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Critique du film
GRAVITY 2013

 

Lors d'une opération de maintenance sur le télescope Hubble, les astronautes sont confrontés à un incident spatial inattendu. A tel point que Ryan Stone et Matt Kowalsky se retrouvent seul, à la dérive dans leur scaphandre dans une situation totalement désespérée !

La plupart des aventures spatiales au cinéma sont plutôt farfelues. Pour autant, il existe aussi des métrages qui tentent d'approcher leur sujet avec sérieux. Et cela ne date pas d'hier puisque dès 1929, Fritz Lang tournait LA FEMME SUR LA LUNE, un métrage qui utilisait les connaissances scientifiques de l'époque pour narrer un voyage dans l'espace. Evidemment, le savoir spatial a largement évolué depuis, rendant caduque pas mal de films. C'est le cas par exemple de DESTINATION LUNE, considéré à l'époque comme un métrage très sérieux, à ce moment là, d'un point de vue scientifique. Impossible de ne pas citer 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE ainsi que sa suite 2010, L'ANNEE DU PREMIER CONTACT qui proposaient des aventures spatiales crédibles ! Mais GRAVITY est plus largement ancrée dans notre réalité contemporaine et ne cherche pas à extrapoler sur l'avenir. En cela, il se rapproche bien plus de films comme COUNTDOWN ou encore LES NAUFRAGES DE L'ESPACE qui dépeignait des missions spatiales fictives se déroulant à leur propre époque. Le film de John Sturges allait même jusqu'à devancer de quelques années l'incident d'une véritable mission spatiale, Apollo 13. A ces titres, on peut encore ajouter CAP SUR LES ETOILES et même SPACE COWBOYS de et avec Clint Eastwood ! Tous ces films ont, en plus de s'inscrire dans la lignée de la conquête spatiale, la particularité d'exposer des situations catastrophiques ou extrêmes. GRAVITY suit ce même chemin puisqu'il est, au final, un pur film catastrophe se déroulant en orbite de la Terre !

Dès les premières images sur un écran géant de cinéma, GRAVITY en met plein les yeux avec un long plan séquence où la caméra évolue librement dans l'espace, passant d'un astronaute à l'autre avec un incroyable naturel. Impossible de discerner les effets spéciaux, à croire que Alfonso Cuarón est réellement monter la haut pour filmer GRAVITY. Le cinéaste mexicain réussit en quelques secondes à nous placer au cœur de l'action, à nous intégrer aux événements à venir. Et il faut bien reconnaître que cela fonctionne à merveille. Lorsque le désastre survient, on s'accroche littéralement à son siège, on ressent douloureusement les chocs subit par les astronautes… Il est d'ailleurs intéressant de souligner que pour nous impliquer, Alfonso Cuarón ne se sent pas obligés de secouer sa caméra comme dans la plupart des films d'aujourd'hui. Au contraire, la mise en scène est fluide et les cadrages aussi sobres que soignés. Une vraie mise en scène qui se montre à tout moment d'une grande justesse en alternant des images d'ensemble où l'homme est minuscule au milieu de l'univers à des gros plans sur les visages et même des passages en vue subjectives.

Deux astronautes perdus dans l'espace, cela n'inspire pas forcément confiance. Le point de départ donne l'impression que l'on va se taper une version spatiale de OPEN WATER où deux plongeurs se retrouvaient seul en pleine mer. Bien entendu, certains dialogues et passages y font un peu penser. Mais le film de Alfonso Cuarón est dans son ensemble extrêmement spectaculaire avec son décor spatial mais aussi et surtout avec des rebondissements hors norme. Sorte de mélange entre OPEN WATER et ARMAGEDDON, avec l'intelligence et la maestria en plus. Car quand Michael Bay fait péter une station spatiale, cela s'avère plus rigolo qu'autre chose. Rien à voir avec les impressionnantes séquences de destruction de GRAVITY et sa mise en scène immersive. Peu importe que les catastrophes s'accumulent sans cesse, GRAVITY conserve son suspense de bout en bout, tenant en haleine jusqu'à la fin ! Le seul défaut du métrage, c'est justement de s'apercevoir, à l'arrivée, que contrairement au film précédent de Alfonso Cuarón, l'excellent LES FILS DE L'HOMME, l'ambition de GRAVITY est surtout d'être une expérience sensorielle qui nous permet de suivre une aventure humaine dans une situation catastrophique. Car les désastres s'accumulent mais en dehors de la tension et d'un fantastique voyage, GRAVITY se montre assez faible d'un point de vue thématique. Bizarrement, l'ombre de 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE pointe le bout de son nez lors de deux passages étranges. Le premier nous montre un personnage en apesanteur qui, à l'abri d'une capsule, se met en position fœtale. Alors que par la suite, le film nous montre «l'Homme» s'extirpant d'un univers marin pour faire maladroitement ses premiers pas sur la Terre ferme. Deux images qui renvoient au film de Stanley Kubrick qui évoquait le fait qu'en voyageant hors des frontières de notre planète, l'humanité passe un nouveau cap de son évolution. Dans GRAVITY, cela s'avère tout de même sous-jacent, le métrage restant avant tout un film catastrophe axé essentiellement sur deux personnages. George Clooney avait déjà revêtu un scaphandre dans SOLARIS et le comédien se montre ici égal à lui-même. Du coup, on sera surtout surpris par la prestation de Sandra Bullock, bien éloignée des SPEED, MISS DETECTIVE et autres LES FLINGUEUSES. Surtout que la comédienne est bien plus mise en avant que son alter ego masculin au milieu des étourdissantes images de GRAVITY !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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