Header Critique : FEMME DANGEREUSE, UNE (TOO HOT TO HANDLE)

Critique du film et du DVD Zone 2
UNE FEMME DANGEREUSE 1976

TOO HOT TO HANDLE 

Samantha Fox (Cheri Caffaro) est une redoutable tueuse à gages. Une mystérieuse femme l'engage pour exécuter trois personnes à Manille. Pendant sa mission, l'inspecteur De la Torres (Aharon Ipalé) reste persuadé qu'il s'agit de meurtres plutôt que d'accidents, et il ne tarde pas à la repérer.

Tourné en 1976 et sorti par New World Pictures en 1977 sous le titre TOO HOT TO HANDLE (connu aussi par la suite comme FINAL HIT). Produit typique d'exploitation pour drive-in, lorsque le marché touchait gentiment à sa fin, il repose entièrement sur les épaules de son interprète principale, Cheri Caffaro. Pas étrangère au monde du cinéma, cette dernière embrayait sur la quatrième oeuvre réalisée par Don Schain, après GINGER et THE ABDUCTORS - normal, quelque part, vus qu'ils étaient mariés à l'époque. Il s'agit d'ailleurs de sa dernière interprétation, car elle se tourna plus vers l'écriture, avec le redoutable H.O.T.S, pour s'arrêter quelques années après. Dons Schain est toujours aussi actif aujourd'hui, bien qu'il ait raccroché son métier de réalisateur après UNE FEMME DANGEREUSE. Il passe au stade de producteur avec... H.O.T.S, puis des choses comme le CHAINS OF GOLD avec John Travolta (!) jusqu'à... HIGH SCHOOL MUSICAL! Le grand écart : du softcore d'action à Disney, pour atterrir également comme directeur de production sur le FROZEN d'Adam Green. Respect.

Ce petit tour d'horizon -ne serait pas complet sans mentionner Aharon Ipalé. Un acteur infatigable, encore à l'oeuvre aujourd'hui dans de petits rôles et qui a traversé aussi bien des productions comme LA MOMIE de Stephen Sommers -ainsi que sa séquelle-, via AMERICAN NINJA V, LE FILS DE LA PANTHERE ROSE et la série ALIAS. Des destinées comme on les aime.

Il y a deux moyens d'appréhender un métrage d'exploitation 70's comme UNE FEMME DANGEREUSE. La distance de l'objet propre à son temps ou une approche à froid, sans mise en perspective. Le film ne résiste pas à la seconde. Car le film est singulièrement mal torché malgré ses efforts notables. Le souhait de faire passer le métrage pour une série B aux velléités james-bondesques branché torture sexuelle reste au doux stade de désir inassouvi. Le film apparait techniquement très pauvre, si l'on excepte des tentatives de split-screen, judicieusement choisis - les 4 écrans indiquant les fuites en voiture de chacun, par exemple. Le plan de fusillade dans le stade sort également du lot, offrant une multitude points de vue via une assez jolie photographie nocturne. Très platement filmé, ça n'arrange pas les affaires de la narration. Mais il faudra également subir les jeux d'acteurs passablement catastrophiques de l'ensemble du casting. Cheri Caffaro a des longues jambes, se déshabille très souvent mais franchement, elle joue comme une tarte! Son compagnon de chambrée et adversaire sur le terrain Aharon Ipalé est l'ultime héros 70's : chemises improbables, moquette de salon sur la poitrine, chaines brillantes, permanente Wella sur la crâne (c'est pas une perruque, c'est un brushing), blagounette au coin des lèvres. Il assure comme un bête au lit et tente de kicker grave. Là aussi, Schain échoue à le faire prendre au sérieux. Car même si le spectateur sait à quel produit il a à faire, on demande un minimum de crédibilité. Ici : manqué. Ce qui peut marcher pour des films comme TNT JACKSON, WHITE MAMA BLACK MAMA ou du CLEOPATRA JONES, échoue quelque peu ici. Le moment où le couple se fait attaquer totalement gratuitement par quelques losers philippins vaut le détour. Enfin... au 15e degré.

Justement, vu au 15e degré, le film passe comme une lettre à la poste. Ayant acquis le principe d'un film réalisé pour un budget mineur, au scénario opportuniste et d'acteurs à la ramasse, le bonheur celluloïdal peut commencer, car ça ne manque pas de charme. Se délecter du fait que Cheri Caffaro se prend pour Pam Grier, jusqu'à lui repiquer ses caprices de diva et changer de tenue à chaque plan - garde-robe qu'elle élabora elle-même par ailleurs. Qu'elle se bat comme poissonnière de Rungis : Voir son combat homérique sur son bateau. Elle est bien sûr experte en arts martiaux, comme la totalité de héros/héroïnes des 70's. Sauf qu'ici, le combat se déroule pratiquement au ralenti, pas crédible un instant sur ses capacités physiques. Son adversaire est dix fois plus agile et fort qu'elle, sauf qu'il se prend une méga branlée : la magie du cinéma! Entre les combats approximatifs et la gratuité inhérente au produit qui se doit de provoquer des rebondissements - pourquoi l'accident de voiture et la disparition d'un second rôle à priori inoffensif? -, UNE FEMME DANGEREUSE suit son bonhomme de chemin, faisant fi de tout réalisme et jouant la carte de l'exotisme facile. Le tournage à bas cout à Manille, comme tant d'autres métrages du même tonneau de Ciro Santiago ou l'écurie Corman, profite au film et lui donne un lustre inespéré, entre quelques explosions spectaculaires. Tout comme la musique de l'excellent Hugo Montenegro - qui sortait de collaborations avec Otto Preminger avec QUE VIENNE A NUIT, LES GEANTS DE L'OUEST D'Andrew V. McLaglen ou LA FEMME EN CIMENT avec Frank Sinatra, qui apporte un accent plus pro que le produit n'est vraiment. A noter que la chanson du film a été également écrite pas son fils.

Le meilleur atout du film reste bien évidemment Cheri Caffaro. Un potentiel érotique hautement utilisé, servant de liant aux peu de scènes d'action. Elle aime la violence et visiblement, cela lui provoque des orgasmes insoupçonnés, Notamment la scène de combat de coqs, au montage alternant le combat avec les encouragements de Cheri. Le fait qu'en anglais on parle de "cockfights" (jeu de mot compris) ne doit pas être étranger à ce que ressent la brave Cheri-Cheri-Lady. Ce qui la rattacherait presque (presque, hein) au personnage d'Ilsa dans son rapport entre torture, sexe et violence. Sauf qu'ici, la violence a été particulièrement adoucie. Tout en gardant un parfum d'érotisme titillatoire via une personnalité borderline. Entre une partie de jambes en l'air SM qui vire à l'asphyxie, ou le pelotage lesbien qui tourne à la torture... ah, oui, l'inévitable lesbienne. On y vient, car tout bon film d'exploitation crash 70's se doit de contenir une lesbienne. Si possible quarantenaire - donc pas objet de désir pour le spectateur mâle moyen pour qui est fait le film-, bien vicieuse et l'engeance du mal. Un cliché abondant avec des personnages comme ceux de Shelley Winters dans CLEOPATRA JONES, ou Stella Stevens dans CLEOPATRA JONES ET LA CASINO D'OR et ici, l'ancienne gloire française hollywoodienne Corinne Calvet qui échoue dans le rôle de chef de traite des blanches. Et qui sera punie comme il se doit, via son procédé électrique permettant de renverser le cours du vieillissement de la peau. Caffaro illumine l'écran de sa présence habillée (ou pas) et malgré un rythme chaotique, parvient à maintenir l'intérêt malgré ses capacités de jeu très limitées; mais bon, il est clair que ça n'est pas ce qu'on lui demande en premier, mais plutôt de virer ses fringues vite fait.

Si l'ensemble dégage une indéniable sympathie, il ne se hausse pas vraiment à un niveau suffisant de nawak pour lui faire accéder au statut de film culte. Une certaine absurdité propre au genre de films d'exploitation frissonne, mais sans rentrer dans le top. La fin spectaculaire laisse présager qu'une suite était dans les cartons, afin de surfer sur la trilogie GINGER, mais elle a du rester bien au chaud faute de succès suffisant!

L'éditeur Le Chat qui Fume revient sur la scène du marché DVD avec une collection nommée "Action Girls" et donc UNE FEMME DANGEREUSE arrive en tête de pont, la jaquette nous indiquant une version "uncut", d'une durée complète de 85mn47. Ce qui n'est pas sans faire songer à la série "Lethal Ladies" sorties chez Shout! Factory il y a quelques temps... Pour la première fois en DVD en France, nous avons droit à un minimum syndical. Une copie au format 1.77:1 et 16/9e ainsi que deux pistes sonores : la version originale anglaise (et ses sous-titres amovibles) ainsi que le doublage français. Une chose étrange : à aucun moment on ne voit le logo du Chat qui fume apparaitre sur le DVD un fois celui-ci enfourné. L'accès par chapitre est également par ailleurs inexistant!

Dès le lancement du film et l'apparition du logo New World Pictures, la peur surgit. Des griffures et autres saletés parsèment l'écran et on se dit que le télécinéma a du se faire depuis une copie 35mm bien usée. Cela s'arrange rapidement, même si le film possède toujours les brûlures de pellicules typiques indiquant le changement de bobine. Les couleurs sont cependant relativement stables, même si les scènes de nuit manquent parfois de contraste - et qu'il est difficile de déceler les détails dans les niveaux de noir.

Un peu de souffle dans chacune des pistes sonores présentes, mais la VO (avec des sous-titres français optionnels) permet d'obtenir le plus de précision dans les voix. la VF est enregistrée un ton plus bas, il faut tendre l'oreille pour les dialogues ou alors se résoudre à monter le son par rapport à la VO. Et les plages de dialogues trahissent un souffle plus important. Et des dialogues assez croquignolets : à la 34e minute, De La Torres demande à Samantha de lui suivre dans le jardin " tout le monde va la bas, se faire des papouilles "... alors que la VO - avec son épouvantable accent anglais, Aharon Ipalé ahane tout à fait autre chose! Y compris pour la scène de torture de Madame Ruanda(51e minute) où les cris étouffés paraissent bien plus expressifs en terme de terreur ressentie que le timide doublage français.

Côté bonus, on ne retrouvera hélas pas le commentaire audio de Cheri Caffaro sur le dvd de chez Shout! Factory. il faudra se contenter de bandes annonces de l'éditeur.

En clair : si vous attendez un film d'exploitation trash, cheap avec un peu d'action et une nana qui s'excite avec la violence, perd ses frusques pour un oui ou pour le policier velu d'ailleurs, UNE FEMME DANGEREUSE est pour vous!

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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Un film d'exploitation 70's inédit en DVD
Cheri Caffaro a du chien et torture bien
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L'édition vidéo
TOO HOT TO HANDLE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Le Chat Qui Fume
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Bandes annonces
      • Attaque A Mains Nues
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