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Critique du film
BOX OFFICE 3D : IL FILM DEI FILM 2011

 

Ezio Greggio a commis une parodie lourdingue qui fit naufrage en France lors de l'été 1994 : LE SILENCE DES JAMBONS. Il récidive aujourd'hui avec un métrage nommé BOX OFFICE 3D : IL FILM DEI FILM, qui s'avère être le premier long-métrage italien tourné en 3D, avec la caméra Red One et ses compléments 3ality - plates-formes 3D. Ce sera là son seul titre de gloire dans l'histoire, le machin se révélant être un navet de la pire espèce.

Ezio Greggio est une star en Italie. Il anime pour la 24ème année une émission satirique nommée «Striscia La Notizia» sur la 5. Un pur produit des années Berlusconi, ce qui explique qu'il est allé faire la claque sur les chaînes du réseau Mediaset pour son film. Entre cela, divers scénarios et films, parfois acteur, par exemple sur DRACULA MORT ET HEUREUX DE L'ETRE de Mel Brooks, dont Greggio se réclame. Il lui emprunte au passage Rudy De Luca, connu pour son TRANSYLVANNIA 6-5000 et ses scénarii de (justement) LIFE STINKS et le DRACULA de Brooks. Ils commirent ensemble un premier film comique en 1997 , KILLER PER CASO et se lâchent donc aujourd'hui avec ce piteux BOX OFFICE 3D, tourné en grande partie en Bulgarie à bas coût (et pas Bakou, hein).

Le film se présente comme «le film des films». Bon. L'actualité est déjà sévèrement engorgée de parodies en tous genres, généralement médiocres. Si on peut excuser des SCARY MOVIE 3 ou AGENT ZERO ZERO, ça donne aussi des choses excrémentielles comme les BIG MOVIE ou encore SPARTATOUILLE. Le métrage de Greggio se trouve au-dessus des oeuvrettes du couple infernal Friedberg/Seltzer. Mais ça n'en fait pas forcément une bonne chose.

Dès les premières images, le générique indique que l'on a affaire avec une parodie du DA VINCI CODE mâtiné de MILLENIUM. Greggio grimé en Tom Hanks et Anna Falchi au look de Noomi Rapace/Lisbeth Salander partent à la recherche du tableau «Il Giocondo» («La Joconde») volé au Louvre. Ils découvrent ainsi un secret menant à l'élixir de la vie éternelle. La mise en place des éléments, entre décors sympas, jeux de mots, références télévisuelles et cinéma, s'avère moins pénible que prévu et on se surprend à esquisser même quelques sourires. Ca se moque gentiment de Hanks et sa coiffure de demeuré, et le mécanisme du rire ne repose pas uniquement sur la référence au film cité. De plus, le métrage se pare également d'un certain burlesque, une exagération qui fait en effet penser à du Mel Brooks. Problème, les mots «The End» apparaissent au bout de dix minutes et une fausse bande annonce remplace le film. On comprend, dépité, que DA VINCI CODE, le film original, aurait pu seulement durer dix minutes, ça nous aurait épargné les 140 restantes.

Mais on comprend surtout que BOX OFFICE 3D n'est pas un film narratif, mais une succession de sketchs parodiant des films, reliée par un vague fil rouge d'une fausse bande annonce de «Qui a tué le dernier parrain ?». 89 minutes sans lien apparent. Cela fait donc appel à la mémoire cinématographique du spectateur qui voit s'enchaîner – l'orthographe est exacte : GLADIATOR 2, «Run FAST because I'm FURIOUS» croisé avec GREASE, TWINIGHT qui vire à la compilation de slashers et Jason, Michael Myers, Freddy poursuivent une Anna Falchi blonde aux gros seins finissant devant un gigantesque 3 et un gros D pour faire rebondir la popularité des films. Et VIAGRATAR ! Cette parodie d'AVATAR à la recherche de plantes qui fait pousser les désirs sur une planète étrange se trouve être l'un des meilleurs segments. Effets spéciaux limites, 3D approximative mais la durée réduite permet aux gags d'être un peu plus percutants que l'œuvre de James Cameron. Là aussi en version courte. Mais le reste se révèle navrant, voire pas drôle du tout. Pire encore lors de références purement locales (l'acteur qui sort du masque de Leatherface), qui manque sa cible avec les spectateurs peu enclins à la culture populaire italienne.

La narration reste forcément chaotique, puisque chaque sketch demeure indépendant des autres. D'autant plus que l'exercice a déjà été effectué, et bien mieux, avec FAITES-LE AVEC LES DOIGTS, HAMBURGER FILM SANDWICH ou encore CHEESEBURGER FILM SANDWICH. IL y a bien quelques idées, mais elles sont exécutées d'une manière tellement médiocre que les efforts sont ruinés d'avance. Ainsi HARRY POTTER se transforme en «Erry Sfotter» et l'on suit la 47ème suite où Harry, Ron et Hermione ont redoublé pour la 40ème fois à l'école du «Château des Séquelles». Vient alors frapper un neo-Frodon et un Neo-Gollum pour se réfugier dans le monde des séquelles, seul endroit où il est possible de survivre. Dumbledore réfléchit alors à un moyen de poursuivre les séquelles sans que cela ne sombre dans le ridicule. Il s'agit de la seule fois où le sketch se veut à la fois parodique et une satire du monde du cinéma qui produit des suites à n'en plus finir. Le manque de moyens afin de recréer l'univers d'origine est compensé par des truchements qui oscillent entre l'inventif et le désespérant. C'est au petit bonheur la chance, mais le film lorgnant surtout vers la lourdeur pachydermique des effets, ça traîne méchamment en longueur et on s'enfonce un peu plus dans le fauteuil en souhaitant soudainement que ces scènes ridicules s'achèvent le plus vite possible.

Greggio et ses cinq (5 !) scénaristes auraient pu produire un réel effort de scénarisation, de liant. Le film manque en outre cruellement d'un ton rentre-dedans et s'appuie sur trop de facilités. Il se réduit à une succession de sketchs télévisuels et se substitue péniblement à la chaîne italienne TV «Coming Soon» qui diffuse en permanence des films-annonce. La boucle est bouclée : Greggio, homme de télé qui fait un détour par la case cinéma et qui finit par insérer un formatage télé à une œuvre sur grand écran. Le pire étant que Greggio déclare à la fin directement à la salle que BOX OFFICE 3D est un hommage au rêve que le cinéma provoque encore aujourd'hui, accompagné de Gina Lollobrigida comme caution glamour éternelle pour une marche triomphale. Un vrai cas de narcissisme cinématographique absolument pathétique.

BOX OFFICE 3D est tout sauf du cinéma. Il a tout à fait sa place un samedi soir sur une télé privée à faible quotient intellectuel. Mais de voir le film populaire italien tomber aussi bas est d'une tristesse redoutable et d'un ennui quasi total.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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