Pendant qu'un criminel se nommant le Joker braque des banques, Batman préfère s'intéresser non pas à un homme seul mais au crime organisé. Avec l'aide des forces de police et d'un procureur réputé incorruptible, il s'attaque donc à la mafia en prenant comme cible le blanchiment de l'argent.
Depuis sa création à la fin des années 30, le personnage de Batman a connu pas mal d'évolutions, métamorphoses et adaptations toutes plus officielles les unes que les autres. A partir de ce constat, il est impossible d'aborder bêtement BATMAN BEGINS et THE DARK KNIGHT en essayant de le comparer à une œuvre antérieure. Même lorsque Tim Burton reprend le personnage en 1989, il n'est pas plus fidèle à la toute première bande dessinée que ne peuvent l'être aujourd'hui les nouvelles aventures dessinées de l'homme chauve souris. Partant du concept et de la plupart des idées mises en place à l'origine, le personnage de Batman traverse les époques et s'adapte aux personnalités de ceux qui le couchent sur papier ou sur un écran. Ce sera donc le cas pour BATMAN BEGINS et THE DARK KNIGHT où le scénariste David S. Goyer et le réalisateur vont donc être amenées à proposer leur version du justicier milliardaire combattant le crime suite à la mort de ses parents. Cela n'empêche pas pour autant les cinéastes de piocher leur inspiration dans l'œuvre originale, celle de Bob Kane, mais aussi des aventures dessinées bien plus récemment.
Dès le départ, David S. Goyer avait d'ailleurs écrit cette nouvelle mouture de Batman sous la forme d'une trilogie. Toutefois, dans ce second opus, Christopher Nolan va prendre de l'avance et intégrer le personnage de Harvey Dent à une intrigue qui aurait dû être, au départ, entièrement dévolue au Joker. Ces deux personnages, comme la plupart de ceux qui gravitent autour de Batman, prennent leurs origines directement dans la bande dessinée originale de Bob Kane. Toutefois, THE DARK KNIGHT fait curieusement le choix de ne pas nous montrer la genèse du Joker, laissant ainsi toute une part du mystère de ce tortueux personnage se proclamant lui-même comme une part indispensable de Batman. Pour que le bien existe, il faut que le mal soit présent et inversement. Une réflexion qui n'a rien de vraiment nouveau et qui fut déjà exploitée par le passé dans le domaine des super héros ne serait-ce que dans INCASSABLE, probablement et de loin le meilleur film de M. Night Shyamalan. Dans THE DARK KNIGHT, le Joker évoque aussi que dans des circonstances similaires, tout le monde pourrait devenir comme lui. Ce qui renvoie directement au troisième personnage prépondérant du film. Car contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'intrigue se cristallise sur l'ascension et la chute de Harvey Dent. Homme droit, bras incorruptible de la justice qui bascule vers les ténèbres. La personnalité bien connue qu'il va devenir par la suite s'avère être l'addition du héros, Batman, et de son adversaire, le Joker. THE DARK KNIGHT est ainsi entièrement dévolu à ce combat incessant entre le bien et le mal dans le choix de nos actions. Présente tout au long du film, cette idée culmine, en quelque sorte, dans un chantage très particulier mettant en présence deux bateaux, l'un étant occupé par des criminels (les mauvais) et l'autre des citoyens lambda (les bons). Mais cette dualité, on la retrouve directement dans son personnage principal, Batman, qui use de méthode s'éloignant de l'intégrité de la justice : torture, passage à tabac ou encore surveillance à la Big Brother. Son héros en est d'ailleurs totalement conscient, sa croisade masquée n'ayant rien d'un exemple à suivre, ce qui mène à l'inévitable conclusion de l'intrigue. Batman n'est pas un héros dans le sens noble du terme mais un mal nécessaire à défaut de «mieux».
A peu près deux heures et demi, c'est la durée sur laquelle s'étale THE DARK KNIGHT. La narration prend donc bien le temps de présenter ses personnages, placer les enjeux et dresser le décor de sa tragédie. L'approche pourra d'ailleurs un peu surprendre, pour une histoire de super héros, puisque les séquences d'action ne se multiplient pas pour être en adéquation avec la durée du film. Les séquences spectaculaires bel et bien présentes mais THE DARK KNIGHT prend justement le parti de ne pas tomber dans les travers de ce type de métrage. Généralement affiliés à un guignol en collants, le super héros vu par Christopher Nolan offre ainsi une facette plus réfléchie, donc plus mature, à même de dépasser le simple cadre des aficionados. Le rôle principal est toujours interprété par Christian Bale et l'on retrouve autour de lui les acteurs incarnant les personnages principaux dans le premier film : Michael Caine, Morgan Freeman, Gary Oldman, Cillian Murphy… Il y a néanmoins un changement de taille puisque l'actrice Katie Holmes décide de quitter le navire pour tourner un autre film. Elle est donc remplacée par Maggie Gyllenhaal sans que cela n'ait de véritable impact sur THE DARK KNIGHT. A leurs côtés, on notera aussi l'excellent Aaron Echhart qui prête ses traits au personnage d'Harvey Dent, Eric Roberts en mafieux et Heath Ledger dans le rôle du Joker. Ce dernier décédera quelques mois après le tournage à l'âge de 28 ans. THE DARK KNIGHT lui sera donc naturellement dédié en compagnie de Conway Wickliffe, technicien hélas décédé dans un accident de voiture pendant que le film était en production.
BATMAN BEGINS avait connu une distribution dans les salles IMAX avec un certain succès. Pour cette suite, il a donc été décidé de tourner spécifiquement plusieurs séquences avec des caméras IMAX. Le but étant de proposer une expérience unique pour qui verrait THE DARK KNIGHT dans une salle à même de projeter le film dans ce format. Pour les salles traditionnelles, les séquences en question ont été recadrées et transférées dans un format large plus traditionnel et en 35mm standard, perdant au passage le niveau de profondeur des images IMAX. Sur le DVD, le film est donc proposé entièrement dans «son» format cinéma avec un transfert 16/9. On retrouve donc le film tel qu'on a pu le voir dans des salles de cinéma «normales». Mais on peut retrouver sur le deuxième DVD les séquences IMAX dans leur intégralité, avec piste Dolby Digital 5.1 anglaise, telles que projetées, cette fois, dans les salles équipées pour ce format et donc dans un format très différent. L'ajout est intéressant même s'il ne faut pas s'attendre à retrouver la résolution inégalée d'une projection IMAX. Apparemment, sur les éditions Blu-ray, le film serait présenté avec des changements de format entre séquence IMAX et séquence tournées en 35mm. De même, il semblerait qu'il y ait bien plus de suppléments sur le Blu-ray mais nous n'avons pas pu le vérifier puisque nous n'avons pas eu le disque haute définition entre les mains.
Passé ces histoires de format, THE DARK KNIGHT propose une image de bonne qualité. Néanmoins, on pourra se plaindre que le transfert paraisse un peu sombre ce qui par endroit ne semble pas rendre entièrement justice aux nuances du spectacle tel que vu dans les salles de cinéma. Le film est proposé avec le choix entre la version originale anglaise ou bien le doublage français, les deux en Dolby Digital 5.1. Les pistes sonores sont plutôt percutantes et s'avèrent d'excellente facture. Evidemment, un sous-titrage français est présent pour suivre, si on en a besoin, la version originale.
Sur le deuxième DVD, les suppléments nous proposent comme évoqué précédemment de suivre les séquences IMAX dans leur format original. Dans un genre plus ou moins similaire, il est possible de suivre les actualités qui sont le plus souvent diffusées sur les télévisions dans le film. Cela permet ainsi de voir dans leur intégralité ces informations qui viennent, parfois, amener des détails difficiles à cerner lors d'une vision normale du film. Plus commun, le disque nous propose cinq Featurettes s'intéressant chacune à différents aspects de la création du film. Les plus intéressantes sont purement techniques et sont celles dédiées au tournage en IMAX, même si cela s'avère un peu survolé, au tournage des cascades ou encore la composition de la musique. Toutefois, le tout s'avère plutôt plaisant à regarder et l'on peut ainsi découvrir, par exemple les répétitions avec la moto très particulière de Batman et un cascadeur la conduisant en plein jour et sans le costume du justicier. Le contenu éditorial s'avère donc plutôt sympathique mais il semblerait que le Blu-ray soit plus fourni même s'il est difficile de jauger la qualité des bonus manquants. L'interactivité de ce deuxième DVD se clôt avec des galeries de photos, entre dessins pour le design ou photos de tournage, ainsi qu'une panoplie de bandes-annonces et spots TV.
