Header Critique : ROUTE, LA (THE ROAD)

Critique du film
LA ROUTE 2009

THE ROAD 

Plusieurs années après qu'une terrible apocalypse a ravagé l'Amérique, un homme erre en compagnie de son fils, tentant de rejoindre la côte. Pour cela, ils doivent traverser un territoire peuplé de menaces terrifiantes, la moindre d'entre elles n'étant pas les bandes de cannibales arpentant les routes...

LA ROUTE est l'adaptation du roman d'anticipation de Cormac McCarthy «La route», ouvrage ayant eu le privilège, rare pour un tel roman, d'être un succès de librairie ainsi qu'une réussite littéraire saluée par la critique et le prix Pulitzer ! Sa réalisation a été confiée à John Hillcoat, réalisateur australien remarqué dans les années 80 pour le film carcéral GHOSTS OF THE CIVIL DEAD, notamment interprété par le chanteur Nick Cave. Ce succès critique ne connaît toutefois pas de véritable suite jusqu'à THE PROPOSITION en 2005, Western tourné en Australie et à nouveau bien accueilli. LA ROUTE est son premier long métrage capté aux États Unis, notamment dans des régions comme la Louisiane et les environs de Pittsburgh. Le rôle principal est tenu par Viggo Mortensen, accompagné pour des apparitions assez courtes par la sud-africaine Charlize Theron, l'anglais Guy Pearce ou le vétéran hollywoodien Robert Duvall. Comme pour les deux films précédents de John Hillcoat, la musique est signée par Nick Cave.

Par son récit et son sujet, LA ROUTE rappelle de nombreux films mettant en scène des survivants sur une Terre ravagée par une apocalypse quelconque. Un genre qui a trouvé son essor à partir des années 50, au cœur de la guerre froide, donnant lieu à des titres tels que CINQ SURVIVANTS, LE MONDE, LA CHAIR ET LE DIABLE, PANIQUE ANNEE ZERO, L'ULTIME GARCONNIERE, LE DERNIER COMBAT, et bien d'autres encore !

Pour le connaisseur, LA ROUTE n'innove donc qu'assez peu puisqu'il exploite fondamentalement les mêmes thèmes qu'un MAD MAX 2, dans lequel un groupe de femmes et d'hommes tentait de rester organisé et civilisé dans une Australie revenue à la violence et à la barbarie.

Toutefois, LA ROUTE marque immédiatement le spectateur par son atmosphère de réalisme cru, d'une parfaite crédibilité dans les moindres détails de son univers cauchemardesque. L'action se déroule plusieurs années après la destruction complète de l'Amérique du Nord. Des nuages de cendres oblitèrent en permanence le ciel, à tel point que les rayons du Soleil n'atteignent plus la surface de la Terre. Ce qui entraîne la mort de toute la végétation et, par conséquent, de tous les animaux !

Les États Unis d'Amérique sont devenus les États Unis de la Mort, terre grise et abandonnée, quasiment désertée de tous, dont les poubelles sont encombrés d'ossements, dont les routes sont arpentées par des survivants errant et décharnés, prêts à tout pour une paire de chaussure, un peu d'eau, un peu d'essence, un peu de nourriture. A tel point que certains s'organisent en bande de cannibales, chassant les êtres humains en rase campagne pour les dévorer sur le champ ou les entreposer dans d'ignobles gardes mangers humains.

La grande réussite de LA ROUTE est sans doute la transposition exacte de ce futur de cauchemar imaginé par Cormac McCarthy. Le sol est parcouru de secousses sismiques imprévisibles. Les arbres morts tendent vainement leurs branches desséchées vers un ciel gris parcouru d'orages inquiétants. Des autoroutes désertes dominent des villes abandonnées. LA ROUTE rend aussi avec soin les alternances entre moments cauchemardesques et instants de réconfort que le père et le fils partagent, par exemple lorsqu'ils découvrent un abri abandonné et garni de nourriture. Ce qui ne va pas, par moment, sans un regard un peu plus chaleureux, plus «facile», que celui du roman.

La synergie entre Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee, qui incarne son fils, est excellente. Le naturel du jeune acteur est irréprochable et jamais ses réactions ne paraissent manquer de vraisemblance. Plaçant au centre de cette odyssée infernale ce père et son fils, LA ROUTE s'avère toujours extrêmement fidèle à sa source littéraire, parfois même «au plan près» serait-on tenté de dire, par exemple lors de la rencontre avec le gang du camion. Au style écrit extrêmement dépouillé, presque desséché, du livre, John Hillcoat substitue une manière cinématographique trouvant un bon équilibre entre peinture impressionnante d'un pays transformé en gigantesque cimetière d'une part, et justesse émotionnelle retenue d'autre part, .

Au-delà d'un drame d'anticipation, LA ROUTE est avant tout un récit sur la continuité de la vie sur Terre, sur la transmission des notions d'humanité et de civilisation dans un monde à l'agonie, devenu un enfer terrestre. C'est par ces thèmes beaux et intelligemment déclinés que LA ROUTE touche à l'universalité et s'impose comme une indéniable réussite parmi la vague de films apocalyptiques ayant atteint récemment nos écrans.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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