Header Critique : BRAINSTORM

Critique du film et du DVD Zone 2
BRAINSTORM 1983

 

Lillian Reynolds et Michael Brace travaillent au sein d'un laboratoire de haute technologie sur un projet qui semble enfin porter ses fruits. Grâce à leur procédé, il est possible d'enregistrer les sensations, pensées et souvenirs d'une personne. Il est alors possible ensuite d'utiliser ses enregistrements pour partager les mêmes expériences !

Après des études d'architecture, Douglas Trumbull essaie de s'orienter vers l'illustration et plus particulièrement le dessin animé. Finalement, il va être employé dans une société qui produit des films scientifiques et dont l'un des clients n'est autre que la Nasa. Il est donc amené à travailler sur des projets de conquête spatiale à une époque où l'homme n'a pas encore posé le pied sur la lune. C'est dans ce cadre qu'il va travailler sur le design d'un film en 70mm conçu pour être projeté lors de la foire universelle de New York en 1964. Stanley Kubrick sera impressionné par ce film et va engager Douglas Trumbull pour travailler à Londres sur 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE. Il ne retournera aux Etats-Unis que plus de deux ans plus tard après que le film de Stanley Kubrick soit enfin terminé. Douglas Trumbull va alors créer sa propre société de production avec laquelle il va travailler en grande partie pour de la publicité télévisée. Il est bien vite contacté par Universal qui lui demande de réaliser les effets spéciaux du MYSTERE ANDROMEDE de Robert Wise. Le travail se déroulera si bien que le studio proposera au cinéaste de mettre en scène un premier long métrage. Après SILENT RUNNING, il va être attaché à différents projets de science-fiction qui ne verront jamais le jour. Le cinéaste va alors superviser une série télévisée (STARLOST) et surtout se mettre à développer diverses technologies comme le Showscan. Les procédés mis au point vont pour la plupart restés dans des cartons et il va alors être amené à concevoir des effets spéciaux pour d'autres cinéastes : RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, STAR TREK : LE FILM, BLADE RUNNER… Dans le même temps, il planche surtout sur un projet personnel qui deviendra BRAINSTORM.

Le film ne va pas se faire exactement comme prévu. Le projet s'avère très particulier et le cinéaste aura d'ailleurs quelques soucis pour convaincre un studio de le suivre. Lorsque la MGM accepte de financer BRAINSTORM, Douglas Trumbull a encore le rêve d'imposer son procédé Showscan pour les séquences subjectives du film. Son but étant de provoquer un réel contraste entre la narration proprement dite et les expériences vécues par ses personnages. Basiquement, le Showscan est un système de projection 70mm en 60 images par secondes qui, correctement calibré, donnerait à l'image un rendu ultra réaliste. Assez vite, l'idée d'utiliser le Showscan est abandonné car les projections nécessiteraient que les salles de cinéma s'équipent de manière onéreuse spécialement pour ce film. Finalement, les séquences subjectives seront donc tournés en 70mm standard alors que le reste du film sera réalisé en 35mm. Il est aussi décidé d'accentuer la transition entre les deux avec l'utilisation d'un format d'image différent. Ainsi, les scènes en 70mm sont en format large alors que les passages en 35mm proposent une image bien plus carrée. De même, le son n'est pas oublié puisque le film alterne une bande-son en mono avec des passages en stéréo surround. Ce changement de format d'image et de son sera d'ailleurs utilisé au cinéma alors que Douglas Trumbull est déjà en train de tourner BRAINSTORM. En effet, l'introduction de MAD MAX 2 utilise justement ce concept pour passer d'un flash-back récapitulatif à l'action proprement dite.

BRAINSTORM pourrait rapidement dériver vers la démonstration technique mais le film n'en oublie pas pour autant de raconter une véritable histoire exploitant plusieurs intrigues. Le scénario sera d'ailleurs co-écrit par Bruce Joel Rubin qui écrira par la suite d'autres films évoquant la mort et ses conséquences : L'AMIE MORTELLE, L'ECHELLE DE JACOB, MA VIE et GHOST. Mais si BRAINSTORM s'intéresse à l'expérience de la mort et à l'au-delà, le scénario traite d'autres sujets en se plaçant tour à tour dans le domaine du drame romantique, de la science-fiction technologique et même du thriller. Tout ne fonctionne pas correctement et BRAINSTORM souffre un peu de sa générosité scénaristique. Car à force d'essayer un grand nombre d'aspects de son histoire, certains passages donnent l'impression de n'être que survolés. Bizarrement, c'est la partie thriller qui paraît ici la moins bien lotie. La fin du film, en particulier, peine un peu à installer un véritable suspense durant la poursuite sur laquelle se greffent des astuces informatiques peu convaincantes. Dans ce même genre, WARGAMES de John Badham, toujours à la MGM, fera bien mieux la même année. Beaucoup plus satisfaisant, le traitement de la romance entre Christopher Walken et Nathalie Wood amène plusieurs développements ingénieux mettant en scène la technologie très particulière au cœur du film. De même, le film couvre assez bien les possibilités et dérives du procédé d'enregistrement des sensations, souvenirs et expériences vécues par une personne. A ce niveau, James Cameron écrira et produira STRANGE DAYS une dizaine d'années plus tard en flirtant gentiment avec le plagiat de BRAINSTORM ou son prolongement très officieux, le cinéaste n'en étant pas à son coup d'essai, tout en utilisant un travail sonore contrastant entre prises de vues subjectives et objectives. Le film de Douglas Trumbull présentait déjà un personnage qui se repasse les souvenirs heureux de son passé de couple, le montage de fragments de mémoire enregistrés, des expériences contre nature ou bien l'application purement sexuelle que pourrait amener une telle invention. Si BRAINSTORM peut difficilement être vu comme une totale réussite cinématographique, il reste en tout cas un film précurseur dans son domaine.

Ce deuxième long métrage de Douglas Trumbull va connaître de gros soucis à la fin de son tournage. L'actrice Nathalie Wood va trouver la mort accidentellement alors que les prises de vues ne sont pas terminées. Les dirigeants de la MGM qui n'ont jamais vraiment compris le concept du film vont voir là un moyen de stopper la production de façon à récupérer l'argent de l'assurance. Douglas Trumbull va se battre contre cette manœuvre financière et terminera le film en modifiant quelques séquences de façon à pallier l'absence de l'actrice. Aux côtés de l'actrice, on trouve trois comédiens de renom déjà oscarisés auparavant : Christopher Walken, Louise Fletcher et Cliff Robertson. BRAINSTORM est aussi pourvu d'une partition musicale de James Horner où l'on entend déjà certains accents d'autres compositions du musicien (notamment celle de ALIENS). Cette somme de talent donne un véritable cachet à BRAINSTORM qui n'a pas vraiment connu le succès au moment sa sortie et qui est un peu tombé dans l'oubli à l'instar du premier film réalisé par Douglas Trumbull, le tout aussi atypique SILENT RUNNING. Par la suite, le cinéaste ne réalisera plus jamais aucun long métrage de fiction et se tournera définitivement vers les effets spéciaux et surtout l'expérimentation. Ainsi, le Showscan verra le jour essentiellement dans des parcs d'attraction mais Douglas Trumbull finira par rejoindre Imax, ses concurrents dans le secteur de la projection sur écran géant.

Déjà sorti aux Etats-Unis ou dans d'autres pays européens, BRAINSTORM se faisait attendre en France. Petite inquiétude tout de même puisque les disques européens étaient en Pan & Scan et que le DVD américain proposait une expérience faussée du film. En effet, les deux formats de projection du film étaient proposés d'un côté en plein cadre et de l'autre en format large. Au final, plutôt que de découvrir une image plus ample des expériences subjectives des personnages, le DVD offrait une version rapetissée. Ce problème est corrigé sur le DVD français. On retrouve donc bien les passages subjectifs en écran large et les autres séquences centrées dans une image plus proche du 1.66 avec de grandes bandes noires de tous les côtés. Cela peut d'ailleurs surprendre au premier abord pour qui n'a jamais vu BRAINSTORM auparavant. Cette fois, l'expérience du film est bien respectée même si le métrage n'est pas vraiment fait pour être vu sur une petite télévision. Par contre, le transfert vidéo, s'il est bien en 16/9, paraît assez vieillot. La copie française utilisée ne présente pas de défauts de pellicule apparents mais la définition semble franchement éloignée des standards d'aujourd'hui. De plus, l'image paraît trop sombre, ce qui est assez flagrant lors d'une poignée de rares séquences en basse lumière où l'on devine plus qu'on ne perçoit réellement ce qui se déroule à l'écran.

Si l'expérience visuelle est respectée, il y a un problème sur les pistes sonores. En effet que ce soit le doublage français ou la version originale anglaise, les deux sont présentés sur deux canaux en… mono ! Le film a pourtant été mixé en stéréo surround à l'origine et alterne d'ailleurs des passages mono avec une véritable ouverture du champ sonore sur les passages subjectifs. On ne retrouvera donc pas cette particularité du film dont les pistes audio sont dynamiques mais restent toutefois bel et bien centrées sur l'avant tout du long. Le disque ne contient aucun supplément mais il est commercialisé à petit prix ce qui peut être une façon de découvrir le film sans se ruiner !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
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635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Le format particulier de l'image enfin respecté
Un film précurseur, inventif et atypique
On n'aime pas
Un transfert vidéo un peu daté
Des pistes mono qui devraient être en stéréo
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L'édition vidéo
BRAINSTORM DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h42
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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