Dans la pelletée de remakes et de parodies, il y en a certaines qu'on ne voit pas forcément venir. La saga RING a engendré nombre de nouvelles versions dont les plus fameuses sont LE CERCLE et LE CERCLE : RING 2 avec Naomi Watts aux Etats-Unis. Cela a bien déclenché des versions comiques plus ou moins réussies. Et voici que surgit un ovni érotico-comique par Wash Westmoreland : THE HOLE. Qui n'a absolument RIEN à voir avec le film de Nick Hamm sorti en 2001 avec Thora Birch.
De jeunes hétéros bourrés à la bière, au sport et amateurs de chair féminine regardent une vidéocassette supposée maudite : sept jours après l'avoir vue, ils sont supposés devenir... Gay. Misère. La malédiction était vraie ! Un journaliste (Tag Eriksson) rencontre une victime (Josh Hammer) et tente la même expérience. Bingo, il lui arrive la même destinée. Ils étaient tous les deux destinés, donc. Ensemble, ils enquêtent sur l'origine de cette vidéo.
Clair que ça n'est pas très fin, sorti brut de décoffrage. En même temps, pas d'autre termes adéquats. Wash Westmoreland est connu aux Etats-Unis pour un métrage indépendant réussi : QUINCEANERA, ayant remporté un joli succès et récolté quelques prix - tout comme son autre film de 2006, ECHO PARK, L.A. Mais il est aussi un réalisateur qui à versé dans le porno gay. Sous les pseudos de Bud Light (!) ou Wash West, il engrange des parodies X comme DOCTOR JERKOFF AND MR HARD ou encore THE PORN PICTURE OF DORIAN GRAY.
Ce HOLE-là, sorti par TLA Releasing aux Etats-Unis dans sa collection "Guilty pleasures", est la version soft de 79 minuts d'un Hard d'une durée complète de deux heures. Hormis une opération visant à diffuser le produit sur des sites tous publics, on ne comprend pas vraiment ce qui a pu pousser les auteurs à expurger 40 minutes (40 !) d'accouplements de l'au-delà. Car la version restante donne l'impression d'une série rose fantastique tendance M6 fin des années 90. Pas suffisamment "profond" pour en faire un hard mémorable, mais pas assez cinéma pour en faire un métrage d'épouvante qui fasse peur.
La narration va reprendre les gros traits de RING. La première vision de la vidéocassette dans un chalet, la transmission de l'information et la remontée à la source de la malédiction, ici par le journaliste Benny Benson, suivi après le coup la vision de la vidéo. Même les extraits de films en noir et blanc chers à Sadako sont refaits ici : succession de scènes de cowboys, de modèles AMG et autres images fantasmagoriques : l'effet est réussi. Les passages hétéro à homo sont également bien imaginés. Lors d'une séance de fantasme, le journaliste qui suit l'affaire se trouve tenté par deux modèles d'une revue. La femme (T.J Hart) puis l'homme (Adam Killian) rendent visite à Benny qui constate le basculement inévitable de sa sexualité. Le scénario va s'ingénier ensuite à mélanger épidémies, accidents tragiques jusqu'à prolonger le voyage sur Roswell. Et reconstituer les pièces du puzzle qui mènent à cette malédiction... Qui n'en est pas une. Avec comme point d'orgue une orgie d'influence EYES WIDE SHUT (on imagine) avec des individus masqués, dont l'un avec un masque de Jason Vorhees. Wash Westmoreland sait ce que le public ciblé veut voir, mais en plus des plans érotiques obligatoires et assez conventionnels, il tente de s'en échapper en focalisant sur l'environnement, les éclairages violents qui aspergent les duos et autres combinaisons corporelles.
Les acteurs jouant dans le film ne diront de ce fait pas grand chose à notre aimable lectorat, hormis les quelques amateurs de ce cinéma érectile. Nous dirons simplement que Jason Adonis fut une star de la célèbre écurie Falcon, spécialisée en mecs robustes stéroïdés et que le héros Tag Eriksson a depuis quitté le monde du X pour monter (ahem) sa boite de production de musique avec succès. Dire qu'ils jouent comme des savates parait loin de la vérité, même s'ils donnent le meilleur de ce qu'ils peuvent. D'autant que le film possède la prétention de raconter une histoire. Donc qui attend que les acteurs fassent croire un minimum au spectateur aux dialogues qu'ils débitent.
Le réalisateur et scénariste suit avec soin la progression dramatique de ses prédécesseurs, avec un sérieux qui frise l'indécence. Il y croit, le bougre. Et avec un budget de 500.000 dollars, il va s'employer a osciller entre parodie de genre (certains acteurs font exprès de surjouer) et film porno, Wash Westmoreland tente d'ajouter un supplément sur la condition homosexuelle, l'acceptation de soi et la diversité de la communauté. Un porno soft fantastique à message. Et avec aussi une séquence post-générique qui relance le tout. Il fallait oser.
Malheureusement, les meilleurs attouchements du monde et les plus belles intentions ne font pas les meilleurs films. Si l'enquête est plaisante à suivre, voire amusante par instants, THE HOLE reste avant tout un porno. Donc après des tunnels de dialogues plus ou moins intéressants (pour ne pas dire chiants), un solo de guitare ahurissant, on passe aux scènes de cul. Hétéros non curieux, passez votre chemin. Les bi peuvent rester. Les jeunes femmes, selon une étude récente, pourraient être intéressées. Les gays, c'est pour vous. La levrette fantôme, la pipe fantastique, la sodomie frontale possédée, les solos en dehors de ce monde et autres orgies n'auront plus de secret pour vous. Ahanements en rafale, corps bandés en veux-tu en voilà, c'est une bandelette destinée à terminer près d'une boite de kleenex. Et ce ne sont pas des kilomètres de larmes qui vont parcourir votre sofa, comme en regardant un bon vieux Douglas Sirk ou un quelconque film sur une malade en phase terminale. Car malgré une évidente ambition, THE HOLE est et restera un film de boules. Frustrant pour celles et ceux qui veulent des plans hardcore, ils devront se diriger vers la version uncut, disponible chez Jet Set Productions. Le montage est suffisamment adroit pour éviter toute scène pornographique pure. On a bien droit à quelques sexes en érection, mais cela s'arrêtera là.
Filmé en vidéo, on sent un certain soin dans la mise en image et les éclairages. Mais rien ne détrompe le spectateur averti dans ce qu'il est en train de voir. Trois décors qui se battent en duel, de très rares effets spéciaux primaires, un scénario qui tente la mise en abime du sexe comme partie intégrante du récit et son non moteur. Rare, mais seuls l'humour et le second degré viennent ajouter à l'ensemble un plus non négligeable. Un vrai catalyseur d'environnement, Compensant ainsi l'aspect cheap de l'ensemble. Il s'agit par ailleurs du versant le plus réussi du métrage. Voir la première scène où après avoir reçu le premier coup de fil, le meilleur pote de Josh (Josh Hammer) lui fait passer un test : un concert de Judy Garland au Carnegie Hall d'un coté ou des films X avec des pom poms girls. Soulagement quand Josh choisit les pom pom girls. Car il faut préciser que Judy Garland est une icône des gays américains, à la source du drapeau arc en ciel, symbole de la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) du fait de la chanson «Over the Rainbow» du MAGICIEN D'OZ. Mais rien ne passe à la vision des donzelles en train de faire youplaboum sur l'écran. La situation empire et il faut se rendre à l'évidence : la chair masculine sera la plus forte. Malgré cela, le look vidéo ne sied pas vraiment à l'ambition que Wash Westmoreland veut nous faire croire. Caméra sur pied, zooms, cadrages simples, aucun travelling. Un peu tristouille pour un film qui se veut plus qu'un simple porno ou ici une simple oeuvrette érotique.
D'une durée exacte de 78 minutes et 37 secondes, l'édition «Edit» de chez TLA Releasing est à minima. Copie video 1.33:1 et piste anglaise sans sous-titre encodée sur deux canaux stéréo. La copie est lumineuse, mais on remarque rapidement des effets de peigne assez laids. Les détails ressortent de manière plus ou moins aléatoire. Les scènes extérieures, rares et surexposées (exemple à 54mn40) sont à proscrire. Tandis que certains gros plans offrent une définition agréable comme celui de l'article de journal à 54mn02. Les teintes de peau demeurent naturelles – ça tombe bien, on ne voit que de la peau nue pendant les trois quarts du film !
Côté audio, les dialogues sont clairs, la musique se détache de l'ensemble sans être envahissante et le peu de bruitages hors action semble quelque peu artificiel. Rien d'extraordinaire ni de honteux. Purement fonctionnel.
Il n'y a aucun bonus relatif au film, hormis une galerie photos des acteurs plus ou moins dénudés. Le tout se complète par trois films annonce du catalogue TLA Releasing, spécialisé dans les oeuvres LGBT : à savoir l'excellent MYSTERIOUS SKIN de Gregg Araki, ETHAN MAO et HARRY & MAX.