Dolph Lundgren n'a peur de rien ! Des templiers, des impôts, de Brigitte Nielsen, des cyborgs, des high-kicks, de sa belle-mere... Rien ! Et dans RETROGRADE, il n'a pas peur de revenir dans le passé afin d'éradiquer un virus qui menace la race humaine au XXIIIème siècle. Il n'a même pas peur de Joe Montana qui le suit de près dans sa mission. Sauf que Joe (Dalton dans le film, ça ne s'invente pas) a décidé de modifier le passé pour ses convenances personnelles. Méchant, va !
Lorsque le logo Franchise Pictures apparaît, on se réjouit déjà. Pas moins que la société de production derrière les navets intercosmiques que sont MON VOISIN LE TUEUR (et son épouvantable suite), LE SINGE FUNKY, MAFIA LOVE ou encore DRIVEN. Belle ardoise ! Ensuite, on réalise qu'il s'agit d'une coproduction anglo-italo-luxembourgeoise tournée au Grand Duché du Luxembourg avec le concours d'une société de production, Carousel Picture Company, qui a commis FORTRESS 2 REINCARCERATION, POINT MEN et TERREUR POINT COM. Là, c'est Broadway sur Bis : on sent que le produit devrait défourailler sévère dans les eaux troubles d'un sujet qui fleure bon la série B fauchée mais qui veut faire riche. Bingo ! Doté d'un budget supposé de deux millions de dollars, RETROGRADE, c'est exactement ça.
A y regarder d'un peu plus près, sur le papier, le film de Christopher Kulikowski (AURORA) possède une ambition supérieure à la moyenne et ne se contente pas de la facilité. Le scénario brasse des éléments aussi divers que l'extinction de la race humaine, une bactérie qui vient de l'espace, le voyage dans le temps, un vaisseau spatial, une pluie de météores... Le tout avec un bateau brise-glace au fin fond de l'arctique. De quoi alarmer les financiers sur les risques de porter cela à l'écran de manière crédible. Néanmoins, ce mélange s'inspirant de TERMINATOR, SMILLA, SPACE MUTINY, LE MYSTERE ANDROMEDE ou encore (soyons fous) L'ARMEE DES 12 SINGES souhaite se diriger vers un film d'action musclé. Malheureusement, hormis quelques plans réussis en pleine tempête neigeuse, il reste redoutablement mou. Pour un film dit «d'action», c'est tout de suite disqualifiant.
L'un des problèmes majeurs reste une mise en scène pataude et statique qui n'aide en rien à colmater la pauvreté des décors ou du jeu des acteurs. Pas mal de gros plans sur les visages, un cadrage généralement serré peuvent aider si judicieusement utilisés. Malheureusement, la platitude prend le dessus. Manquant d'envergure, le film déroule ses scènes sans grande conviction. La cale du bateau fait penser à une multitude de bisseries transalpines (les sous-sols du TERMINATOR 2 de Bruno Mattei en tête). Les combats atteignent un niveau pitoyable quant à leur chorégraphies alors que la camera placée n'importe comment échoue à leur donner une épaisseur ou une quelconque crédibilité. Un comble pour un film qui possède également Gary «BLOODFIST IV» Daniels au générique.
Pour maximiser la crédibilité de l'entreprise, il faut également des comédiens qui en imposent. RETROGRADE rétropédale à ce niveau. Car, hormis Dolph Lundgren à l'aise et la jeune Silvia De Santis qui s'en sort assez bien dans le sempiternel rôle de la scientifique, le reste va droit dans le mur. Avec une palme pour le chef d'expédition, David Jean Thomas, qui surjoue, déclame ses dialogues de manière ampoulée, voire jusqu'à les crier. Horrible. Les seconds rôles ne savent pas toujours comment bouger devant la camera. Gary Daniels se voit attribué un personnage d'amoureux éconduit qui savate sur la fin. Assez peu au final. Bref, la direction d'acteurs vire au ratage. Et ce ne sont pas les tenues de motards passant pour des costumes futuristes qui diront le contraire.
Dommage car le casting offre une belle brochettes de sales trognes comme on les aime. On a déjà parlé de Dolph Lundgren et Gary Daniels, mais on découvre aussi cette brute de James Chalke, habitué des tournages avec le père Lundgren puisqu'il a participé à DIRECT CONTACT, MISSIONARY MAN, LA SENTINELLE, COMMANDO D'ELITE où il ne joue jamais le rôle d'un vendeur de glaces mais de casseur officiel de bras. Ken Samuels, qui interpréte le capitaine du bateau, possède un parcours moins impressionnant, mais quand même : POINT MEN de John Glen, DOUBLE TEAM... mais aussi des choses improbables comme GUNBLAST VODKA, LE BALTRINGUE ou POUPOUPIDOU ! Respect, donc. Mais le plus curieux, coproduction italienne oblige, c'est de trouver Silvia De santis en tête de distribution. Une actrice habituée au cinéma plus classique comme UNE LONGUE LONGUE NUIT D'AMOUR ou COUP DE FOUDRE EN TOSCANE... Et ce même si elle a récemment oeuvré dans l'horreur avec IMAGO MORTIS. En tout cas, elle apporte une fraîcheur nécessaire qui tranche avec la légèreté du marteau piqueur dont chacun des autres participants fait office.
Maintenant, le spectateur peut-il trouver un quelconque salut du côté des effets spéciaux ?
Pas vraiment.
Si l'on excepte des maquillages réussis pour les victimes du virus, RETROGRADE fait la part belle aux effets numériques. A peine adéquats pour le vaisseau spatial et carrément mauvais pour le bateau, la fin du métrage demeure, en ce sens, assez pathétique. L'ensemble fait juste fauché : des décors au reste de la production bien que certains stocks shots réussisent à créer un peu l'illusion.
Si on résume : Dolph Lundgren mitraille des figurants qui tombent comme des mouches. Les autres commencent tous à tomber sous les coups du virus. Gary Daniels et Dolph Lundgren ne se battent pas l'un contre l'autre. Les chorégraphies de combat sont mauvaises. Le rythme s'avère poussif. Les effets spéciaux ont l'air de faire de la compétition avec ceux des produits Nu Image d'il y a quinze ans. Verdict : à moins de collectionner les films du norvégien énervé, RETROGRADE mérite un oubli paisible après une vision par après-midi très pluvieux.
Pour visionner le film, nous avons utilisé une édition DVD venant de Hongrie ce qui explique le titre RETROGRAD sans le "E". Le DVD offre le film au format 1.78:1 avec un transfert 16/9. Le tout disponible avec deux pistes sonores en Dolby Digital 5.1 (anglais et hongrois) mais également une piste additionnelle pour les spectateurs de la Hongrie en Dolby 2.0. Des sous-titres anglais et hongrois amovibles viennent compléter la tableau. Il faudra faire des efforts surhumains pour les personnes qui ne lisent pas le hongrois (et, on le sait, vous êtes très nombreux) car aucune option anglophile n'existe concernant le menu d'accès, par ailleurs joliment animé. Les scènes sont accessibles via douze chapitres. Du côté de l'interactivité, il faudra se contenter du film annonce original, mais également de ceux de quelques titres du catalogue de l'éditeur SPI. Ils sont tous en version originale sous-titré hongrois : A TON IMAGE, CUBE ZERO, I'LL SLEEP WHEN I'M DEAD. Tous ? Non ! car celui de FINAL CUT est curieusement doublé en hongrois.
On notera que la piste sonore anglaise 5.1 manque singulièrement de punch. Là aussi un comble pour un actionner. La majeure partie des effets et dialogues sont concentrés sur le canal avant central. L'exécrable et insupportable musique électronique couinante semble ainsi prendre le pas sur le reste des canaux avant droit et gauche. Horripilant ! Quant au caisson de basse, même poussé à son maximum, il ne parvient pas à donner de la voix. Très décevant.
Par contre, la copie présentée offre une jolie définition, surtout dans les gros plans de visages des acteurs. Cela tombe bien, le film est en perclus. Teintes naturelles de peau, éclairages bleutés de belle qualité, finesse des traits... On voit clairement que Dolph Lundgren n'est pas passé par la case réduction des rides. Un travail relativement propre, sans trace de compression ni d'effet de peigne quelconque, avec des contrastes adroitement gérés. Cela offre un niveau de détail plus qu'acceptable, surtout au regard des maquillages qui parsèment RETROGRADE dans sa seconde moitié. Visuellement, le télécinéma rend hommage au très beau travail photographique opéré sur le film, tout comme au professionnalisme des éclairages.