Alors qu'une pandémie se répand à travers plusieurs pays, à Buenos Aires, il est décidé de mettre en quarantaine les bâtiments où des cas de contagion se déclarent. C'est ainsi que Coco et sa femme enceinte se retrouvent coincés chez eux. Mais alors que le temps s'écoule et que la situation n'évolue pas, des tensions commencent à se faire sentir entre les locataires du petit immeuble.
Lorsque PHASE 7 est évoqué, c'est souvent pour le rapprocher de [REC]. Mais à vrai dire, en dehors du décor principal, un petit immeuble mis en quarantaine, et la langue d'origine du métrage, PHASE 7 n'a pas grand chose à voir avec le film de Jaume Balaguero et Paco Plaza. Oui, il y est bien question d'une contagion mais cela ne transforme en rien les victimes en fous furieux, zombies et autres créatures démoniaques. On peut même dire que DEMONS 2 de Lamberto Bava est largement plus proche de [REC] que ne peut l'être PHASE 7. Cette production en provenance d'Argentine se rattache plutôt à des métrages plus «réalistes» comme LE PONT DE CASSANDRA, ALERTE!, BLINDNESS ou encore INFECTES. C'est d'ailleurs de ces deux derniers que PHASE 7 se rapproche le plus. En effet, les autorités sont mises de côté et l'intrigue se resserre presque exclusivement sur la petite poignée de locataires d'un bâtiment. Il n'y est donc pas vraiment question d'un combat contre la maladie. La gestion des populations contaminées ou encore les décisions d'urgence sont évacuées de PHASE 7 qui préfère braquer sa caméra sur le commun des mortels.
Dans PHASE 7, les extrêmes se rencontrent. Le héros, Coco, est un homme insouciant qui n'aime pas s'embarrasser des problèmes du quotidien et qui ne planifie pas son existence. Autant dire qu'il ne se prend pas spécialement en main alors que sa compagne est enceinte. A l'opposé de Coco, son voisin de palier est, quant à lui, préparé à toute éventualité et même au-delà. PHASE 7 joue d'ailleurs beaucoup de l'antagonisme de ces deux personnages ainsi que de la nonchalante de Coco. Celui-ci n'évalue pas la gravité de la situation et se montre d'une grande naïveté. Ce qui provoque des situations surréalistes et humoristiques. Car la grande force de PHASE 7, c'est de narrer son histoire avec un humour noir particulièrement salvateur. Le film s'éloigne ainsi du tout venant des films d'infectés ou des histoires de pandémie qui pullulent sur les écrans. Quelque part, PHASE 7 fait ainsi penser, de loin, au cinéma de Alex de la Iglesia, période LE JOUR DE LA BETE ou MES CHERS VOISINS. Les personnages s'avèrent outranciers, de goûteuses caricatures, et si l'humour est bien présent, le métrage n'en reste pas moins des plus cruels tout en se laissant même aller à quelques séquences gores qui tâchent.
Le film a quelques soucis avec le passage du temps. On a un peu de mal à évaluer le nombre de jours qui se sont écoulés depuis la mise en quarantaine de l'immeuble. De même, quelques ressorts scénaristiques sont un peu étranges. Difficile de comprendre pourquoi Coco cache certaines informations à sa compagne. Sur ce point, avec du recul, on peut tout de même y trouver une explication. Ce serait, peut être, une manière de protéger sa femme enceinte. Après tout, petit à petit, Coco perd de sa naïveté tout en commençant à assumer son véritable rôle d'homme adulte ou de père de famille. L'idée n'est pas inintéressante mais se heurte à quelques clichés. En effet, Coco est présenté comme un gars sympa et désinvolte avec un t-shirt S.O.D. (Stormtrooper of Death). Autant dire que pour devenir adulte, il faudrait donc laisser de côté les trucs de jeunes comme la musique métal. Curieux ! Mais on peut supposer qu'il s'agit surtout d'une petite maladresse de la part du réalisateur et scénariste, Nicolás Goldbart, qui s'amuse peut être simplement à faire un clin d'œil à ce fameux groupe de musique. Car pour son premier film en tant que réalisateur, le cinéaste argentin parsème son film de références. On note ainsi que le héros, avec sa femme, regarde PHASE IV à la télévision alors que l'on cite par la suite de manière plus ou moins explicite DAKTARI ou encore TAXI DRIVER. Même la musique du film est une sorte d'hommage puisque son côté minimaliste amène immanquablement le souvenir des films de John Carpenter. Toutes ces références ou ses hommages restent tout de même assez discrets et ne plombent pas le film qui se déroule de manière bougrement sympathique. Certes, PHASE 7 n'est pas une super production, et cela se voie, mais la mise en image, le jeu des comédiens et les situations nous offrent un métrage amusant et divertissant ! Un petit bol d'air frais dans un genre généralement plus lourd et sérieux... Une excellente surprise !
C'est en vidéo que Filmedia sort PHASE 7 en France. On peut donc opter pour un DVD ou bien un Blu-ray. Sur ce dernier, on peut découvrir le film avec un transfert 1080i/50hz alors que la norme pour des œuvres de cinéma est plutôt au 1080p/24. Hormis ce point technique, le format cinéma est respecté et l'image s'avère tout de même bien solide avec une définition de qualité. Autre petit souci, à la fin du film, des sous-titrages français ont été placés sur un discours de George Bush. Mais ces sous-titres ont été mis, en dur, sur l'image en créant un cadre flou pour gommer ce qui se trouvait en dessous, probablement des sous-titres espagnols. Cela s'avère un peu disgracieux mais le plus étonnant c'est que si l'on regarde le film dans sa version originale, on obtient alors deux sous-titrages français qui se parasitent un peu ! Enfin, on notera que la version originale est proposée en stéréo alors que le film a été mixé à l'origine en 5.1. Le multi-canaux, on le trouve tout de même sur le doublage français. Bien que la piste originale soit donc en version Dolby Digital 2.0, donc plus compressés et perdant de sa profondeur originale, le rendu est souvent bluffant avec la musique immersive de PHASE 7. Notons que si le doublage français, artistiquement peu probant, est en 5.1, il est compressé en Dolby Digital alors que le Blu-ray permet d'offrir des pistes sonores non compressées (LPCM, DTS HD Master Audio ou Dolby TrueHD). Enfin, malheureusement, cette édition donne le bâton pour se faire battre. En effet, il n'y a aucun supplément alors que la plupart des éditions à travers le monde propose quelques minutes de scènes coupées. Pas mal de grief à l'encontre de cette édition mais il faut prendre en compte deux paramètres. Le premier, c'est que les difficultés financières d'un distributeur se sont répercutées sur pas mal d'éditeurs vidéo en ce début d'année 2013 au point que certains, comme Emylia, se retrouvent momentanément bloqués dans leurs activités, entre autres, en raison de créances non perçues. Il est donc possible qu'une partie des soucis de cette édition de PHASE 7 soit lié à ce problème. Pour terminer, il faut préciser que ce Blu-ray, ainsi que l'édition DVD, sont la seule manière de découvrir PHASE 7 avec des options françaises (doublage et sous-titres).