Trois ans après LA MONTAGNE ENSORCELEE, le studio Disney sort une suite de ce film mettant à nouveau en scène Tia et Tony, les deux enfants venus d'un autre monde. Si LA MONTAGNE ENSORCELEE était l'adaptation d'un roman pour la jeunesse, il faut, pour sa suite, écrire un récit totalement original, ce dont se charge Malcom Marmorstein, déjà auteur du scénario de PETER ET ELIOTT LE DRAGON. L'anglais John Hough rempile à la mise en scène. Les jeunes acteurs vedettes Kim Richards et Ike Eisenmann font leur retour, ainsi que, pour une courte apparition, Denver Pyle, qui incarne leur oncle d'outre espace.
Qui dit nouvelle histoire dit aussi nouveaux méchants. Et là, LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE frappe fort. Pour succéder à Ray Milland et Donald Pleasence, sont réunis deux monstres sacrés de la terreur : Christopher Lee, le Dracula de la Hammer, et Bette Davis, ex superstar de la Warner recyclée en vieille dame inquiétante depuis QU'EST-IL ARRIVE A BABY JANE ? en 1962 ! Les deux spécialistes de l'angoisse se voient même adjoindre un complice en la personne d'Anthony James, mémorable croque-mort dans le TRAUMA de Dan Curtis !
Quelques années après avoir retrouvé leur famille à la montagne ensorcelée, Tia et Tony sont emmenés par leur oncle à Los Angeles afin d'y passer quelques jours d'agrément. L'excursion tourne au drame lorsque Tony est capturé par des malfaiteurs : Victor, savant mégalomane ayant mis au point un système permettant de téléguider les individus contre leur volonté, et Letha, sa «mécène» obsédée par l'argent. Avec l'aide des pouvoirs de Tony qu'ils manipulent, ces mauvais sujets commettent toutes sortes de crimes. Tia, aidée par une bande d'enfants des rues, fait quant à elle tout son possible pour libérer son frère de l'emprise malfaisante.
Si l'essentiel de LA MONTAGNE ENSORCELEE se déroule dans la campagne californienne, nous promenant sur la côte ou dans des collines verdoyantes, LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE se distingue par son cadre totalement urbain. Afin de renouveler la série, les aventures de Tia et Tony s'inscrivent tout de suite dans un Los Angeles citadin, avec ses canaux, ses terrains vagues, son stade du Rose Bowl, ses musées et ses installations électriques. De nouveaux personnages font leur apparition, tels ces méchants forts en gueule se déplaçant au moyen d'une DS noire, forcément décalée dans un environnement californien. Jason O'Day, le gentil voyageur qu'incarnait Eddie Albert dans le premier film, est remplacé par des alliés inédits : une bande de petits garçons se croyant plus redoutables qu'ils ne sont vraiment ; et un éducateur, Monsieur Yokomoto, remuant ciel et terre pour les ramener sur les bancs de l'école.
Le moteur principal de l'intrigue est, nous l'avons vu, le kidnapping de Tony par des méchants décidés à exploiter ses super-pouvoirs (sa capacité à déplacer les objets à distance). Ainsi, ils cambriolent avec son aide un trésor stocké dans un musée ou, pire encore, rançonnent l'État de Californie en menaçant de faire exploser une installation atomique en plein cœur de Los Angeles ! Ces péripéties donnent lieu à de l'action et à des manifestations de pouvoirs surnaturels en tous genres. Ainsi, nous assistons à une poursuite mouvementée en plein Los Angeles, ou nous voyons Tony semer la panique dans un musée en animant les mannequins d'indiens et de cowboys d'une exposition !
Toutefois, LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE s'avère un récit fantastique plus conventionnel que son prédécesseur. Les éléments de science-fiction sont moins mis en avant que dans LA MONTAGNE ENSORCELEE, les sentiments de menace et de mystère sont plus légers, plus discrets. Le ton se tourne vers la comédie fantastique, avec nettement plus de personnages humoristiques. Ici, Disney renoue avec un style plus familial et traditionnel.
Si le ton est plus classique et plus léger, LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE paraît toutefois cinématographiquement plus abouti que son prédécesseur. Plus tourné vers l'action, le métrage s'avère plus dynamique, les trucages de plateau plus réussis (même si les effets optiques restent très passables). Et, surtout, les acteurs enfants semblent plus à l'aise. Enfin, avouons que la présence du tandem Christopher Lee / Bette Davis, réjouissants en méchants grimaçants, apporte un vrai supplément pour l'amateur de fantastique. Il s'amusera du cabotinage sans retenue de nos deux monstres sacrés !
Alors, oui : LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE s'avère prévisible, son style cinématographique est convenu, sans surprise. Mais il contient tout de même cette petite touche de fantaisie un peu insouciante, caractéristique des plus agréables divertissements Disney. Il mérite donc, à notre sens, une meilleure réputation que celle qui lui est généralement attachée !
Sorti peu après LA GUERRE DES ETOILES et RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE ne connaît pas un très bon accueil. Et il n'y aura pas de nouvelle suite donnée à ce cycle... Au cinéma tout du moins !
Car en 1982, le studio Disney tourne un nouvel épisode pour le petit écran : le téléfilm BEYOND WITCH MOUNTAIN, sans Kim Richards et Ike Eisenmann, mais marquant le retour de Eddie Albert. En 1995, toujours pour la télévision, ESCAPE TO THE WITCH MOUNTAIN avec Robert Vaughn, Brad Dourif et Vincent Schiavelli, adapte à nouveau le roman d'Alexander Key ayant servi de base à LA MONTAGNE ENSORCELEE. Et cet ouvrage connaîtra une troisième adaptation en 2009, pour le cinéma cette fois, avec un RACE TO THE WITCH MOUNTAIN, interprété cette fois par Dwayne «The Rock» Johnson !
Signalons enfin que, en 2002, Ike Eisenmann, devenu technicien spécialisé dans le son, réalise un hommage amusé à LA MONTAGNE ENSORCELEE nommé THE BLAIR WITCH MOUNTAIN PROJECT, dans lequel il apparaît dans le rôle de Tony en compagnie de Kim Richards qui reprend celui de Tia, 17 ans après le film original !
En DVD, LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE a suivi un destin très comparable à celui de LA MONTAGNE ENSORCELEE. En Zone 1, il a connu deux éditions différentes, fournies en suppléments, en 2003 puis 2009. En France, il n'a eu qu'une édition économique, très simple et dépouillée d'interactivité, mais néanmoins pourvue de la version française et de sous-titres dans la même langue.
L'édition que nous chroniquons ici est le disque Zone 1 déjà présenté dans la chronique de LA MONTAGNE ENSORCELEE. Dénué de bonus, il a le gros avantage de réunir les deux films sur un seul DVD double couche.
L'image des VISITEURS D'UN AUTRE MONDE est présentée en 1.75, anamorphosée pour écran 16/9. Elle s'avère d'une qualité très comparable à celle de LA MONTAGNE ENSORCELEE, voire légèrement meilleure. Dénué de traces de compression, ce DVD offre une image «cinéma» très naturelle, aux couleurs agréables et à la définition convenable. La copie est particulièrement propre, seuls les plans optiquement truqués trahissant – logiquement – une granulation très lourde. Nous regrettons juste, de loin en loin, des contours parasités par l'emploi de technologie numérique destiné à «améliorer» la définition de certains éléments, et qui laisse des traces visibles gênantes, tel un doublement des contours. Cette technologie pouvait passer inaperçue sur des téléviseurs de 60 centimètres de diagonale, mais, aujourd'hui, ces anomalies sautent aux yeux des spectateurs équipés d'écran de 40 pouces ou plus !
La bande-son est disponible en anglais dans un remix 5.1 sans grand intérêt, dénué de toute directivité, se contentant d'ajouter des réverbérations ou une spatialisation moyennement naturelle. La piste mono d'origine aurait tout aussi bien fait l'affaire. Le DVD propose aussi les doublages français et espagnol dans leurs mixages mono d'origine, et de bonne facture. Un sous-titrage anglais pour malentendants est aussi proposé.
Comme nous l'avons vu, cette édition ne propose pas de supplément dédié au film lui-même. Il s'agit avant tout d'une édition économique permettant de découvrir ou de redécouvrir, dans de bonnes conditions techniques, LA MONTAGNE ENSORCELEE et LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE.
