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Critique du film
ROBOT AND FRANK 2012

 

Retraité, Frank vit isolé dans une maison au fond des bois. Alors qu'il est affligé de pertes de mémoires provoquant des problèmes avec le voisinage, son fils et sa fille commencent à s'inquiéter pour sa santé. Ne pouvant passer sans arrêt pour s'occuper de lui, son fils décide de lui faire cadeau d'un robot domestique, un être autonome qui s'occupera de lui que ce soit dans les tâches ménagères ou bien en lui trouvant des activités. Mais Frank accepte assez mal l'arrivée de cet intrus en forme de boîte de métal !

Etudiant à l'université de New York, Christopher Ford écrit et réalise un court-métrage en 2003 dans le cadre de son apprentissage. Plusieurs années plus tard, il revient sur l'idée et, en compagnie de Jake Schreier ancien étudiant lui aussi de l'Université de New York, il décide d'en faire une version longue. Toutefois, plutôt que reprendre tel quel le concept et étirer artificiellement le tissu original, Christopher Ford prend le parti de proposer une intrigue ainsi que des personnages qui étaient totalement absents du court-métrage. Pari plutôt réussi puisque ROBOT AND FRANK ne donne pas vraiment l'impression de découvrir un film qui se serait monté sur la base d'un court-métrage. Mieux, le film se montre particulièrement subtil en traitant l'un des thèmes de la science-fiction, à savoir la robotique. Subtil car très vite, ROBOT AND FRANK ne donne pas, justement, l'impression de regarder un métrage de science-fiction. Se déroulant dans un futur proche, l'histoire prend un cadre relativement familier. Si des éléments futuristes viennent s'insérer dans le décor, c'est par petites touches et toujours de manière naturelle. Au point que même le robot, compagnon forcé du personnage principal, prend sa place très simplement dans l'histoire. Une vraie force du film qui donne plus de place à ses personnages et à leur relation, offrant un accent finalement très crédible à l'amitié qui va se nouer entre un vieux bonhomme taciturne et un robot domestique.

En apparence, ROBOT AND FRANK semble donc n'avoir que faire de la technologie et du monde qui nous entoure. Mais, en réalité, le métrage développe une vraie réflexion concernant la relation entre les individus et les avancées futuristes. Pour la plupart, tout est normal, les nouvelles technologies sont des avancées que l'on intègre à notre société le plus naturellement du monde. Si l'on prend ne serait ce que l'exemple du téléphone portable et des tablettes tactiles, il y a trente ans, les appareils que nous utilisons aujourd'hui seraient des véritables objets de science-fiction que l'on découvrait dans des films ou des séries télévisées comme STAR TREK : THE NEXT GENERATION. Pourtant, ces petits bijoux de technologie sont à présent totalement acceptés et ce le plus normalement du monde, sans même vraiment s'en extasier. C'est clairement en partant de ce genre d'idée que Christopher Ford et Jake Schreier développent leur univers. Les robots font à présent parti du quotidien, les écrans vont remplacer le papier... A ces évolutions, ils opposent seulement deux personnages. La fille de Frank, interprété par Liv Tyler, sorte de baba cool du futur qui adopte un refus des robots, pour des raisons purement humanistes. On découvrira par la suite que sans la technologie, elle a de toutes façons bien du mal à évoluer à l'ancienne. Le héros est, lui aussi, peu enclin à accepter le monde d'aujourd'hui. Et pour cause puisque Frank est un homme en fin de vie, atteint d'Alzheimer, et qui est donc profondément attaché à un monde qui a évolué bien trop vite pour lui. Mais que les protagonistes acceptent ou pas la présence de robot, cela reste pour tous une machine usuelle. Malgré cela dans ROBOT AND FRANK, une véritable empathie va se nouer entre la créature électronique et le compagnon dont il a la charge. Au point que le personnage principal en oublie, par instants, le statut du robot. Dit de cette manière, on pourrait croire que ROBOT AND FRANK est un pensum où des personnages vont échanger de longs dialogues sur la société et le monde qui nous entoure. Pas du tout et c'est bien là toute la force de ROBOT AND FRANK. Si le film brasse pas mal de thèmes profonds, il les inscrit en filigrane dans une histoire d'une grande simplicité lorgnant vers la comédie dramatique et même, en quelque sorte, vers le thriller policier. ROBOT AND FRANK se montre donc plutôt intelligent dans son traitement tout en restant un spectacle fort sympathique et distillant même de véritables passages très émouvants. Si l'on devait ne lui faire qu'un reproche, ce serait l'épilogue concernant la relation entre Frank et le personnage interprété par Susan Sarandon. Paraissant un poil artificielle, un comble, leur relation tourne à une sorte de rebondissement inattendu et mal agencé. Néanmoins, cette impression est peut être dû au fait que le film impose un vouvoiement entre ses deux personnages dans la traduction française alors que cette notion est absente de la langue anglaise. Mais si l'on peut voir cette partie de l'intrigue comme un élément un peu inutile, cela ne gâche en rien la découverte de ce film très malin. Jusqu'à sa toute dernière scène où les cinéastes laissent planer un amusant doute sur de futures aventures robotisées pour les personnes du troisième âge !

Si ROBOT AND FRANK est plutôt très bien écrit, il dispose aussi d'un atout de poids avec son interprète principal, Frank Langella. Pour les amateurs de Cinéma Fantastique, le comédien s'était imposé comme un vampire séduisant dans le DRACULA de John Baham avant de curieusement cumuler le plus souvent des rôles de vilains comme le Skeletor des MAITRES DE L'UNIVERS. Dans ROBOT AND FRANK, on le découvre donc sous une facette qu'on lui connaît un peu moins puisque son personnage est un aimable petit vieux qui a encore de la ressource malgré son âge et la maladie. Impossible après avoir vu le film de voir un autre acteur dans le même rôle alors que, pourtant, à l'origine, le film avait été proposé à Christopher Walken qui avait donc refusé. Aux côtés de Frank Langella, les autres comédiens assurent correctement leur travail mais aucun ne réussit à imposer la même prestance, que ce soit Susan Sarandon, Liv Tyler, Jeremy Sisto ou encore James Marsden. Sans oublier le robot qui, même s'il n'a pas de visage, s'impose comme un petit bonhomme attachant au même titre que Frank !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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