Header Critique : VANISHING WAVES (AURORA)

Critique du film
VANISHING WAVES 2012

AURORA 

Membre d'une équipe scientifique travaillant sur la possibilité de transmettre des informations d'un cerveau à un autre, Lukas est un informaticien qui est aussi volontaire pour tester lui-même le concept. Equipé de nombreuses électrodes sur la tête et placé dans un caisson d'isolation sensorielle, il est mis en relation avec une personne plongée dans un coma profond. Il va alors vivre une étrange aventure en découvrant l'inconnu...

AURORA, ou plutôt VANISHING WAVES dans quasiment tous les pays, est un film produit par la Lituanie, la France et la Belgique. Une coproduction européenne qui s'est fait remarquer dans pas mal de festivals qu'ils soient dédiés au Cinéma Fantastique ou pas. En effet, VANSHING WAVES est bardé d'un très grand nombre de nominations et récompenses et cela ne surprend pas tellement puisque le film est clairement taillé pour ce type d'événement. Plus clairement, le film ne s'adressera pas au plus grand nombre car nous sommes face à un film «d'auteur» qui utilise la science-fiction comme prétexte à son discours. De prime abord, le film se montre intrigant dans sa première partie où l'on nous explique l'expérience et sa mise en œuvre. L'approche rigoureuse et scientifique fait ainsi un peu penser à d'autres métrages détaillant des expériences hors normes comme AU DELA DU REEL de Ken Russel ou L'EXPERIENCE INTERDITE de Joel Schumacher. Comme dans ces deux films, VANISHING WAVES explore, en quelque sorte, l'être humaine même si la finalité est bien différente. Mais le métrage se rapproche aussi de THE CELL où une psychologue entre dans l'esprit d'un tueur en série plongé dans le coma ! Evidemment, VANISHING WAVES ne se place pas sur le créneau du thriller et son univers se montre beaucoup plus épuré visuellement que celui de Tarsem Singh.

La première partie de VANISHING WAVES s'avère plutôt réussie en nous proposant une facette inédite d'un scientifique qui transgresse les règles pour aller au bout de son expérience. Si le Baron Frankenstein a l'ambition d'égaler Dieu, le personnage principal de VANISHING WAVES est confronté à un dilemme qui l'empêche, au départ, de mettre un terme à son exploration scientifique alors qu'il passe les limites imposées. Et pour cause, il se retrouve confronté à une relation adultère. Ainsi, lorsqu'il entre en relation avec l'esprit du patient comateux, c'est pour découvrir un univers épuré, son subconscient. Là, plutôt que d'user de la parole, leur moyen de communication va être des plus primitifs, débouchant sur un enlacement des corps et des relations sexuelles. Virtuellement, ce scientifique trompe donc sa compagne mais aussi ses collègues n'osant pas révéler la nature de ce qu'il perçoit. L'idée est plutôt intéressante et assez ironique mais VANISHING WAVES va alors entrer, à partir de là, dans un trip redondant et qui tourne rapidement à vide. Par cette expérience virtuelle, Lukas réapprend à vivre et à ressentir des émotions fortes alors qu'on le voie, au début, refuser les avances de sa compagne pour rester sur son écran d'ordinateur à analyser des lignes de code informatique. Lukas ou la personne dans le coma ont ainsi l'envie de ressentir mais aussi redécouvrir leurs corps. Le sujet n'a rien de bien neuf, Shinya Tsukamoto traitait déjà ces thèmes, ne serait-ce que dans son extraordinaire TOKYO FIST. Le cinéaste japonais avait aussi exploré le subconscient, par la suite, avec un étrange NIGHTMARE DETECTIVE où un homme est à même de s'insinuer dans les rêves des autres. Mais VANISHING WAVES n'a jamais la puissance du cinéma de Shinya Tsukamoto. Au contraire, à force de ralentir le film, d'instaurer de longues plages sans dialogue où les corps tentent d'exprimer les idées, VANISHING WAVES finit par s'étirer en longueur et se montre extrêmement froid. Il apparaît même étrangement vulgaire pour pas grand chose comme lors d'un repas qui pourrait s'apparenter à LA GRANDE BOUFFE sans la truculence de Marco Ferreri qui exposait des thèmes assez proches de ceux de VANISHING WAVES. Mais, en réalité, le film s'intéresse essentiellement aux relations amoureuses qui finissent par déboucher sur des couples qui perdent la flamme et le désir, n'avançant plus nécessairement dans le même sens au fil du temps. La longue séquence finale où les deux amants narrent leurs vies par de courtes phrases remémorant un instant clef de leurs parcours respectifs l'expose assez clairement. De même qu'une séquence d'orgie, à la signification plus nébuleuse, semble abonder aussi dans ce sens. Une scène assez explicite où des corps s'entremêlent jusqu'à se fondre les uns aux autres, rappelant ainsi le SOCIETY de Brian Yuzna. Mais la parenté est anecdotique, VANISHING WAVES s'étire ainsi durant deux longues heures avec un sujet qui ne s'y prêtait pas réellement. Ou en tout cas, pas en prolongeant très longuement des scènes de corps nus roulant sur le parquet d'un appartement vide et immaculé ou bien en filmant une poursuite nocturne des deux comédiens principaux sans aucun vêtement sur un temps non négligeable !

VANISHING WAVES est ainsi un métrage exigeant. Demandant beaucoup aux spectateurs ! Pas spécialement de réfléchir mais plutôt de rester en contemplation devant des images parfois jolies, parfois franchement scabreuses, le tout face à un spectacle assez froid. Surprenant dans le sens où l'amour et le désir sont des notions propres à nous enflammer. A l'instar de son titre et de son sujet, VANISHING WAVES commence bien et puis s'étiole au fur et à mesure au point que l'on n'a qu'une envie, le quitter. Du coup, à moins d'être en pamoison devant un cinéma d'auteur qui se fait plaisir tout seul, il est bien difficile d'adhérer à VANISHING WAVES.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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