Luc Deveraux et son supérieur Andrew Scott sont deux soldats américains en pleine guerre du Vietnam. Le premier n'aspire qu'à rentrer chez lui alors que le second a sombré dans la folie, laissant naître une paranoïa aux conséquences dévastatrices. Luc en payera le prix et les deux hommes finiront par s'entretuer… Quelques années plus tard, l'armée profite d'une prise d'otages pour dévoiler au monde l'existence de super-guerriers, les UniSols. En réalité, cette unité d'exception est constituée d'individus morts au combat et ressuscités grâce à la science. Luc et Andrew sont de ceux-ci. Reste que malgré les années et les modifications corporelles qu'il a subi, Andrew Scott demeure un malade prompt à donner la mort. L'un de ses «dérapages» éveillera chez Luc un souvenir résiduel et l'incitera à prendre la fuite en compagnie d'une journaliste. Malheureusement, le Sergent Andrew Scott reprend lui aussi ses esprits et entreprend de pourchasser le fugitif…
UNIVERSAL SOLDIER a cela d'intéressant qu'il aurait dû être tout autre.... Originellement confié à Andrew Davis, réalisateur du nerveux NICO qui révéla Steven Seagal, le film devait en effet se dérouler exclusivement sur une plateforme pétrolière. Davis avait par ailleurs à cœur d'imposer certaines de ses idées, comme par exemple des soldats entièrement mécaniques et à la peau transparente, ce qui expliquait le titre «Crystal Knights» alors envisagé. L'effet TERMINATOR 2 n'était sans doute pas étranger à ce genre d'idées «biomécaniques» et le réalisateur annonce même à l'époque qu'il va faire massivement usage des images de synthèse. Carolco Pictures, la société de production, ne voit pas cela d'un très bon œil et commence à devenir frileuse à la vue d'une addition qui n'a de cesse de gonfler. Elle envisage un temps d'oublier le projet UNIVERSAL SOLDIER mais préfère finalement faire appel à un autre réalisateur. Alors que son curriculum vitae ne compte qu'une poignée de films à petit budget, c'est l'Allemand Roland Emmerich qui sera nommé à ce poste. Particulièrement enthousiaste, le bonhomme traverse donc l'atlantique, apportant avec lui de nombreuses idées et participant activement à la réécriture du scénario. Cette nouvelle mouture sera davantage du goût de Carolco mais aussi des deux Stars du métrage…
En effet, UNIVERSAL SOLDIER est un projet bâti essentiellement sur la présence au casting de deux acteurs musculeux au potentiel commercial certain. Jean-Claude Van Damme vient alors d'accéder à la gloire en l'espace de trois ans seulement et s'affiche sans mal à la Une de tous les magazines cinéma ou sportif. Dolph Lundgren n'a pas le même statut mais reste dans l'esprit des gens l'incroyable Ivan Drago de ROCKY IV. L'idée de le retrouver à nouveau dans le rôle d'un «méchant» a donc de quoi séduire et attirer les foules. La promotion du métrage débutera très tôt et sera bien évidemment axée sur la confrontation entre les deux mastodontes. L'attente sera telle que Carolco y voit alors son blockbuster de l'été et avance la sortie du métrage au 10 juillet 1992 sur le territoire américain. Le succès sera au rendez-vous avec des recettes mondiales dépassant les 100 millions de dollars pour un investissement de 23 millions…
Aujourd'hui encore et malgré les années, UNIVERSAL SOLDIER reste un divertissement de qualité proposant son lot de séquences clef. L'ouverture au Vietnam, élément apporté par Emmerich, se montre par exemple particulièrement efficace et inventive. En quelques minutes seulement, le réalisateur parvient à brosser rapidement le portrait des deux protagonistes, coller au nez du spectateur un collier d'oreilles humaines et afficher le nom des acteurs sur l'image de leur cadavre ! La prise d'otages au barrage de Hoover offre pour sa part quelques secondes d'images hallucinantes, celles d'une descente en décalade (rappel australien, l'individu descendant face au sol) sur plus de 200 mètres. Dans le même ordre d'idée, Emmerich déplace son équipe au bord du Grand Canyon afin d'y tourner là encore des images spectaculaires (la poursuite en camion) pour un coût très limité…
UNIVERSAL SOLDIER est par ailleurs de ces films qui sentent bon les années 80 / début 90, délivrant quelques lignes de dialogues bien senties ainsi que quelques touches d'humour auxquels les deux acteurs n'étaient alors pas habitués. La scène du restaurant nous dévoile ainsi un Van Damme en total décalage, davantage intéressé par son assiette que par les molosses qui l'entourent. Dans un registre plus noir, Lundgren propose de «jouer à la balle» alors qu'il s'amuse à balancer des grenades ! Le ton est donc globalement décontracté, offrant à l'action un aspect agréable à la limite du cartoon. L'omniprésence du second degré ne nuit cependant pas à la dynamique d'un métrage qui n'offre en réalité que peu de répit au spectateur. Cette action frénétique et «bigger than life» deviendra du reste la marque de fabrique d'un Roland Emmerich qui n'aura de cesse, par la suite, de pousser le bouchon toujours plus (trop ?) loin…
A sa sortie en salle, certaines affiches d'UNIVERSAL SOLDIER citaient TERMINATOR 2 et RAMBO, deux des plus gros succès de Mario Kassar, ponte de Carolco. En réalité, le film d'Emmerich n'a ni l'envergure, ni l'ambition de ces deux métrages. Il n'en demeure pas moins agréable et divertissant, traversant les années avec une aisance dont ne peuvent pas se targuer tous les blockbusters de cette époque… En 1998, le film connaîtra deux piètres suites vidéo dans lesquelles Luc Deveraux et Andrew Scott (et oui !) seront interprétés sans talent par Matt Bataglia et Andrew Jackson. Jean-Claude Van Damme reprendra son rôle pour un métrage qui sortira en salle l'année suivante et ce pour un résultat distrayant. Cet opus va connaître en 2010 une nouvelle suite dans laquelle Lundgren et Van Damme reprendront leur rôle respectif. Voilà donc l'occasion rêvée pour se replonger dans la saga et redécouvrir le film qui propulsa Roland Emmerich au rang de réalisateur vedette, maître incontestable de la destruction massive et du divertissement décomplexé.
Après deux éditions DVD, Studio Canal décide d'offrir à UNIVERSAL SOLDIER un traitement en haute définition. Le premier contact avec les menus s'avère assez inquiétant puisque les portions de métrage qui y sont dévoilées sont d'une qualité réellement déplorable, faisant preuve d'une rémanence inqualifiable. Fort heureusement, la donne sera toute autre lors du lancement du film avec une copie 1080p d'UNIVERSAL SOLDIER tout simplement magnifique. La définition est exemplaire, l'image particulièrement stable (exception faite de la scène d'atterrissage du gros-porteur), les couleurs chaudes et la copie se montrent globalement très propres. La texture de l'image est très agréable et propose un rendu très «cinéma», bluffant et pour tout dire inespéré…
Sur le plan sonore, la galette n'est pas en reste. Il faut rappeler qu'UNIVERSAL SOLDIER est le dernier métrage à avoir été tourné en CDS (Cinema Digital Sound), une technologie multi-canaux qui connut sa courte heure de gloire au début des années 90, avant d'être supplantée par le DTS en 1993. Le CDS fût à l'époque utilisé pour de grosses productions telles que JOURS DE TONNERRE ou TERMINATOR 2. La piste originale DTS HD Master Audio offerte aujourd'hui sur le Blu-ray n'est donc pas le fruit d'une spatialisation hasardeuse mais bel et bien d'un travail mené lors de la production du film. Toutes vos enceintes seront donc sollicitées mais l'ensemble restera plutôt sobre et bien loin des standards actuels en terme de décibels. N'y voyez pas là un reproche, la bande son d'UNIVERSAL SOLDIER étant au contraire limpide et très agréable à l'écoute. La nostalgie vous poussera peut être à favoriser le doublage français, lui aussi proposé en DTS HD Master Audio. Celui-ci se montre moins dynamique mais tout aussi clair et divertissant, retranscrivant parfaitement les quelques traits d'humour du film.
Attaquons la section des suppléments mais signalons tout d'abord que la politique de l'éditeur a récemment changé et que si le coût de ses titres «catalogues» reste sous la barre des vingt euros, les bonus répondent maintenant présents ! C'est donc ici le cas avec un contenu éditorial plutôt riche, supplantant assez largement celui des éditions DVD précédentes…
Le premier making-of s'intitule «Flingues, gènes et machines à tuer» et croise assez habilement des interviews de Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Roland Emmerich et du scénariste Dean Devlin. L'ensemble s'étend sur presque vingt minutes et se montre pertinent de bout en bout. Les deux Stars jettent un regard critique et amusé sur ce qu'ils étaient dix ans plus tôt, admettent certains de leurs travers et notamment la rivalité amicale qui les animait alors. Les interviews datent cependant d'une poignée d'années et Van Damme était alors dans sa période «étrange». Il ne nous épargnera donc pas le pamphlet traitant de la perfection de son arrière-train et de sa capacité à casser des noix avec. Nous regretterons bien évidemment l'absence d'images étayant ses dires… Roland Emmerich se montre pour sa part tout aussi amusé, parlant de ses collaborateurs d'alors avec beaucoup de sympathie. Au-delà de ça, le documentaire apporte son lot d'images et de vidéos prises sur le tournage et d'informations quant à la production du film.
Dans le second documentaire, les deux stars du film remontent le temps et nous content leur enfance, leur apprentissage des arts martiaux, leur arrivée aux Etats-Unis et leurs débuts au cinéma. On y évoque les succès mais aussi quelques coups durs. L'ensemble n'est pas dénué d'intérêt et devrait contenter les amateurs, même si l'on déplorera la présence de quelques images d'un goût douteux (le "clone" de Eastwood).
En plus des deux documentaires évoqués, le Blu-Ray apporte avec lui la fin alternative du film, nettement plus tragique. Jugée trop courte et trop sombre, celle-ci sera modifiée deux semaines plus tard grâce au tournage de nouvelles séquences d'action. Van Damme y placera alors ses fameux coups de pieds sautés et l'usage d'anabolisants deviendra décisif... Particulièrement intéressante, cette première fin mérite largement le coup d'oeil malgré sa piètre qualité technique et le fait qu'elle ne soit ici proposée qu'en définition simple via un encodage 4/3.
Le Blu-Ray reprend par ailleurs le commentaire audio déjà présent sur l'édition DVD précédente. Celui-ci donne la parole à des Van Damme, Lundgren, Emmerich et Devlin particulièrement en forme, délivrant un maximum d'anecdotes sur toute la durée du film. Pas de grosses révélations ici mais de nombreux détails amusants ainsi que quelques pincées d'une nostalgie sincère et agréable. Loin d'être indispensable, ce commentaire s'écoute cependant sans déplaisir, offrant un complément d'information à ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur la production d'UNIVERSAL SOLDIER.
A cela s'ajoute la bande annonce, ici proposée dans une qualité exécrable, ainsi que des modules de réglage de votre installation audio et vidéo. Nous noterons malheureusement la disparition de la galerie de photos pourtant présente dans la dernière édition DVD de Studio Canal.