Dans un futur très proche, la France s'est appauvrie et le nombre de chômeurs n'a cessé d'augmenter. Un nouveau sport a fait son apparition. Retransmis à la télévision et sur écrans géants, la population mondiale peut assister à des combats où tous les coups sont permis et pratiqués par des hommes dopés en toute légalité. D'un côté, cela permet de canaliser l'opinion publique, de l'autre cela donne l'occasion à de puissants groupes pharmaceutiques de tester leurs nouvelles drogues ! Arès est un ancien combattant qui a connu la gloire avant de chuter. A présent, il vivote en participant à des combats de seconde zone ou en enfilant la carapace des forces de l'ordre pour mater les manifestations. On lui propose alors une nouvelle drogue qui lui permettrait de remonter sur la plus haute marche du podium. Dans le même temps, sa soeur est arrêtée. Arès est alors obligé de s'occuper de ses deux nièces et va devoir trouver l'argent nécessaire pour sortir leur mère de prison.
Jusqu'ici, Jean-Patrick Benes s'était surtout illustré sur un versant comique, participant, entre autres, à l'écriture de QUATRE GARCONS PLEINS D'AVENIR et VILAINE en passant par la série télévisée KABOUL KITCHEN. Avec son comparse Allan Mauduit, il avait aussi déjà confectionné des courts-métrages pleinement ancrés dans le Fantastique et coécrit LES DENTS DE LA NUIT. Le cinéaste français ne cherche pas la facilité avec ARES qu'il a lui-même écrit, une nouvelle fois, avec Allan Mauduit. Le film est une histoire d'anticipation qui se déroule dans un futur proche et s'imprègne d'une ambiance sombre. Pas de quoi convaincre des producteurs de miser sur un projet très atypique dans le paysage cinématographique français. Pourtant la frilosité des maisons de production d'aujourd'hui est certainement due à une certaine amnésie. Si l'on remonte aux années 50 et 60, le cinéma français, au même titre que l'italien, était assez prolifique en films de cape et d'épée et d'aventure. Tout cela a quasiment disparu au profit d'oeuvres plus modestes que modestes. Malgré le fait que les infrastructures et même les boîtes d'effets spéciaux existent en France, rares sont ceux qui tentent de marcher sur les plates-bandes du cinéma anglo-saxon. ARES fait ce pari tout en conservant une identité française !
Les survols nocturnes de Paris et les écrans géants sur d'immenses immeubles ne laissent planer aucun doute, ARES lorgne du côté de BLADE RUNNER. Cela pourrait être handicapant mais cela donne toute de suite un cachet futuriste grâce à des effets numériques réussis. ARES démarre donc sur de bonnes bases lors de sa mise en place. Malheureusement, le film souffre de plusieurs soucis. Parmi ceux-ci, et non des moindres, on peut constater le manque d'ampleur. Si l'architecture parisienne du futur fait son effet, tout comme les images soignées, on a surtout l'impression d'être face à des décors un peu vides. La population appauvrie se retrouve en partie dans les rues mais cela ne se voit pas réellement à l'écran. Le futur de ARES devrait être dangereux mais l'on ne ressent pas de réelle tension dans l'environnement présenté. Il y a bien une altercation dans une rue et une scène où l'on va mater la populace mais on ne voit, au final, que les personnages principaux déambulant dans une ville assez peu peuplée. A l'évidence, les moyens manquent pour nous offrir une foule de sans-abri grouillant dans les rues et les immeubles comme dans SOLEIL VERT. Le film de Richard Fleischer vient ainsi à l'esprit puisque ARES, dans son propos, renvoie aussi au cinéma d'anticipation très pessimiste des années 70. De même que ROLLERBALL qui mettait déjà en avant le sport comme exutoire violent pour la plèbe alors que les gouvernements cédaient la place à groupe industriel ou financier. A ce titre, plus près de nous, ARES évoque aussi ROBOCOP. Les influences fusent dans ARES mais elles ont le mérite de ne pas être prégnantes. Mais ARES est-il vraiment de la science-fiction ? Ou une anticipation si difficile à croire ? Car si l'on pense bien à un cinéma antérieur, les thèmes abordés dans le film sont d'une actualité pas si improbable, comme la chute financière de la Grèce qui pourrait très bien annoncer celle de la France dont la population s'appauvrit petit à petit , ou les scandales liés à de grandes entreprises pharmaceutiques qui se sont multipliés ces dernières années. Si Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit puisent dans leurs cinéphilies respectives, c'est pour mieux parler d'un avenir peu radieux tout en se faisant l'écho des problèmes d'aujourd'hui !
Le football est assurément le sport numéro 1 en France mais d'un point de vue mondial, cela n'aurait probablement pas eu de sens ! Sachant que les films d'arts-martiaux sont plutôt porteurs au cinéma et en vidéo depuis pas mal d'années, on ne sera pas surpris que les auteurs d'ARES s'orientent vers les combats d'Ultimate Fighting Championship et autres MMA qui fascinent déjà pas mal de spectateurs à travers le monde. Dans le film, les combats se font à huis-clos dans des cages de verre avec comme seul véritable public les téléspectateurs du monde entier. Cela ne donne pas un aspect très fortuné à ces affrontements mais cela retranscrit, d'une certaine manière, l'aspect très dématérialisé des loisirs où les écrans supplantent le réel, et ce jusqu'à l'absurdité ! Il suffit d'aller dans une salle de concert en 2016 pour se rendre compte que de nombreuses personnes vivent l'événement au travers de leur téléphone portable ! Le véritable public n'aura peut-être plus lieu d'être dans l'avenir ? Difficile à dire mais cette idée d'un public invisible est aussi présente dans le film au travers d'un personnage de transsexuel qui filme son quotidien pour les abonnés de sa chaîne internet. En soit, cela se fait déjà quelque peu aujourd'hui et ARES ne fait donc que s'inspirer de la réalité en forçant le trait par endroits. Ce transsexuel, le film n'en fait pas un pervers. Dans les années 80, Jean-Paul Belmondo lui aurait botté les fesses en lâchant un bon mot ! Dans ARES, il apparaît comme un personnage profondément humain qui a trouvé une manière comme une autre de subvenir à ses besoins. Les vrais pervers, ce sont bel et bien ceux qui anonymement reluquent son quotidien, dans ce qu'il a de pire ou de meilleur.
Le film de Jean-Patrick Benes est ainsi bourré de bonnes idées et de bonnes intentions. Mais ARES ne fonctionne pas réellement. Le manque d'ampleur déjà évoqué est rattrapé en cours de route par une intrigue au final trop simpliste et des comédiens pas toujours justes. Au moins, le placement produit peu glorieux se fait ici relativement en douceur alors que le même sponsor empiétait de manière éhontée sur le déjà pas fameux LA CONFRERIE DES LARMES. Modestement, ARES fait ainsi plus figure de Série B imparfaite ! Ce qui dans le paysage cinématographique français n'est déjà pas si mal !