En route pour Los Angeles, un couple débarque en pleine nuit dans un motel perdu au milieu de nulle part. En proie à ses démons intérieurs et à une insomnie tenace, Paul (Josh Stewart) va rapidement se rendre compte que son passé lui revient à la figure comme un boomerang via des évènements inattendus et des personnages incongrus qui semblent trainer autour du motel.
Tout bien considéré, le début du film s'avère agréable. Un démarquage sans vergogne du MOTEL de Nimrod Antal. Et plus on s'avance dans un récit néo-noir, à mi-chemin entre le drame psychologique et le polar désertique, plus on glisse lentement vers le fantastique. Le schéma de REST STOP ou de REEKER fait irruption mais finalement, WAKE se révèle surtout une bondieuserie un peu méprisable.
Le réalisateur/scénariste se nomme Chad Feehan. Un presque illustre inconnu, ayant pondu entre autres l'histoire de PARANORMAL ACTIVITY 4. Rien de bien glorieux. ET ce n'est pas WAKE qui va relever l'intérêt. Le film tente bien de trouver un rythme et une identité bien à lui. Numéro d'équilibriste très délicat tant les influences et références sont nombreuses. Maintenant, tenter une ambiance à la John Dahl au milieu d'une intrigue fantastico-psychologique, pourquoi pas ? La volonté de guider le spectateur de manière sûre, lente mais précise se dessine. Cela s'appuie sur une magnifique photographie éthérée, noctambule et ténébreuse de Jason Blount. Un atout maître dans le premier tiers du film, car le spectateur se trouve perdu dans une histoire nébuleuse – adoubée par une ambiance des plus mystérieuse, aux éclairages savamment orchestrés. Des apparitions fantomatiques, des décors déserts, un bar quasi abandonné, un comportement étrange du propriétaire du motel, louchant vers le Norman Bates de PSYCHOSE. Le scénario tortueux mixe passé et présent, proposant de manière alternée des scènes dont on ne sait pas si elles proviennent du futur. La psychologie se met petit à petit en place, à la manière d'un puzzle élégant. Et on se prend à penser qu'on tient peut-être une petite perle de série B un peu plus réussie que la moyenne.
Sauf que… patatras. Arrive le personnage d'Afemo Omilanmi et on comprend rapidement que les personnages vont se prendre une leçon de morale biblique en pleine gueule. Eh oui, le personnage principal (Josh Stewart, héros de THE COLLECTOR et sa suite) a commis une faute, un péché véniel non avoué à sa petite amie Adrienne (Jamie-Lynn Sigler – DARK RIDE). C'est mal. Très mal. Et on se récupère une énième variation de l'antichambre de l'enfer (ou du paradis) à base de fautes, de péchés en tous genres et de gagner son ticket pour se retrouver flanqués de deux ailes dans le dos. Ou pas.
Le peu d'alchimie existant entre les personnages vole en éclat au moment où le récit se met en tête de tout expliquer. Et les deux tiers restants du film entrent dans un festival d'enfonçage de portes ouvertes. Du type : mentir, c'est mal ou le viol, c'est mal aussi. On le savait déjà ! Toute une série de petits clignotants moraux qui s'éteignent ou s'allument pour faire avancer une histoire qui s'enfonce dans le ridicule. Et on ne parle même pas du fait d'emprunter une structure similaire à, justement, REEKER, DEAD END ou REST STOP. Il ne s'agit même pas d'un spoiler tant le twist s'évente rapidement, pour tenter d'en faire place à une nouveau, puis encore un autre... Effet «Twist again à Moscou» assuré que cela en devient agaçant de toujours vouloir en rajouter un couche à la dernière minute.
On retiendra l'interprétation d'Angela Featherstone, dans un rôle particulièrement ambigu, riche en facettes d'un même personnage. En proie à une multitude de désirs, de frustrations, elle donne littéralement tout d'elle-même à l'écran. Un rôle demandeur et qui transparait à l'écran car elle éclipse tout le monde. Dommage que sa finalité n'est portée à l'écran que d'un point de vue moral, validé par la fin de l'histoire. Une variation sur le thème de la culpabilité et la rédemption qui au mieux, évoque le Richard Fleischer des années 50, au pire une vision moralisatrice des méfaits d'une sexualité débridée, d'un couple frustré, d'une Eve en perpétuelle chasse à la pomme et d'un film aux relents pauvres en imagination.
Le DVD français sorti par M6 Vidéo, d'une durée complète de 96mn57, s'avère correct. Sur le disque, on trouve le film au format 1.78:1 avec un transfert 16/9ème et chapitré en 14 segments : un minimum aujourd'hui. Un visuel sympathique, sans aspérité notable, procure une sensation agréable quant aux efforts notables effectués sur la photographie. Les teintes en clair obscur ressortent bien et les scènes de nuit donnent un contraste adéquat.
Pour le son, une version française 5.1 a été réalisée pour l'occasion. Néanmoins, on passera sur ce doublage pénible. De manière assez incompréhensible, seul une piste audio 2.0 anglaise Surround est accessible alors qu'un mixage 5.1 est disponible sur l'édition américaine. On se demande parfois quelle logique motive les éditeurs. Heureusement, des sous-titres français amovibles complètent le tout.
Question bonus, il ne faut pas espérer grand-chose. Ce qui était sur l'édition américaine du film a disparu. Reste l'unique film annonce original.
Conclusion : hormis le fait de s'ennuyer profondément un soir et de le trouver à vil prix ou le prendre au vol en diffusion sur une chaine bas de gamme du câble/satellite, vous pouvez passer votre chemin. Ce qui rend d'autant plus étrange le fait que WAKE ait pu connaître une distribution américaine, certe limitée, dans les salles via SPC aux Etats-Unis et sous le titre BENEATH THE DARK (à ne pas confondre avec une autre panouille, BENEATH THE DARKNESS avec Dennis Quaid).