Le porte-avions USS Nimitz part naviguer en mission de routine sur l'Océan Paficique. Mais le navire est pris dans un phénomène climatique qui perturbe momentanément les instruments et l'équipage. Bien vite, les officiers vont découvrir qu'ils n'ont pas fait que traverser une étrange tempête mais qu'ils ont remonté le temps pour se retrouver en 1941 à la veille de l'attaque de Pearl Harbour…
Au milieu des années 50, Kirk Douglas va devenir le père d'un troisième enfant mais aussi celui d'une maison de production à laquelle il va donner le prénom de sa mère, Bryna. Peter Douglas et Bryna Productions vont donc, en quelques sortes, grandir ensemble. A la fin des années 70, Bryna Productions va produire un film assez curieux en regard des autres métrages entrepris jusque là. En effet, si cette maison de production a déjà monté des sujets militaires comme LES SENTIERS DE LA GLOIRE ou L'OMBRE D'UN GEANT, la science-fiction lui est carrément étrangère. Le projet va se faire sous la houlette de Peter Douglas qui assumera pour la première fois la production d'un long métrage. Il retentera d'ailleurs l'expérience du cinéma Fantastique en supervisant LA FOIRE DES TENEBRES, en coproduction avec Disney, avant de s'orienter vers des sujets moins «fantaisistes». Assumer pour la première fois le rôle de producteur sur un film tel que THE FINAL COUNTDOWN n'a rien de banal. Le sujet du film demande la mise en œuvre de gros moyens à même de porter à l'écran l'ampleur du récit. A l'évidence, le nom de Kirk Douglas a dû tout de même aider à ouvrir quelques portes et particulièrement celles de la Marine américaine. A l'époque, il n'est pas question de duper le spectateur avec des images de synthèse ce qui sous-entend de tourner en studio avec de vilaines maquettes ridicules d'un porte-avions ou bien d'aller réellement filmer un navire de guerre américain. Cependant, en fonction des sujets, les militaires américains sont amenés à refuser leur assistance comme ce fut le cas à plusieurs reprises comme sur LE DERNIER RIVAGE de Stanley Kramer. Mais THE FINAL COUNTDOWN a plutôt tendance à plaire à la marine qui y voit un bon véhicule de recrutement puisque le film représente les officiers de façons positives tout en captant le quotidien à bord d'un navire. Les caméras vont donc tourner, dans le courant de l'année 1979, sur un vrai porte-avions en pleine mer mais pas vraiment sur le bon océan. En effet, la plupart des séquences en mer seront en réalité tournées au large de l'Océan Atlantique alors que l'histoire devrait se dérouler dans le Pacifique. La production aura aussi l'opportunité de filmer non seulement le navire mais aussi les opérations qui se déroulent à bord ainsi que plusieurs avions…
Les séquences aériennes de THE FINAL COUNTDOWN sont, à l'époque, particulièrement spectaculaires puisque ce type d'avion n'a jamais vraiment été mis en scène dans un film de cette façon. Hormis les décollages, appontages ou vol des différents avions (F14 Tomcat, F8 Crusader, Hawkeye…), le film exploite son paradoxe temporel en faisant s'affronter des avions qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Encore une fois, les images de synthèse ne sont pas encore utilisées comme aujourd'hui et il faut placer à l'écran des Zéros japonais avec des chasseurs contemporains de la marine américaine. Les avions japonais, en réalité des T-6 américains re-décorés pour l'occasion, sont donc obligés de voler à pleine vitesse alors que les F14 évolue à faible vitesse, limite en planant. A l'écran, cette bataille contre nature fonctionne bien et est très certainement l'un des clous du spectacle proposé par le film. Evidemment, pour certains plans, l'équipe du film ira réellement à Pearl Harbour pour filmer, entre autres, le mémorial de l'un des navires coulés lors de l'attaque surprise japonaise.
A priori, tout le monde connaît Pearl Harbour et sa base navale américaine à cause de son attaque, sans préavis, en décembre 1941 par les forces japonaises. Cet événement provoquera immédiatement l'entrée en guerre des Etats-Unis contre les forces de l'Axe. La date n'est donc pas anodine et lorsque les héros de THE FINAL COUNTDOWN se retrouve à la veille de cette attaque, un dilemme survient. L'intervention pour empêcher l'envoi par le fond de la flotte américaine stationnée à Pearl Harbour aura d'énormes répercussions sur l'avenir. Ce type de dilemme est assez récurrent au sein des œuvres traitant du voyage dans le temps et amène inévitablement le problème des paradoxes temporels. Tout changement, si infime soit il, va influer sur l'avenir tout en remettant en cause l'existence de ceux qui ont remonté le temps. Mais les possibilités sont si grandes qu'il est impossible de ne pas envisager d'intervenir. Les personnages de THE FINAL COUNTDOWN vont donc débattre de cette question épineuse durant une grande partie du métrage entre deux images du navire, d'hélicoptères ou d'avions. Emballé de manière très professionnelle par son réalisateur, Don Taylor, et doté d'une interprétation de qualité, le film va rapidement déboucher sur une frustration. Car le scénario du film se borne à une simple visite temporelle allant même jusqu'à nous donner l'impression que d'énormes changements de la ligne du temps sont inconcevables. Ainsi, l'un des changements se règlera, d'une certaine manière, de façon très naturelle. Le film se clôt tout de même sur un inévitable paradoxe temporel permettant de mettre un terme à l'aventure sur une dernière surprise. Dans le genre, LES GUERRIERS DE L'APOCALYPSE proposera une histoire relativement similaire mais en poussant le concept jusqu'à ses derniers retranchements guerriers. Plus primaire et plus proche des sentiments humains, le film de Mitsumasa Saito offre une vision alternative d'une même histoire que les Américains traiteront, la même année ou presque, de manière plus technique et philosophique avec THE FINAL COUNTDOWN.
En plus des engins, l'une des grandes qualités du film réside pour beaucoup dans son interprétation. Kirk Douglas chapeaute la distribution en incarnant le commandant en chef du porte-avions. En dessous de lui, James Farentino campe un militaire féru d'histoire et spécialisé dans la période de Pearl Harbour. Alors qu'il était militaire dans APOCALYPSE NOW, pour lequel il devra d'ailleurs s'absenter du tournage de THE FINAL COUNTDOWN pour aller enregistrer des dialogues supplémentaires, Martin Sheen campe un civil amenant un point de vue extérieur à celui de l'armée par rapport aux phénomènes. Etrangement, c'est d'ailleurs lui qui semble le plus intéressé par les possibilités offertes de modifier de fil de l'Histoire. Les militaires, quant à eux, sont beaucoup plus neutres et n'affichent même pas l'envie d'en découdre au plus vite avec les Japonais. Cela rend d'ailleurs le métrage d'autant plus intéressant... On pourra encore noter la présence de Charles Durning, Katharine Ross et Soon-Tek Oh. En plus de cela, deux acteurs qui apparaissent dans le film alors qu'ils ne vont pas réellement faire carrière dans ce domaine. Peter Douglas, producteur, interprète un tout petit rôle tout comme Lloyd Kaufman. Ce dernier est aujourd'hui bien plus connu pour sa maison de production Troma et les films qu'il a pu réaliser tel que TOXIC AVENGER. Sur THE FINAL COUNTDOWN, Lloyd Kaufman va surtout aider Peter Douglas dans son travail de producteur. De l'aveu du cinéaste, cette expérience sur THE FINAL COUNTDOWN ne lui donnera plus jamais l'envie de participer à une grosse production hollywoodienne alors que dans le même temps, il déclare avoir pas mal appris sur ce tournage ainsi que sur ceux d'autres films (ROCKY, LA FIEVRE DU SAMEDI SOIR…) !
Petite curiosité, les séquences de tempêtes qui permettent au navire de remonter le temps ont été mises au point par Maurice Binder. L'homme est largement plus connu pour avoir inventé la séquence d'introduction de James Bond et réalisé les génériques de nombreux films de cette franchise. Son travail sur THE FINAL COUNTDOWN s'avère donc limité à quelques passages en surimpression qui ne resteront pas nécessairement dans les mémoires. Car si THE FINAL COUNTDOWN dispose de véritables avions et décors, dès que les trucages prennent la place, le résultat à l'écran est largement moins probant. Rien de gênant pour autant puisque tout s'insère finalement sans heurt au chœur du film au même titre que certains détails un peu amusants. Par exemple, Kirk Douglas est amené à comparer deux photos de Pearl Harbour, l'une provenant de 1941 et l'autre prise quelques heures auparavant. Les deux photos sont strictement identiques et cela ne devrait donc laisser planer aucune doute, à moins de s'interroger sur les probabilités de prendre deux photos semblables de deux façons différentes. Ces petits soucis donnent finalement un ton un peu naïf à l'entreprise. Lors de sa sortie dans les salles en France, dans le courant des années 80, THE FINAL COUNTDOWN va changer de titre. Le distributeur va opter pour quelque chose d'un peu plus agressif et finalement un peu à côté de la plaque. Devenu NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER, le film ne connaîtra pas, de toutes façons, un succès mirobolant sur les écrans. Toutefois, si THE FINAL COUNTDOWN semble au final moins ambitieux que prévu ou bien si certaines séquences d'action paraissent peu enthousiasmantes, il n'en reste pas moins une œuvre plutôt réussie dans son genre.
THE FINAL COUNTDOWN a plus de chance avec la haute définition que le DVD. Distribué dans des éditions recadrées, le film a attendu de longues années pour être proposé dans son format scope. Blue Underground avait d'ailleurs proposé un traitement luxueux au film de Don Taylor en sortant un double DVD en édition limitée, qui plus est avec sous-titrage en français ! Pour son passage au Blu-ray, l'éditeur américain a choisi ce titre pour ouvrir les hostilités sur le marché de la haute définition. Le film est donc présenté avec un transfert 1080p/24 dans son format cinéma. Honnêtement, nous avons vu mieux en haute définition. Mais si ce Blu-ray n'a pas les atouts d'un disque de compétition pour aficionados de démos techniques, il assure tout de même une image parfois bluffante en ce qui concerne la retranscription des couleurs et la stabilité de l'ensemble. THE FINAL COUNTDOWN utilise différents types de vues entres les passages en extérieurs, en intérieurs ou bien en vols. De fait, la qualité est souvent variable d'un passage à un autre. Les séquences en intérieurs avec les acteurs sont celles qui s'en tirent le mieux mais les spectaculaires images du porte-avions ou des engins militaires assurent tout de même un joli spectacle. On notera que certains plans affichent des halos légèrement flous, souvent en haut et en bas de l'image. Il est plus que probable que cela soit inhérent aux techniques de prises de vues surtout que le plus souvent ce phénomène intervient au sein d'une image comportant des éléments à la définition exemplaire.
Si l'image assure le spectacle, les pistes sonores devraient en faire de même si l'on en juge par les spécificités annoncées. La version anglaise d'origine a ainsi été remixée en Dolby Digital 5.1 EX mais aussi en Dolby TrueHD 7.1 et DTS HD Master Audio 7.1. Ne vous faites tout de même pas trop d'illusions, si ces nouveaux mixages sont d'une grande propreté et permettent de suivre le film dans les meilleures conditions possibles, ils restent tout de même en retrait de ce qui se fait mieux dans le genre. Il faut toutefois préciser qu'à l'origine le film n'était mixé qu'en Dolby Stéréo surround. Les nouveaux formats assurent essentiellement ici une meilleure dynamique et gagnent en profondeur. Mais le rendu reste relativement fidèle à la source et n'ajoute pas des effets saisissants. La piste originale en stéréo surround n'est pas reprise sur ce Blu-ray alors qu'elle était présente sur le double DVD de l'éditeur. Le double DVD était sous-titré en français, on retrouve cette traduction sur le Blu-ray ce qui devrait ravir les anglophobes surtout que le disque n'a pas de codage régional et qu'il fonctionne donc sur tous les lecteurs de Blu-ray. Pour ceux qui cherchent des sensations en dehors des territoires cinéphiles THE FINAL COUNTDOWN propose, comme d'autres éditions américaines, un signal D-Box pour les utilisateurs de sièges permettant de décupler les sensations vécues durant le visionnage d'un film.
Très honnête, Blue Underground propose quasiment l'intégralité des suppléments qui étaient sur le double DVD. On retrouve donc le commentaire audio du directeur de la photographie du film accompagné d'un modérateur. Technique et un peu aride, ce commentaire audio nécessitera une solide connaissance de l'anglais pour en tirer pleinement profit. Car si le film est sous-titré, les suppléments ne le sont pas. Pas forcément très enthousiasmé par toutes les informations distillées par Victor J. Kemper, il s'agit pourtant du témoignage le plus informatif présent parmi les suppléments. Vient ensuite deux modules vidéo nous présentant des interviews. On commence pas "Lloyd Kaufman Goes Hollywood" où Lloyd Kaufman ne pratique pas la langue de bois. Il n'hésite pas à dire du bien des personnes qu'il apprécie et égratigner les autres. Ici, c'est surtout Don Taylor qui devient un peu la tête de turque du cinéaste qui balance pas mal d'anecdotes dans un ton décontracté mais aussi plus sérieux qu'à son habitude. Ensuite, on peut redécouvrir les trente minutes donnant la parole aux véritables pilotes de chasse de l'escadrille stationnée à bord du USS Nimitz lors du tournage du film. Ce sont donc eux qui ont piloté les avions lors des prises de vues et ils se remémorent THE FINAL COUNTDOWN après avoir longuement parlé de leurs carrières et de leur escadrille. Les derniers suppléments sont des bandes-annonces et spots TV présentés en 16/9 et définition standard, celle d'un DVD américain, tout comme les deux gros segments vidéos d'interviews. La galerie de photos n'a pas été reprise, peut être parce que l'éditeur ne disposait pas des éléments en haute définition et que cela paraissait de fait moins pertinent de présenter ce type de supplément avec une définition moindre.