Critique du film
LILI LA PETITE SORCIERE, LE DRAGON ET LE LIVRE MAGIQUE 2009

A plus de quatre cents ans, Elvière décide de confier son livre magique à une autre sorcière. Sa tâche sera de s'assurer qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains. Justement, le méchant Hieronymus multiplie déjà les stratagèmes pour s'emparer du livre. Le petit dragon Hektor emporte le recueil de sorts, en quête d'une nouvelle gardienne. Son voyage le mènera chez la jeune Lili…

Grâce au succès des adaptations cinématographiques du Harry Potter de J.K. Rowling, les univers Fantastiques, issus de la littérature ou d'autres oeuvres pour la jeunesse, suscitent l'intérêt des producteurs. Mais pas seulement chez les Anglo-saxons. L'Allemagne a, en effet, déjà produit deux longs métrages dédiés à Bibi Blocksberg. Toutefois, BIBI BLOCKSBERG, L'APPRENTIE SORCIERE, le premier du nom, a de quoi faire fuir les spectateurs avec ses horribles numéros musicaux et un récit d'une pauvreté confondante qui le place au même niveau que les fées italiennes du WINX CLUB. Forcément, l'inquiétude pointe à l'arrivée de LILI LA PETITE SORCIERE, LE DRAGON ET LE LIVRE MAGIQUE. Pourtant, cette adaptation cinématographique de Magic Lili, une série d'ouvrages à destination des petites filles d'une dizaine d'années, s'avère plutôt sympathique.

Bizarrement, la réalisation de LILI LA PETITE SORCIERE, LE DRAGON ET LE LIVRE MAGIQUE est assurée par un cinéaste qui a deux films d'horreur plutôt réussis dans sa filmographie, ANATOMIE et ANATOMIE 2. Mais Stefan Ruzowitzky a aussi remporté l'Oscar du Meilleur Film Etranger avec LES FAUSSAIRES. C'est donc encore plus curieux de voir le cinéaste autrichien enchaîner avec un film pour enfant aux prétentions scénaristiques très limitées. Car soyons réaliste, même si le métrage est plutôt amusant, il risque d'avoir un peu de mal à séduire complètement un autre public que les enfants. Il n'en reste pas moins que ce LILI LA PETITE SORCIERE, LE DRAGON ET LE LIVRE MAGIQUE renoue avec les programmes de la jeunesse des années 70/80 et semble bien peu influencé par les modes actuelles. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le film s'avère assez agréable en chatouillant un brin la fibre nostalgique. Certes, l'humour est loin d'être d'une grande finesse, mais plusieurs passages sont plutôt amusants tels que les premiers essais d'une Lili découvrant de manière sceptique la sorcellerie. L'incursion d'une magie mal maîtrisée dans le quotidien de la fillette, par exemple dans une salle de classe, provoque ainsi d'étranges résultats. La première partie du film, celle qui nous présente les personnages, est la plus réussie. La suite a hélas tendance à devenir redondante, ou à se laisser aller à une certaine facilité manquant cruellement d'ambition. D'ailleurs, hormis son dragon en image de synthèse, le film de Stefan Ruzowitzky ne donne pas vraiment l'impression de voir un métrage forgé pour le grand écran.

Le petit dragon de LILI LA PETITE SORCIERE, LE DRAGON ET LE LIVRE MAGIQUE est, en tout cas, une très belle réussite. Sans être géniale, son interaction avec les acteurs est bien réalisée. Mais ce sont surtout ses mimiques et sa caractérisation qui le rendent bien vivant et rigolo. Les autres comédiens, plus réels, sont pour la plupart bien moins convaincants, voire même transparents. Trois ou quatre personnages sont vraiment marquants et donnent l'occasion aux acteurs de briller plus que les autres. Le rôle principal, évidemment, tenu par La jeune Alina Freund qui assure un bien meilleur boulot que la plupart des autres enfants du métrage. Mais aussi Ingo Naujoks qui en fait des tonnes en interprétant Hieronymus. Carrément exagéré, il incarne un ringard se baladant en robe de chambre ou sous des déguisements magiques qui finissent par s'étioler. Une vraie caricature du vilain de spectacle pour enfants qui est bien plus bête que véritablement maléfique et inquiétant. Sur la longueur, le personnage n'est pas toujours drôle car suivant toujours irrémédiablement, ou presque, une même recette.

LILI LA PETITE SORCIERE, LE DRAGON ET LE LIVRE MAGIQUE n'a pas que des qualités, bien au contraire, et il se fait un peu inégal par endroits pour peu que l'on soit un adulte prompt à la critique. On pourra d'ailleurs tiquer face à la mise en avant très publicitaire d'une console Nintendo utilisée de façon peu réaliste. Mais il s'agit aussi d'un métrage totalement dénué de prétention osant la simplicité et ce même à grands renforts de sorts magiques aux effets surréalistes. Pour vraiment l'apprécier, il faudra néanmoins entrer dans la salle avec au bout de la main un enfant de six à dix ans.