Header Critique : TIME OUT (IN TIME)

Critique du film
TIME OUT 2011

IN TIME 

Dans un futur proche, les individus cessent de vieillir physiquement à l'âge de 25 ans. En contrepartie, le temps est devenu la monnaie unique. Lorsqu'une personne a écoulé son capital-temps, elle rend l'âme. Afin de reculer cet instant désagréable, les gens doivent travailler durement dans le but d'accroitre leur pécule et d'espérer voir le jour suivant. Mais le petit peuple est étouffé, le coût de la vie est en hausse constante et les morts prématurées se succèdent. Will Salas, n'a jamais eu plus de quelques heures devant lui jusqu'à ce qu'un étranger lui fasse cadeau d'un siècle. Malgré ce don incroyable, Will verra mourir sa mère le jour même. Dès lors, il n'aura plus qu'un but : Introduire les hautes sphères de la société et faire s'effondrer le système en place, celui-là même qui tue les pauvres et rend les riches immortels...

Difficile de rester insensible à l'annonce d'un nouveau film d'Andrew Niccol. Révélé en 1997 par BIENVENUE A GATTACA, le réalisateur et scénariste avait d'emblée placé la barre très haut, en livrant une superbe fable d'anticipation dans la lignée des SOLEIL VERT, 1984 ou FARENHEIT 451. Son univers épuré, froid, et la description d'une société à la dérive, déshumanisée, avaient séduit bon nombre de cinéphiles à l'époque. Plus fort encore, il avait clairement révélé deux acteurs de talent, Jude Law et Ethan Hawke, grâce à deux rôles superbement écrits et parfaitement interprétés. Andrew Niccol aura confirmé en rédigeant les scénarii de THE TRUMAN SHOW en 1998, puis SIMONE en 2002. Il s'éloigne ensuite du monde fictionnel pour écrire et mettre en boite LORD OF WAR, une petite perle balançant à la gueule du spectateur les rouages du business des armes en Afrique. C'était en 2005. Autant dire une éternité pour quelqu'un affichant un tel curriculum vitae.

Ancré à nouveau dans un univers fantastique d'anticipation, TIME OUT a donc tout du film bourré de promesses. Andrew Niccol reprend à son compte la devise «Time is money» («Le temps, c'est de l'argent») et en fait son postulat de base. L'argent n'a plus cours, tout se monnaye en heures, minutes et secondes. En temps de vie. Etre pauvre signifie la mort à court terme, alors qu'être riche ouvre les portes de l'éternité. Un système bien évidemment injuste qui n'est autre qu'une métaphore évidente de notre monde actuel, dans lequel les riches le sont toujours plus, au détriment des pauvres, toujours plus nombreux et affamés. On nous décrit dès lors un univers régit par les mêmes logiques fluctuantes que notre bourse. Mais ce qui intéresse bien évidemment le réalisateur et scénariste, c'est de nous montrer l'effondrement du système, passant par la rébellion de petites gens. Et c'est bien là que se trouve à la fois les forces et faiblesses de ce métrage finalement inégal...

Car d'un côté, nous fleurons bien la mise en images de cette crise mondiale qui nous ronge depuis maintenant deux ans. La vision est bien évidemment simplifiée mais le fonctionnement pyramidal de notre société est correctement retranscrit, et l'aspect «La bourse pour les nuls» rend l'ensemble très grand public. Peut être trop du reste, au point que l'ensemble pourra paraître un peu couillon, voir puéril. Andrew Niccol fait de son héros le Robin des Bois du futur, un pilleur de banques qui redistribue aux pauvres afin de faire chanceler l'économie d'un monde qui semble bien étriqué. Une vision bien naïve qui ne convainc pas vraiment et porte un coup sévère à un postulat de base pourtant séduisant. Le métrage avance et l'idée d'une économie basée sur le temps semble gâchée, exploitée avec le minimum de finesse...

Pour justifier la simplicité du propos et l'aspect «tout public» de son métrage, Andrew Niccol lui offre davantage d'action que dans ses films précédents. On court beaucoup dans TIME OUT. On a également droit à quelques poursuites en voitures et de bonnes idées éparses. La frilosité des forces de l'ordre en est une. Car quand la vie n'est régie que par l'économie, et en l'occurrence le temps, chacun a peur de la perdre «bêtement», lors d'un accident ou d'une mauvaise chute. L'idée s'applique aux classes bourgeoises mais également aux policiers, peu enclins à prendre des risques. Tous sauf un, implacable, obstiné et incorruptible, ici incarné par l'acteur Cillian Murphy. Son visage émacié et son regard glacial suffisent à faire de lui un «méchant» très remarquable et, à dire vrai, la véritable star du film. Car le bonhomme éclipse assez facilement un Justin Timberlake un peu fade et pas toujours juste, ainsi que la mignonnette Amanda Seyfried. Quoiqu'il en soit, le trio fonctionne bien, même si encore une fois, la finalité des personnages déçoit aux vues du potentiel.

Vous l'aurez compris, TIME OUT n'a rien d'une relève à BIENVENUE A GATTACA. On joue davantage ici dans la cour d'un THE ISLAND ou I, ROBOT, au postulat intéressant mais finalement sacrifié sur l'hôtel d'une action guère convaincante. Plus dommage encore, le nouveau film Andrew Niccol peine face à la concurrence, et notamment le REPO MEN de Miguel Sapochnik, sorti il y a un peu plus d'un an mais nettement plus convaincant en terme d'inventivité et de dynamisme. Au-delà de ça, ne dramatisons pas. TIME OUT n'est pas un mauvais film et s'avère même un divertissement correct face auquel le public répond massivement présent. Reste tout de même une petite déception face au reste de la filmo du monsieur...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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