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Critique du film
LE RITE 2011

THE RITE 

Michael Kovak décide de quitter l'entreprise familiale de pompes funèbres pour entrer dans les ordres. Après avoir suivi le séminaire, juste avant de prononcer ses vœux, il se met à douter de sa vocation. Son supérieur décide alors de l'envoyer à Rome pour suivre une formation d'exorciste…

Résidant à Rome, le journaliste américain Matt Baglio se met à enquêter sur l'une des formations données au Vatican pour en tirer un livre intitulé Le Rite : la formation d'un exorciste au Vatican. Des prêtres se rendent ainsi au Saint Siège pour y recevoir des cours d'exorcisme leur donnant ensuite la possibilité d'aller œuvrer dans leurs pays. Avant même qu'il n'ait terminé ses recherches, des producteurs font l'acquisition des droits d'adaptation pour le cinéma. Dès lors, l'écriture débute avec un scénariste, Michael Petroni, alors qu'en parallèle le journaliste continue ses investigations. Pour les producteurs, c'est bien évidemment l'assurance d'établir une promotion indiquant que les faits relatés dans le film sont véridiques. Toutefois, on pourra tout de même se demander pourquoi, dans ce cas, tous les noms des personnages ont été changés, particulièrement ceux des ecclésiastiques au centre de l'intrigue. Du coup, l'épilogue du film semblera quelque peu malhonnête avec ses cartons exposant ce que sont devenus les personnages fictifs suite aux événements relatés dans le film. A l'évidence, Hollywood prend donc de grosses libertés à commencer par le personnage du journaliste qui rencontre un jeune prêtre américain sur les bancs de l'école d'exorcisme. Le reporter devient ainsi une jeune femme interprétée par Alice Braga probablement de manière à donner une touche féminine et glamour à une histoire d'hommes. Plus surprenant, le véritable prêtre de l'histoire a suivi sa formation d'exorciste aux alentours de la cinquantaine ! Le rajeunissement du personnage central permet donc au scénariste d'intégrer au métrage la plupart des ficelles du film d'exorcisme tout en le rendant plus attrayant à un large public.

Comme souvent dans les métrages consacrés aux exorcismes, on peut suivre un personnage en pleine crise de foi, doutant de ses convictions religieuses. C'est ici le cas avec un jeune prêtre qui voit l'opportunité de rentrer dans les ordres comme une manière d'échapper à un carcan familial dôté lourd passif. Ce scepticisme donne ainsi plusieurs aspects au développement de l'histoire. Le premier est de placer le spectateur au même niveau que le personnage. A moins d'être un fervent croyant, les histoires d'exorcisme peuvent laisser perplexe. C'est donc tout naturellement que le personnage principal remet en question la véracité des événements pour mieux nous faire avaler, petit à petit, des cas de possessions démoniaques. De plus, le doute de l'existence de Dieu, c'est aussi donner une faille au prêtre qui pourra éventuellement être utilisée de diverses manières par le diable. Grâce à cela, la construction du film, LE RITE, s'avère plutôt astucieuse et ce même si pas mal des ingrédients avaient déjà été usités auparavant dans le film de référence, L'EXORCISTE. Il n'en reste pas moins que la mise en place de l'histoire ainsi que la réalisation élégante emportent l'adhésion lors des deux premiers tiers du film. Les premières scènes d'exorcisme font d'ailleurs preuve d'une véritable intensité, aidées en cela par l'interprétation de l'actrice virtuellement possédée, Marta Gastini. Malheureusement, LE RITE se plante lors de sa dernière partie. Jusque là, même si quelques rebondissements sont un peu durs à avaler, le métrage suit la voie de l'ambiguïté que ce soit en ce qui concerne les cas de possession ou bien les méthodes employées par le vétéran de l'exorcisme interprété par Anthony Hopkins. En fin de métrage, plus de doutes possibles, on nous sort une panoplie d'effets numériques et d'événements surnaturels venant enfoncer le clou de manière très peu subtile. La destinée des personnages est alors toute tracée, donnant presque l'impression d'avoir assister à un outil de propagande religieux. C'est assurément le gros défaut du film qui ne manque pourtant pas d'un grand nombre de qualités.

Déjà évoquée, la mise en image est une belle réussite. A vrai dire, rien de surprenant puisque le film est dirigé par Mikael Håfström qui nous avait déjà offert un sympathique exercice de style avec CHAMBRE 1408. L'interprétation du RITE est aussi au diapason même si les promesses de la promotion ne sont pas vraiment tenues en ce qui concerne Anthony Hopkins. Si le comédien fait toujours preuve d'une présence et d'un savoir faire hors pair, on peut difficilement voir dans ce nouveau rôle un élément clef de sa carrière. Le film permet aussi de retrouver le talent de Rutger Hauer dans un métrage plus prestigieux que ce à quoi il nous avait habitué dernièrement. Quoi qu'on puisse en dire, LE RITE est film techniquement de belle facture et qui ménage même quelques passages assez tendus. Tout cela pour en arriver à un dénouement un peu trop facile où l'horreur peut même en devenir involontairement risible lorsqu'un personnage fout une claque à une gamine simplement parce que «c'est mal» !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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