Header Critique : MUTANT CHRONICLES

Critique du film et du DVD Zone 2
MUTANT CHRONICLES 2007

 

Dans un futur éloigné, la Terre a été ravagée par des guerres incessantes entre quatre corporations. Durant l'une des grandes batailles, une machine enterrée depuis des siècles est réactivée. Une armée de mutants menace alors l'existence de l'humanité qui préfère s'expatrier vers d'autres planètes. Mais une petite troupe de mercenaires est rassemblée pour tenter de détruire la machine infernale au cœur du territoire ennemi…

Au milieu des années 90, une entreprise suédoise de jeux, Target Games, s'associe à un fabricant et distributeur de jouets américain, Pressman Toy. Les deux sociétés visent à instaurer une franchise à même de déboucher sur toute une gamme de jeux. Ce sera Mutant Chronicles qui tire son origine d'un jeu ultérieur de la boîte suédoise. Le partenariat ne perdurera qu'une poignée d'années. De son côté Target Games va donc lancer tout d'abord un jeu de rôle Mutant Chronicles qui sera assez vite décliné sous la forme de jeux de plateau, de wargame avec figurines (Warzone), jeux de cartes (Doomtrooper…), jeux vidéos (Doomtrooper, aussi !), livres ou bandes dessinées. L'univers de science-fiction de la franchise va alors grignoter quelques parts de marché à Games Workshop qui édite, entre autres, une gamme Warhammer 40.000 qui s'avère très proche. Dans l'optique d'une grande expansion, un film est déjà prévu dans le courant des années 90. James Pressman, le patron de Pressman Toy, aide certainement à ce rapprochement cinématographique. En effet, son frère, Edward Pressman, est un producteur renommé à qui l'ont doit, entre autres, CONAN LE BARBARE ou encore BAD LIEUTNANT. Il s'écoulera tout de même une dizaine d'années avant que la maison de production d'Edward Pressman ne produise réellement le film dédié à Mutant Chronicles.

La réalisation est confiée au britannique Simon Hunter qui n'a réalisé jusque là que LE PHARE DE L'ANGOISSE, un métrage fort éloigné de l'univers de Mutant Chronicles. Enfin, la confection du film va s'étaler sur environ trois années dont près d'un an et demi de post-production en vue de finaliser tous les plans d'effets spéciaux ! Pour qui connaît l'univers de Mutant Chronicles, cela n'a rien de vraiment surprenant. Se déroulant dans un futur éloigné, l'univers suit les luttes de corporation à travers le système solaire. Pour le film, l'action se déroulera sur la Terre, planète dévastée et normalement abandonnée. Mais MUTANT CHRONICLES, le film, prend de méchantes libertés avec l'univers qu'il est sensé adapter. Le scénario reprend tout de même deux personnages qui étaient déjà apparus dans les jeux auparavant dont le héros Mitch Hunter interprété ici par Thomas Jane. Néanmoins, le métrage simplifie le contexte, resserre son action et surtout tord allégrement les événements dépeints dans les jeux. Peu importe, après tout, si le film est réussi. Malheureusement, cette adaptation se plante quelque peu en essayant de retranscrire à l'écran de manière très maladroite la richesse du jeu et l'action qui en découle. MUTANT CHRONICLES nous sert donc un mysticisme de bazar enrobé dans des dialogues le plus souvent ridicules. Peu importe, après tout, si le film nous balance de spectaculaires séquences de science-fiction. Hélas, la longue année de post-production ne porte pas des fruits très viables. Tourné selon les mêmes techniques que les CASSHERN, SKY CAPTAIN AND THE WORLD OF TOMORROW et 300, les images de MUTANT CHRONICLES sentent le fond d'écran numérique apposé derrière une poignée d'acteurs perdus au milieu d'un studio presque nu. Déjà artificiel de bout en bout, le cinéaste accentue encore cette impression en affichant quelques plans théoriquement impossibles (je passe à travers un trou, je survole le décor virtuel pour finalement me placer devant les acteurs). Le film aurait dû être spectaculaire mais il s'avère surtout assez souvent mal foutu. La réalisation de la bataille au début du film en est ainsi un parfait exemple avec deux les troupes de deux armées qui s'affrontent à coups de mitrailleuses, d'artilleries et des blindés. Le champ de bataille fait trop propre, trop lisse pour que l'on puisse ne serait-ce qu'y croire une seconde. Peu importe, après tout, si MUTANT CHRONICLES défouraille comme un dingue. Pas de bol, l'impression de voir un bidule artificiel n'aide pas un montage assez lâche. Les séquences d'action devraient avoir la pêche mais enchaînent mollement chacun des plans donnant souvent l'impression que tout n'a pas été réalisé au même instant. Les effets gores finissent d'enfoncer toujours un peu plus une mise en boîte qui paraît bien éloignée des autres métrages du genre. Les giclées de sang numériques font carrément tâches et c'est d'ailleurs un terme à prendre au sens littéral tant certaines éclaboussures donnent le sentiment d'avoir été ajouté à la va-vite par dessus l'image.

Si cela n'était pas clair jusqu'ici, MUTANT CHRONICLES est un vrai ratage cinématographique. Le film donne l'impression de n'être qu'à peine finalisé que ce soit au niveau du montage ou de ses effets spéciaux. Cela fait d'ailleurs un peu penser au A SOUND OF THUNDER de Peter Hyams qui avait connu de gros problèmes de production et qui s'était vu distribué avec des effets numériques abominables. Cela n'empêchait pas pour autant le métrage de fonctionner en faisant abstraction de ses défauts techniques. Même avec toute la bonne volonté du monde, il s'avère bien difficile de trouver de bons côtés à ce MUTANT CHRONICLES. Eventuellement, on pourrait évoquer un peu la machine qui transforme les êtres humains en mutants, sorte de mécanisme infernal pas mal inspiré de HELLRAISER 2. Mais à part cela, MUTANT CHRONICLES est plutôt indéfendable. Même les acteurs ne semblent pas tellement y croire, et particulièrement John Malkovich dans un petit rôle. Du coup, les adeptes des jeux Mutant Chronicles seront plutôt déçus de cette adaptation loupée alors que les autres ne pourront constater qu'un naufrage sur pellicule assez ahurissant.

M6 Vidéo distribue directement MUTANT CHRONICLES en vidéo. Le DVD propose le film avec un transfert 16/9. On aura beaucoup de mal à savoir si l'image manque de pêche à cause de la lourde post-production ou bien s'il s'agit d'un défaut de l'image. De même que l'on notera, dans les parties sombres, des soucis assez curieux. De notre côté, pour expliquer ces étrangetés, on penche pour un parti pris artistique et technique assez douteux. Le DVD ne faisant, à notre avis, que retranscrire ce qu'on lui donne. L'image offre, en tout cas, une définition de qualité. Les pistes sonores sont proposées en stéréo ou en Dolby Digital 5.1 que ce soit pour la version originale sous-titrée ou le doublage français. Si la version originale semble plus précise dans ses effets, dans tous les cas, le résultat paraît un peu mou à l'oreille.

Grand moment de cette édition DVD, les suppléments révèlent entre les lignes des étrangetés ! Ainsi, on a droit à un making-of, à la ligne directrice franchement floue et au titre un poil erroné, et à des bouts d'interviews des comédiens, du réalisateur et de deux des producteurs. Une fois que tout a été vu, on peut constater que le réalisateur est du genre à tenir quelques propos contradictoires. Les comédiens n'apportent rien d'intéressant. John Malkovich nous expliquera tout de même que jouer devant un fond vert ou dans un vrai décor, cela n'a pas d'importance puisqu'il suffit de jouer. Le comédien a sûrement raison mais sa prestation dans MUTANT CHRONICLES n'est certainement pas un bon exemple. Quoi qu'il en soit, la vision du making-of révèle surtout que la production ne savait pas trop où elle allait. On y fait assez souvent référence à des séquences tournées de nouveau, à des suppressions ou des remaniements concernant certains rebondissements. En ce sens, on peut d'ailleurs voir un petit bout d'une séquence qui n'est pas dans le film terminé. Révélateur, le making-of l'est aussi dans sa forme difficile à saisir puisque s'axant en grande partie sur les effets spéciaux pour ensuite bifurquer sur la musique ou la post-synchro et terminer sur le réalisateur. Un petit documentaire assez chaotique dans sa présentation ce qui est, au final, bien à l'image d'un MUTANT CHRONICLES qui semble lui aussi ne pas avoir eu de véritable maître à bord.

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Pas grand chose...
On n'aime pas
Un vilain ratage
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
1 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
THE MUTANT CHRONICLES DVD Zone 2 (France)
Editeur
M6 Video
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h47
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • L'univers de Mutant Chronicles (34mn04)
      • Interviews
      • Thomas Jane (4mn08)
      • Ron Perlman (3mn07)
      • Devon Aoki (2mn23)
      • John Malkovich (1mn20)
      • Simon Hunter (1mn59)
      • Fredrik Malmberg (0mn56)
      • Tim Dennison (0mn38)
    Menus
    Menu 1 : MUTANT CHRONICLES
    Autres éditions vidéo