Dernier fragment d'une planète, le Métal Hurlant est une météorite qui traverse l'espace et le temps. Son passage près de différentes planètes permet de découvrir d'étranges histoires…
Du milieu des années 70 jusqu'aux années 80, le magazine Métal Hurlant propose un melting-pot de bandes dessinées très diverses. Il y a ainsi un gouffre entre ce que propose Moebius et Frank Margerin. Dans le style graphique mais aussi le type des histoires illustrées en quelques pages et qui couvrait la science-fiction à la simple comédie. Cette diversité faisait la force de ce magazine atypique où l'on pouvait croiser les dessins de Caza, Ben Radis, Bilal ou encore Richard Corben. Le concept dépasse les frontières françaises pour s'exporter dans plusieurs pays dont les Etats-Unis avec l'édition de Heavy Metal. Au contraire de la version française, l'édition américaine perdure encore aujourd'hui. Il y aura même deux adaptations cinématographiques avec METAL HURLANT (HEAVY METAL) puis une vingtaine d'années plus tard HEAVY METAL 2000. En France, le magazine tentera de revenir au début des années 2000 mais ne disparaîtra assez vite faute de retrouver le succès d'antan. Mais Guillaume Lubrano décide de redonner vie à Métal Hurlant sous la forme d'une anthologie filmée pour la télévision. Un projet très ambitieux qui s'accorde assez mal avec les préjugés du système de production français. A force de passion et de ténacité, il arrive à convaincre ses interlocuteurs et mettre en boîte une première saison de METAL HURLANT CHRONICLES. Six premiers épisodes qui, à l'instar du magazine original, narrent des histoires assez différentes les unes des autres. Fort de cette première expérience, Guillaume Lubrano entreprend une deuxième saison, une nouvelle fois composée de six épisodes...
Evidemment, si la série s'intitule METAL HURLANT CHRONICLES, c'est pour adapter des histoires parues dans les pages du magazine. Toutefois, on n'y retrouvera pas des récits issus de la période glorieuse de Métal Hurlant même si l'on trouve tout de même ici une histoire d'Alejandro Jodorowsky. Toutes les histoires, jusqu'ici, proviennent des récents soubresauts du magazine datant des années 2000. Cela semble plutôt logique et certainement plus simple de façon à gérer les droits d'adaptation. Dans le même ordre d'idée, on pourra trouver étrange que le terme «Métal Hurlant» soit conservé en français dans la version originale anglaise du générique. Mais, une nouvelle fois, il s'agit très certainement d'un problème lié aux droits du nom «Heavy Metal», le magazine américain n'appartenant pas à l'éditeur du magazine français. Par contre, alors qu'il n'y a pas de lien entre les histoires dans les pages de Métal Hurlant, la série télévisée propose un fil rouge artificiel avec une météorite aux propriétés étranges qui traverse l'univers. Cela fait un peu penser à l'entité maléfique de METAL HURLANT, le film de 1981. Néanmoins, la météorite n'a ici clairement pas de conscience et ne fait en réalité que traverser furtivement les épisodes. Autant dire que cela s'avère un peu anecdotique et on peut supposer que l'auteur voulait proposer une idée à même de relier chacune des histoires entre elles.
La seconde saison présente donc six nouveaux épisodes. Et comme souvent dans une anthologie, l'intérêt se montre des plus variables. La plupart des épisodes souffrent d'un même souci, l'impression que les auteurs jouent la montre de façon à boucler la durée réglementaire. Des épisodes comme «L'endomorphe», «Whisky» ou encore «Le dernier Khondor» proposent ainsi des tunnels de dialogues. Les personnages perdent de leur naturel et prennent des allures beaucoup trop théâtrales. En réalité, les histoires sont, dans leur ensemble, bien trop faibles pour être adaptées sur une trentaine de minutes. Ce qui fonctionnait parfaitement en quelques pages illustrées s'étirent ici un peu longuement ! Il s'agit très nettement de la méchante faiblesse de METAL HURLANT CHRONICLES. Car cette série ne manque pas de qualité. Malgré des moyens à l'évidence faible, la série se permet des combats spatiaux, des décors futuristes ainsi que l'apparition de créatures extraterrestres réussies. De même, comme pour la première saison, la série embarque des comédiens connus comme John Rhys Davies, Michael Biehn, Frédérique Bel, James Marsters, Michael Jai White, Scott Adkins ou bien Dominique Pinon. Ces trois derniers figuraient d'ailleurs déjà dans la première saison. On a même droit à une petite apparition de Jean-Pierre Dionnet, l'un des fondateurs du magazine original.
Enfin, parmi les six épisodes de cette seconde fournée de METAL HURLANT CHRONICLES, il y a deux histoires vraiment sympathiques et qui tirent vers le haut l'ensemble de cette saison. «Seconde chance» ne vole pas haut mais nous présente un univers de science-fiction foisonnant et dont l'intrigue propose plusieurs rebondissements. Mais le meilleur épisode est assurément «Retour à la réalité». Cette histoire de réalité imbriquée remplit parfaitement la durée de l'épisode pour déboucher sur une chute étonnante et subtile, le tout baignant dans un humour noir plutôt bien vu. Etant donné qu'il s'agit du sixième et dernier épisode, METAL HURLANT CHRONICLES se termine de manière positive donnant envie de voir ce que pourrait donner une troisième saison encore plus ambitieuse.
Pour sa sortie en vidéo, la seconde saison de METAL HURLANT CHRONICLES est proposée en Blu-ray et DVD. Pour la haute définition, les six épisodes sont ainsi répartis sur deux disques. Mais les deux disques sont étrangement remplis de façon non uniforme. Les quatre premiers épisodes sont sur le premier disque tout comme l'intégralité des suppléments. Le deuxième Blu-ray n'accueille, quant à lui, que deux épisodes. L'image est présentée en 1080i ce qui paraît normal puisqu'il s'agit d'un produit télévisuel tourné en vidéo. L'image en haute définition est d'ailleurs très jolie. Par contre, le son est assez étrange ! Chacun des épisodes est présenté en DTS HD Master Audio 5.1 que ce soit pour la version anglaise sous-titrée ou bien celle en français. Mais force est de constater que si techniquement il s'agit bien de DTS HD Master Audio 5.1, cela sonne comme de la simple stéréo sur la version anglaise. Peut être parce que les enceintes arrières ainsi que la centrale sont muettes ! Tout du moins sur cinq des six épisodes, «Retour à la Réalité» ayant droit à un mixage 5.1 réel. Ce problème sur les pistes sonores ne touche pas la version française ! Autre petit grief, les sous-titrages français contiennent quelques coquilles. Enfin, assez curieusement, dans l'épisode «Retour à la réalité», il y a une petite seconde durant laquelle l'image est totalement noire au moment où Dominique Pinon défonce une porte. Difficile de savoir si c'est un choix du réalisateur…
En complément, on trouve cinq petits making-of aux durées variables, un pour chacun des épisodes. Cinq car l'un des épisodes, «Le second fils», n'y a pas le droit. Certaines de ces vidéos proposent une interview du réalisateur et créateur de la série. Alors que d'autres sont un simple assemblage d'images de tournage. La durée de chacune de ces vidéos est assez courte pour rester sympathique. Pour terminer, les six épisodes peuvent être vus de manière très différente sous la forme de leur bande dessinée d'origine. Ou plutôt dans une version animée des dessins originaux. Trois petites minutes qui laissent entrevoir des styles graphiques très différents en fonction des histoires mais aussi les différences entre les histoires illustrées et leur adaptation dans la série.
