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Critique du film
LOU! JOURNAL INFIME 2014

 

Alors que Lou est secrètement amoureuse du garçon qui vit de l'autre côté de la rue, un nouveau voisin de pallier risque de changer aussi le destin sentimental de sa maman…

Avant de se lancer dans la bande dessinée, Julien Neel travaille pour la publicité, dessine des cartes postales, participe à des jeux vidéo et fait de l'animation Flash sur internet. Ce sont ses activités sur le web qui vont le mener à participer au magazine Tchô!. C'est dans ce cadre que l'auteur va créer de manière un peu fortuite ce qui deviendra Lou!. Le magazine impose un format court et il livre donc un premier gag sans savoir que cette planche vient de poser la première pierre de la série à venir. En 2004, il rassemble ce qui a été publié dans Tchô! avec du nouveau contenu et publie Lou! Journal infime. Ce premier album rencontre un véritable succès et obtient même le Prix Jeunesse 9/12 ans au Festival International de la BD d'Angoulème. Depuis, Julien Neel a fait évoluer son personnage au travers de cinq autres albums mais aussi dans une série télévisée d'une cinquantaine d'épisodes !

Après les librairies et la télévision, Julien Neel s'attaque donc au cinéma avec LOU! JOURNAL INFIME. Si le titre laisse supposer qu'il s'agit d'une adaptation du premier tome de la bande dessinée, cela n'est pas totalement le cas. En effet, Julien Neel, devenu scénariste et réalisateur de son propre film, va piocher dans les autres albums et modifie quelques-uns des déroulements de l'album original. Ainsi, le film nous présente des personnages totalement absents à l'origine de Lou! Journal infime. A l'évidence, Julien Neel était conscient qu'une adaptation littérale n'aurait pas fonctionné dans le cadre d'un long-métrage. Toutefois, la vision de LOU! JOURNAL INFIME conserve tout de même l'impression de suivre de petites tranches de vie dont la plupart des jalons sont les planches de la bande dessinée. Cela fonctionnait à merveille dans la version illustrée mais cela ne s'avère pas toujours probant sur un écran de cinéma. Le déroulement de LOU! JOURNAL INFIME n'est pas d'une grande fluidité, quelques passages sont curieusement étirés ce qui dilue au final leur efficacité ou leur pertinence. La séquence de «Laser Game» en est un parfait exemple en proposant un long intermède musical dont seul la finalité a un véritable intérêt. A l'issue de cette scène, on pourra aussi noter ce qui s'apparente à une maladresse caricaturale. Si d'une manière simpliste et émouvante, une image nous permet de comprendre la dureté de l'une des adolescentes, cela devient gênant pour celle qui est en rébellion contre ses parents…

De petits défauts, LOU! JOURNAL INFIME en contient pas mal mais il est bon de rappeler qu'il s'agit d'un premier long-métrage. Et, pour le coup, le résultat final est très surprenant car si le film est imparfait, il n'en demeure pas moins qu'il capte assez bien le charme de la bande dessinée originale. Visuellement en premier lieu, il retranscrit à l'écran un univers coloré réussi et on retrouve même, en arrière plan, quelques bizarreries comme un passant avec un poulet. Les comédiens assurent aussi une transition naturelle et parfaite avec la version illustrée. Enfin, et c'est surtout l'important, le film expose sur le ton de la comédie des observations touchantes sur l'adolescence et d'une manière plus générale sur les adultes. Difficile dès lors de ne pas être séduit par ce LOU! JOURNAL INFIME qui nous offre une vision pleine de poésie, d'humour et de tendresse de la vie de Lou et de sa maman.

Si de prime abord, LOU! JOURNAL INFIME n'a aucun rapport avec le cinéma fantastique, le film s'y rattache de manière inattendue. L'occupation professionnelle de la mère de Lou est d'inventer des histoires. Elle retranscrit alors ses fantasmes et son quotidien dans un univers de space-opéra où son double est une femme magnifique et sûre d'elle. Cela n'est pas sans rappeler des films comme LE MAGNIFIQUE de Philippe de Broca ou encore DR. WAI de Ching Siu Tung. La transition visuelle se fait beaucoup plus marquée que dans la version illustrée. Et pour cause puisque si LOU! JOURNAL INFIME met en scène de véritables comédiens, ces passages de science-fiction prennent la forme de petits dessins animés qui viennent, une fois de plus, renforcer la singularité de cette comédie familiale au sens propre comme au figuré.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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