Alors que des martiens lancent un ultimatum aux terriens, un gamin trouve, par hasard, une ancienne statuette de pierre enfouie dans une grotte. Contre toute attente, cette relique du passé risque bien de sauver l'humanité !
Au début des années 70, les séries télévisées japonaises mettant en scène des héros masqués remportent un franc succès auprès du jeune public partout en Asie. C'est ainsi que des producteurs décident donc de surfer sur cette vague en mettant en chantier leurs propres films à destination des cinémas. Si certains produisent des films originaux comme la Shaw Brothers avec SUPER INFRAMAN, d'autres prennent le parti d'acheter les droits de super héros existants tout en recyclant les effets spéciaux des séries ou des films japonais où ils apparaissent. En Thaïlande, on verra ainsi apparaître des films mettant en scène des héros issus des séries télévisées de Tsuburaya Productions, une société fondée par le grand spécialiste des effets spéciaux japonais, Eiji Tsuburaya, ayant beaucoup œuvré pour la Toho et particulièrement sur les GODZILLA. Sompote Sands avec sa société Chaiyo Productions entrent donc en contact avec l'entreprise japonaise en vue de créer des films issus de ULTRAMAN et JUMBORG ACE, deux séries qui font la joie des petits téléspectateurs thaïlandais au début des années 70. C'est ainsi que vont naître HANUMAN VS. 7 ULTRAMAN ainsi que ce qui deviendra, plus tard, LES HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE. Mais pas tout à fait… Car si le film mettant en scène le robot Jumborg Ace et une divinité thaïlandaise est fait conjointement avec les Japonais de Tsuburaya Productions, LES HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE est une version en provenance de Taiwan assemblée deux ans plus tard. Le film est donc remonté et les acteurs thaïlandais disparaissent au profit de comédiens taiwanais qui tournent de nouvelles scènes pour lier les séquences d'effets spéciaux entre elles… La pratique n'est pas isolée, plusieurs films produit à Taiwan recycleront de la même façon des pans entiers de séries télévisées comme KAMEN RIDER...
Pour son tout premier film, Sompote Sands se montre ambitieux. En 1973, il met en scène une étrange histoire du folklore thaïlandais tout en s'inspirant des films de monstres géants japonais. Le cinéaste s'inspire du même type d'effets spéciaux que ceux utilisés par les techniciens japonais avec des hommes dans des costumes évoluant au milieu de maquettes. Dans TAH TIEN, on trouvait une statue de pierre qui prenait une taille démesurée pour combattre. Un an plus tard, la statue fait son retour et rencontre cette fois le robot de la série japonais JUMBORG ACE. Evidemment, le réalisateur taiwanais, Hung Min Chen, conserve la majeure partie des effets spéciaux du film original et il se doit de conserver ce colosse de pierre dont les origines thaïlandaises sont clairement évidentes ! Par contre, le lien avec la série télévisée JUMBORG ACE se montre un petit peu plus confus. Si l'on retrouve bien l'avion qui se transforme en héros géant, le héros qui le pilote n'apparaît pas vraiment à l'écran. En fait, il devient ici une machine envoyée par les Américains pour combattre la menace extraterrestre qui vient de Mars ! Mais LES HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE n'efface pas le ton original des séries télévisées à destination d'un jeune public. Les vilains sont outranciers dans un style naïf et très enfantin. La raison pour laquelle les deux héros vont commencer à se taper dessus en est le meilleur exemple ! Le vilain de service apparaît dans le dos de l'un des héros, lui joue un tour avant de disparaître puis fait de même à son futur équipier. Cette scène en particulier fait réellement penser aux spectacles de marionnettes où les enfants crient «Derrière toi, guignol !». Le colosse de pierre utilise même un bâton comme le fameux guignol. Les affrontements n'ont donc rien de bien violents et se situent quelque part entre le spectacle pour les touts petits et un match de catch. C'est ce qui fait la force et la faiblesse des HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE. L'intrigue est linéaire et les rebondissements un peu stupides. Mais pour peu que l'on accueille le film à bras ouverts, cela s'avère au final un spectacle régressif plutôt amusant et absurde où des créatures géantes se tapent dessus et se lancent des rayons de la mort. Où les vilains cassent des immeubles comme des gamins ou hurlent «Je veux détruire ! Détruire ! Détruire !» Autant dire que les «cinéphiles» sérieux feront mieux de s'abstenir !
Pour sortir LES HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE, Bach Films s'associe avec le CPPFFJ, c'est à dire le «Collectif de la Préservation du Patrimoine Francophone du Fantastique Japonais». On trouve d'ailleurs l'un de ses membres dans l'un des suppléments puisqu'il fait partie des programmateurs du festival canadien FantAsia. Celui-ci nous fait une petite présentation du film. Le résultat s'avère néanmoins un poil confus et donne l'impression d'avoir été enregistré à la va-vite sans préparation préalable. Dommage ! Dans le même ordre d'idée, la présentation du film par Luigi Cozzi n'apporte rien de bien intéressant, le cinéaste italien n'ayant pas grand chose de pertinent à dire sur ce film. De son côté, Christophe Lemaire se souvient de sa première vision des HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE au Brady et nous présente quelques reliques : son cahier où il note les films qu'il a vu, le numéro des Saisons Cinématographiques… En réalité, le seul véritable supplément fait de manière sérieuse est une présentation du film par Wafa Ghermani. En effet, elle a une vraie connaissance de son sujet (le cinéma taiwanais) et le transmet avec un discours structuré et pertinent. On sera déjà un peu plus perplexe lorsqu'elle analyse le film sous un prisme politique ce qui paraît un poil décalé pour un métrage à destination des gamins ! Toutefois, elle dit, en gros, «Ce serait bien de voir la version originale». Et, pour le coup, elle a raison ! Car le DVD ne propose que des doublages en français, anglais et italien. La plupart des spectateurs française regarderont donc le film dans une version française très second degré ! D'un point de vue technique, cette piste audio est mixée en mono sur deux canaux. Elle se montre d'ailleurs assez faiblarde et il faudra augmenter le son de façon significative pour suivre les dialogues !
Pas évoqué jusqu'ici, un autre supplément aborde le doublage anglais du film. Ce supplément n'est d'ailleurs pas sous-titrée. En tout cas, à l'évidence, la version anglaise a été enregistrée très récemment en accentuant l'aspect «autre» l'entreprise. Il faut croire que les aficionados de ce type de cinéma ne le prennent pas vraiment au sérieux. Soyons honnête, LES HOMMES D'UNE AUTRE PLANETE n'est pas un chef d'œuvre et il s'agit déjà d'une version remaniée du film original thaïlandais. A ce propos, on obtient finalement que bien peu d'informations concernant le vrai film original. Une édition complète aurait peut être pu nous proposer, en plus, le montage thaïlandais. Ceci étant dit, nous sommes face à un film plutôt rare et il ne faut peut être pas trop en demander. A ce titre, l'image n'est pas des plus pimpantes. Les contrastes sont mous, les couleurs passées et les défauts de pellicule sont assez nombreux. Le cadrage est même par endroit assez étrange. Mais il est bon de rappeler, une nouvelle fois, que nous sommes face à un film produit au milieu des années 70 et qui vient de Taiwan. Il est probable que pour voir mieux, il faudrait engager un budget important qui dépasserait largement les moyens d'une sortie française en DVD. Mais Bach Films essaie de faire au mieux et cela se ressent avec un digipack cartonné et coloré. Mais aussi avec l'ajout de trois affiches cartonnées qui sont insérées à l'intérieur de cette édition DVD qui soigne tout de même les détails et proposent pas mal de suppléments (à défauts d'être pour la plupart pertinents !). Enfin, le disque contient aussi deux bandes-annonces, celles de ANTHROPOPHAGOUS et de HORRIBLE, deux films sortis en DVD chez le même éditeur !
