Durant un week-end, un groupe d'amis se retrouve après plusieurs années dans une maison isolée en montagne. Des retrouvailles qui ne seront pas faites que de bons moments. Après quelques tensions et une dispute, un événement étrange se produit. Les appareils électriques s'arrêtent de fonctionner. Une panne généralisée qui cache des faits plus étranges car il semblerait que les habitants de la région ont disparu mystérieusement durant la nuit…
Ouvrier dans une usine en Espagne, David Monteagudo se met à écrire à l'aube de la quarantaine. Sa femme le pousse alors à présenter ses travaux à un éditeur. Les premiers contacts n'ont rien de concluant mais, grâce à une rencontre fortuite, un éditeur décide de publier les livres de l'auteur. Plutôt que sortir ses premiers essais littéraires, l'éditeur choisit de commercialiser l'œuvre la plus récente de l'écrivain amateur, Fin. Le livre rencontre un bel accueil en Espagne et est même traduit dans plusieurs langues. Forcément, l'éditeur signe assez vite avec l'auteur pour la publication de ses autres romans, la plupart flirtant avec le fantastique comme, par exemple, une histoire de loup-garou se déroulant dans un petit village. Les chiffres de vente de Fin ne laissent pas indifférent et les droits d'adaptation pour le cinéma trouvent rapidement acquéreur. Pour transposer l'histoire à l'écran, la production fait travailler deux scénaristes. Sergio G. Sanchez avait déjà écrit auparavant L'ORPHELINAT et, plus récemment, THE IMPOSSIBLE. La présence de Jorge Guerricaechevarría surprend un peu plus puisqu'il est le co-scénariste de quasiment tous les films de Alex de la Iglesia. Evidemment, THE END ne partage pas du tout le même univers puisqu'il est largement plus posé et sobre dans son traitement. Mais, juste avant THE END, Jorge Guerricaechevarría a rédigé l'adaptation cinématographique d'un autre livre dont le film a connu une distribution internationale, CELLULE 211. Enfin, la production engage Jorge Torregrossa pour réaliser le film. Ce sera son tout premier long-métrage mais le cinéaste œuvre déjà sur des séries télévisées depuis une dizaine d'années en Espagne.
THE END présente l'apocalypse sous un angle détonnant. Pas de bruit et de fureur, dans THE END, l'humanité disparaît purement et simplement, en silence. Et ceux qui ont réussi à échapper à la «disparition» finissent par décéder de manière plus ou moins violente ou bien à se dissoudre dans l'air, comme les autres avant eux. Plus étrange que spectaculaire, THE END est un peu l'antithèse du film catastrophe ou du métrage post-apocalyptique. Cela s'avère toutefois plutôt logique puisque THE END utilise le « Fantastique » pour tracer le portrait de notre société. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les auteurs ont une approche assez sombre et nihiliste malgré les décors ensoleillés du film. La réunion d'un groupe d'amis qui ne se sont pas vus depuis plusieurs années n'a rien d'un choix fortuit. Cela permet de créer des tensions, d'exposer les regrets et les remords des uns et des autres. Mais pour diverses raisons, le déroulement de la vie sépare les gens, les personnes finissent par ne devenir que de lointain souvenir… et même ne plus exister. La scène du métro, qui ouvre le film, le résume assez bien cette idée est dérivée d'un principe philosophique que THE END reprend et détourne pour l'appliquer aux relations sociales entre les êtres. Certaines idées sont d'ailleurs particulièrement bien vues comme le fait qu'une personne vienne plus à vous manquer lorsqu'elle n'est plus là alors qu'elle était mal considérée auparavant. THE END multiplie les allégories de ce type comme le fait de tuer le souvenir d'une relation amoureuse de manière à pouvoir en commencer une autre. Sur le fond, THE END est donc plutôt malin mais risque, dans le même temps, de laisser une partie des spectateurs sur le carreau. En effet, l'aspect un peu nébuleux de THE END ne se montre pas spécialement convaincant sur la longueur. Durant la première partie, le métrage est plutôt intrigant mais laisse assez vite la place à un faux mystère qui risque de décevoir ceux qui attendraient une ahurissante révélation en fin de métrage ! De plus, le déroulement du film se montre assez calme et un poil inégal. Quelques séquences donnent un peu de nerf comme une étonnante poursuite avec une meute de chiens ou une rencontre très inattendue et dangereuse en pleine montagne. THE END propose aussi quelques passages surréalistes comme l'intrusion d'un lion où bien lors de déambulations dans les rues d'un petit village méditerranéen désert qui ferait presque penser aux REVOLTES DE L'AN 2000.
Pour peu que l'on sache à quoi s'attendre, ou bien que l'on aborde le métrage sans a priori, THE END est plutôt une réussite dans son genre. Bénéficiant de décors naturels donnant de l'envergure au film mais aussi d'une mise en image très soignée, THE END a une véritable facture cinéma. D'un point de vue technique, c'est un produit de qualité qui dispose, en outre, d'une troupe de comédiens franchement crédibles. Pas mal de bons points qui ont du peser dans la balance lorsque le film est passé au Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2013 où il remporta le Prix du Jury, ex-aequo avec BERBERIAN SOUND STUDIO.
Si THE END a clairement l'étoffe d'un film de cinéma, il ne sera pas distribué dans les salles obscures en France. Pour le découvrir, il faudra donc se tourner vers le marché de la vidéo où il est édité par Seven 7 en DVD et Blu-ray. Premier constat, nous sommes confrontés à un souci de plus en plus récurrents ces derniers temps. Le Blu-ray présente un transfert entrelacé (1080i/50hz) qui ne respecte pas la vitesse de défilement original du film. Alors, bon, nous devrions y être habitués puisque c'était le cas en VHS puis en DVD. Mais le Blu-ray propose justement, de nos jours, de ne plus être confronté à ce désagrément en proposant le même défilement qu'au cinéma particulièrement pour un film produit à destination des grands écrans. Difficile de savoir pourquoi pas mal d'éditeurs, et pas spécialement Seven 7, n'offrent pas des transferts 1080p/24 sur leurs Blu-ray. Passé ce problème, l'image de THE END fait tout de même bonne figure et nous sommes bien face à de la haute définition. Les pistes sonores sont, elles aussi, en haute définition avec du DTS Master HD 5.1 que ce soit pour la version originale sous-titrée ou le doublage français. Hormis quelques passages, l'ambiance sonore se montre relativement sobre mais soignée, à l'image de THE END.
En complément, l'éditeur nous propose de découvrir une petit Making-of qui ne se montre pas spécialement informatif. Une quinzaine de minutes où producteurs, réalisateur et comédiens lâchent quelques phrases promotionnelles sans véritablement entrer dans le vif du sujet. C'est toujours mieux que rien ! Le Blu-ray permet aussi de voir la bande-annonce du film ainsi que celles d'autres titres de l'éditeur.