Header Critique : SUPER LADY COP (KONG FUNG MAT LING)

Critique du film et du DVD Zone 2
SUPER LADY COP 1992

KONG FUNG MAT LING 

Une agente de la Chine continentale est envoyée à Hong Kong afin de ramener trois criminels qui se sont enfuis. Arrivés sur le sol hongkongais, les quatre individus donnent énormément de mal à la police locale. Et pour cause, ce sont des cyborgs ! L'inspecteur Chiu Shui prend pour sa part en chasse l'agente Nieh Ling et, par mégarde, la rend amnésique à l'aide d'un pistolet paralysant futuriste. La jeune androïde perd alors de vue sa mission et ses repères, mais conserve en revanche ses formes enivrantes. Voilà qui arrange les affaires de Chiu Shui, lequel est pourtant déjà fiancé, courtisé de surcroit par la jeune Yoki, ainsi que par sa supérieure tyrannique ! Voilà qui fait beaucoup pour un seul homme...

Si aujourd'hui Wellson Chin est essentiellement connu en tant que producteur exécutif avisé, notamment sur CJ7 ou KUNG FU HUSTLE, il n'en a pas toujours été ainsi. Notre homme aura ainsi débuté sa carrière comme tant d'autres à Hong Kong, à savoir au poste de cascadeur. Force est de constater qu'il n'aura guère brillé dans ce registre, et que sur une dizaine d'années, ses apparitions à l'écran le cantonneront à des rôles très secondaires. Etonnamment, Wellson Chin aura tout de même sauté quelques échelons pour arriver directement au poste d'assistant réalisateur en 1981, sur THE PRODIGAL SON de Sammo Hung. Cinq ans plus tard, il dirigera seul le NAUGHTY BOYS produit par Jackie Chan. Puis il enchainera avec une autre production de Jackie, à savoir THE INSPECTOR WEARS SKIRTS, un film de femmes flics au casting incroyable. Il lui donnera du reste une suite en 89, et re-signera pour le quatrième opus en 92.

Mais au-delà de ça, le bonhomme semble apprécier le fantastique et nous offrira durant les années 90 une majorité de métrages entrant dans ce registre. Nous citerons pour l'exemple le busté (Amy Yip oblige) GHOSTLY VIXEN, THE DAY THAT DOESN'T EXIST ou encore 24 HOURS GHOST STORY... Des nanas ? Du fantastique ? Nous aurons tout ça dans le SUPER LADY COP dont il est question ici, mis en boite durant l'année 92. Le premier rôle, celui de la femme forte qui botte des culs, reviendra alors à la taïwanaise Cynthia Khan. Très présente au sein de la saga SENS DU DEVOIR et de sa série spin-off YES MADAM, la demoiselle aura fait les beaux jours des «Girls With Guns» qui fleurirent un temps à Hong Kong. Assez limitée dans son jeu, miss Khan assure cependant le spectacle dans SUPER LADY COP (quoique régulièrement doublée par des hommes). L'introduction et la seconde moitié du film lui font la part belle avec quelques coups de pieds bien sentis et une poignée de cascades particulièrement inspirées. La séquence du barrage est à ce titre un très bel exemple, valant à lui seul la découverte de la pelloche.

Pourtant, bien qu'elle interprète le rôle-titre et apporte sa souplesse ainsi que son charme, Cynthia Khan passe au second plan durant une bonne partie du métrage. La vedette est alors volée par le tandem Alex Man / Athena Chu, lequel œuvre dans le registre de la comédie hongkongaise, parfois drôle, souvent pataude. Malgré les «gros sabots» et un certain manque d'originalité, le spectateur se prendra à sourire, sans forcément trouver le temps long. L'«effaceur de mémoire» est pour beaucoup dans ce constat, puisqu'il ouvre la porte à quelques gags et idées plutôt originales... Nous aurons donc une poignée d'amnésies distrayantes dans SUPER LADY COP, la plus significative étant bien sûr celle du Cyborg joué par Cynthia Khan. Parce qu'elle ne sait plus qui elle est, Alex Man la nommera Chun Li durant les trois quarts du métrage. Les amateurs de jeux vidéo saisiront la référence au vol et feront bien évidemment le lien avec la saga «Street Fighter», alors extrêmement populaire.

Nous avions déjà évoqué la très forte influence du jeu vidéo de Capcom dans notre chronique de FUTURE COPS, ainsi que l'étonnant clin d'œil vu dans NIKI LARSON, version Jackie Chan. En voici donc un nouveau dans le film de Wellson Chin ! Le réalisateur poussera même le bouchon jusqu'à reproduire certaines postures bien connues du personnage vidéoludique. Les sauts avec rebonds sur les murs seront donc de la partie, de même que le fameux «Spinning bird kick», ici assez ridicule cependant... Disons le clairement, cette référence appuyée n'apporte rien au film, mais permet de le resituer dans le temps, évoquant également la Game Boy et affichant fièrement une Super Famicom. Bref, toute une époque !

L'autre élément apporté par l'amnésie du Cyborg se montre moins ludique, mais bien plus malin. En effet, nombreux sont les métrages hongkongais de cette époque exposant de manière plus ou moins subtile l'anxiété, voir le mépris pour la Chine continentale. Nous évoluons là dans le Hong Kong d'après l'accord Sino-Britannique de 1984 et d'avant la rétrocession à la République Populaire de Chine, le 1er juillet 1997. Durant cette période, les Chinois Continentaux parvenus jusqu'à Hong Kong auront recours à la clandestinité, et seront bien souvent pointés du doigt comme la principale cause des problèmes que rencontreront les hongkongais. Rackets, violences, organisations mafieuses... Tous les maux sont attribués à ces continentaux malvenus... SUPER LADY COP s'ouvrira donc sur l'une de ces tentatives d'immigration clandestine mais bien vite, le métrage fera la distinction entre les trois criminels, qui resteront des salauds, et l'agent amnésique, qui découvrira Hong Kong avec une certaine innocence. Elle découvrira également que la corruption gangrène les plus hautes sphères de l'administration chinoise et qu'il fait, au final, plutôt bon vivre hors du continent !

Bien que ce sous-texte ne soit pas des plus bluffants, il apporte tout de même un regard intéressant et plus modéré qu'à l'accoutumée. Il permet par ailleurs au métrage de surnager paisiblement au sein de la foule des comédies hongkongaises de cette époque. Rien de bien brillant cependant, ne vous attendez pas à découvrir une pépite oubliée en engageant votre disque de SUPER LADY COP. Une pincée de quiproquos plus ou moins drôles, une poignée de coups de pieds dans la gueule, quelques idées et une belle quantité de séquences accélérées forment les principaux ingrédients de ce petit métrage divertissant, sans plus.

SUPER LADY COP avait eu droit à un premier DVD hongkongais via l'éditeur Fortune Star, fin 2007. Déjà à l'époque, cette édition faisait figure d'ancêtre tant la restauration était inexistante, et les défauts nombreux... Quatre ans plus tard, en septembre 2011, l'éditeur français Seven 7 fouille dans ses cartons et en ressort quelques vieilles copies rapatriées de Hong Kong. On ne restaure rien, on colle dans certains cas les films par deux sur un seul disque, on met une jaquette typée «cinéma de quartier» («Grindhouse» !) et voilà une collection à prix réduit qui permet de rentabiliser l'ensemble ! Vous l'aurez compris, on a donc ici une copie qui, techniquement, relève clairement de la VHS. Les artefacts ne se comptent plus, l'image n'est pas stable, les couleurs sont régulièrement délavées et la rémanence assez présente. On pourrait parler d'un travail de sagouin mais à l'évidence, il n'y a pas eu de travail du tout !

Sur le plan sonore, nous auront droit à la piste originale cantonaise en stéréo. Assez étouffée, pour ne pas dire sourde, elle s'avère audible mais sans le moindre punch. Aucun doublage français n'est proposé mais le sous-titrage dans notre langue rendra l'ensemble parfaitement accessible. D'autant que ces sous-titres (imposés) sont de bonnes qualités, pratiquement dénués de fautes et parfaitement lisibles. On notera également que les génériques sont sous-titrés, ce qui s'avère particulièrement appréciable lorsque l'alphabet latin n'est pas de rigueur.

Terminons le tour de cette galette en évoquant son néant éditorial. Pas d'option, aucune bande-annonce, aucune des filmographies proposées sur le disque Fortune Star... SUPER LADY COP est cependant présenté en duo avec LE SENS DU DEVOIR VII, lequel donne lui aussi la vedette à Cynthia Khan. Le seul écran de menu du disque permettra donc de choisir entre l'un des deux métrages...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
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241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
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Quelques cascades agréables
Une amnésie intéressante
On n'aime pas
Des longueurs
Une édition DVD bâclée
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L'édition vidéo
KONG FUNG MAT LING DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.78 (16/9)
Audio
Cantonese Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • L'ENFER DU DEVOIR VII
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