément concourir au rang d'absurdité cinématographique de l'année  ! Dans ces conditions, on imagine difficilement une suite, pourtant déjà annoncée. Gageons toutefois que l'équipe se ressaisira, ou renoncera dans un salvateur élan de lucidité...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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