Header Critique : ULTIMATE GAME

Critique du film
ULTIMATE GAME 2009

 

Devenu en quelques années le grand magnat du jeu vidéo en ligne, Ken Castle crée une forte polémique avec Slayers. Des joueurs ont ainsi la possibilité de s'affronter dans un jeu violent mais, particularité, ils dirigent complètement les faits et gestes de condamnés à mort. Devenus des pantins s'entre-tuant sans avoir la possibilité de réagir autrement que par des ordres extérieurs, leur participation est régie par une libération dans le cas où il viendrait à remporter trente parties d'un jeu retransmis en direct à la télévision. Avec 27 victoires, Kable est donc proche d'une réhabilitation et le joueur qui le dirige, Simon, est à présent devenu une star !

Mark Neveldine et Brian Taylor se sont associés pour mettre en image le très barré HYPER TENSION. Ce dernier va d'ailleurs être un tel succès que le duo de cinéaste sera amené à réaliser une suite, CRANK : HIGH VOLTAGE, alors que les effets spéciaux numériques de ULTIMATE GAME sont en cours de fabrication. Entre leurs deux thrillers d'action très déjantés, ils vont donc mettre en boîte les prises de vue d'un film d'anticipation et de science-fiction se déroulant dans un futur proche. Largement plus ambitieux, GAME puis THE GAME ou CITIZEN GAME deviendra GAMER avant de subir un ultime changement de titre «francophone» pour sa distribution dans nos contrées. Mark Neveldine et Brian Taylor ont, cette fois, l'occasion de traiter de manière directe l'univers du jeu vidéo qui était déjà présent par petite touche dans HYPER TENSION.

Le futur dépeint dans ULTIMATE GAME extrapole sur certains jeux existants déjà aujourd'hui. Il y a plus d'une vingtaine d'années, Little Computer People permettait aux joueurs de diriger un personnage dans sa vie quotidienne. Le concept sera repris et développé avec un succès sans commune mesure dans Les Sims qui deviendra l'une des franchises les plus vendues au monde dans le domaine du jeu vidéo. La démocratisation d'internet verra aussi éclore des univers virtuels où les utilisateurs sont amenés à vivre une existence parallèle comme dans Second Life. A partir de là, ULTIMATE GAME fait un petit pas vers la science-fiction et nous présente le même type de jeu où des êtres humains deviennent les marionnettes de joueurs ayant l'envie de vivre par procuration une existence pleine de fantasmes et de frustration. Contre une rémunération, des «avatars» très réels perdent alors le contrôle de leur corps et le placent entre les mains de ceux qui paient pour leur faire subir tout ce qui leur passent par la tête, humiliations et jeux sexuels étant de rigueur. Un jeu déjà moralement très discutables mais qui passe un cap avec «Slayers» qui expose un véritable carnage humain à coup de mitrailleuses et de grenades en utilisant toujours de véritables êtres humains comme de la chair à canon contrôlée à distance.

Evidemment, Mark Neveldine et Brian Taylor portent un regard critique et mettent en avant les travers du système avec la finesse d'un catcheur mexicain. Sur le fond, ULTIMATE GAME est plutôt intéressant mais le duo de cinéastes traite son sujet de la même façon que HYPER TENSION. C'est à dire avec une grande désinvolture et en cultivant le mauvais goût. Les quelques rares passages réussis du film côtoient ainsi la bêtise en accumulant incongruités et séquences sous exta. Mais, à l'évidence, l'adage de la paire Mark Neveldine et Brian Taylor est «le ridicule ne tue pas». Ceux qui ont été séduits par HYPER TENSION y retrouveront ainsi quelques rebondissements scénaristiques franchement à la masse comme cette procédure très particulière de faire le plein de carburant d'un véhicule. Le point de non-retour sera atteint lors d'un épilogue musical avec, en vedette, Michael C. Hall où les limites du ridicule seront justement très largement dépassées. A partir de là, impossible de ne pas reconnaître aux deux co-scénaristes et co-réalisateurs de ne pas avoir leur propre univers et de ne pas essayer de tisser une filmographie cohérente dans la connerie. Mais il faut surtout constater qu'à moins d'être réceptif à leur style, ils viandent dans les grandes largeurs un sujet qui aurait été passionnant avec un traitement moins bordélique et puéril. Surtout que si Mark Neveldine et Brian Taylor semble apprécier la culture vidéo ludique, l'image qu'ils donnent des joueurs dans ULTIMATE GAME se résume à de grossières caricatures : le gosse de riche et l'obèse pervers. Dans le mauvais goût le plus assumé, le film se pare souvent d'une esthétique acidulée et rococo voulant se rapprocher, on suppose, des stylistes des années 60 et particulièrement Paco Rabanne. A l'écran, le fond et la forme polymorphe de ULTIMATE GAME provoque une véritable dépression artistique. En tout cas, le résultat est loin de laisser indifférent et permettra de passer par divers états : ennui, exaltation, rire et consternation !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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