Header Critique : AKIRA (LIMITED EDITION)

Critique du film et du DVD Zone 1
AKIRA 1988

(LIMITED EDITION) 

Au moment où AKIRA sort sur les écrans français, pour le spectateur lambda, l'animation japonaise se résume à GOLDORAK, CANDY, ALBATOR, SAINT SEYA et bien d'autres. Un film comme celui de Katsuhiro Otomo ouvre les yeux du public vers une animation adulte et techniquement loin devant ce qui est diffusé sur les écrans de télévision. Violent, politique, philosophique... AKIRA n'a rien pour parler aux petites têtes blondes si ce n'est de clinquantes motos et quelques affrontements homériques.

Akira est le personnage central de l'histoire. C'est aussi une énigme qui nous sera révélée tardivement dans l'histoire. Jusque là, le film s'intéresse à plusieurs personnages qui gravitent de manière plus ou moins proche autour d'un projet scientifique qui a dérapé. Une trentaine d'années après une explosion gigantesque, les scientifiques et politiques continuent toujours de jouer avec le feu. Pendant ce temps, Kaneda, le leader d'un gang de jeunes bikers, vient à croiser la route de Takashi. Un étrange enfant dont la rencontre éclair va bouleverser la vie de Kaneda mais surtout celle de Tetsuo. Ajoutons à cela une faction terroriste et des implications politiques et vous aurez une idée encore imprécise de l'histoire.

En gros, il y a quatre personnages principaux dans AKIRA. De nombreux autres protagonistes viennent se greffer autour d'eux et leur donnent une véritable identité. Chacun d'eux a une vie propre. C'est l'impression que l'on ressent à la vision du film. Celle d'assister à une histoire qui se fond dans un monde naturel et existant. Un sentiment renforcé par la minutie avec laquelle ont été créés les décors (parce qu'on peut parler de décors dans le cas présent !). La ville de Neo Tokyo vit, il s'y passe d'autres choses dont on ne nous parlera pas. Mais elle vit tout comme les personnages que l'on peut y croiser, dans les rues grouillantes.

La fin de AKIRA reste obscure. Une fin ouverte ? Dans les années qui suivirent la sortie du film, les rumeurs les plus folles ont circulé. Un AKIRA 2 aurait été en chantier. Ensuite, on nous assurait que le projet d'un AKIRA tourné "live" avec des acteurs était en projet. Plus de dix ans plus tard, tout cela n'est finalement que rumeurs. On peut donc rejeter l'hypothèse d'une fin ouverte vers une suite. Alors tout comme pour un 2001 : L'ODYSSEE DE L'ESPACE, ce serait plutôt au spectateur de se faire sa propre opinion. D'ailleurs, comme le film de Stanley Kubrick, le thème principal de AKIRA n'est-il pas celui de l'évolution humaine ?

On nous parle aussi du bien et du mal, un thème universel. Deux chemins s'ouvrent à celui qui détient le pouvoir comme on peut l'apprendre de la bouche même d'un personnage. Tetsuo vit depuis son enfance dans l'ombre de Kaneda. Ce dernier étant toujours là pour le sortir d'un mauvais pas. Lorsqu'il acquiert une puissance incommensurable, il l'utilise comme une revanche et s'engage sur le chemin de la destruction. Une destruction qui le mènera à une métamorphose.

La différenciation avec l'animation japonaise que l'on avait pu voir jusque là passe aussi par l'aspect purement technique. Très éloignée de l'animation au rabais d'usage avec des décors détaillés à outrance, AKIRA prend des allures d'expériences visuelles tout autant qu'intellectuelles. Encore un point commun avec 2001 : L'ODYSSEE DE L'ESPACE. Des images magnifiées par une musique ébouriffante qui insuffle un regain d'énergie et de folie aux images.

AKIRA s'est offert un joli lifting à l'occasion d'une ressortie cinéma aux USA. Une partie des suppléments n'hésite pas à nous le rappeler. L'image est éblouissante mais on se demande vraiment pourquoi lors de la mise à niveau sonore, les américains n'ont pas pensé à faire au passage la version japonaise. En tout cas, la bande sonore originale, en japonais donc, n'est présentée ici qu'en stéréo surround d'époque alors que la version anglaise se voit offrir un Dolby Digital 5.1 flambant neuf. Une hérésie... Malgré cela, la bande son japonaise a tout de même du répondant. Elle n'égale pas une débauche sur cinq canaux mais fait son office sans trop rougir. La toute nouvelle version anglaise est tonitruante comme il se doit. Parfois un peu trop à mon goût surtout lorsque les effets sonores ou les dialogues se mettent bien trop en avant par rapport à la musique. Cela reste impressionnant.

Les différents documents proposés ont de quoi rassasier qui veut en apprendre plus sur le film. On commence ainsi avec un "Akira : Production Report" qui, sur environ quarante huit minutes, retrace la création du film. Katsuhiro y parle longuement de ses choix artistiques et l'on aborde en détail toute l'évolution technique qui mène à la réalisation d'un tel dessin animé. En vrac, on nous présente un story-boards qui ressemble à quatre bottins téléphoniques et qui contient pas moins de 738 pages. Un story-board ultra détaillé insistant même sur ce que peuvent bien diffuser les écrans vidéo en arrière plan de l'action. On passe pas l'étape du doublage. Chose peu coutumière à l'époque pour le Japon, les voix ont été enregistrées à l'avance. Une pratique onéreuse qui permet de synchroniser les voix avec les mouvements des bouches. Et n'oublions pas le grand nombre de couleurs utilisées. Certains se diront que 327 couleurs est un nombre un peu restreint. Voir des centaines de petits pots alignés et des artisans au travail a de quoi rendre fou, surtout qu'aucun ordinateur n'est utilisé en dehors d'un ou deux effets purement anecdotiques en comparaison du résultat. Tout est dessiné puis colorié à la main ! On peut même y voir un pauvre homme se taper chacune des fenêtres des immeubles qui ne seront visibles qu'au loin dans le décor. Un travail de titan ! Une véritable visite du studio de création et, petit cadeau, une présentation des huit personnages principaux nous est faite sous la forme de fiches signalétiques.

"Akira : Sound Clip" est tout aussi intéressant que décevant. Ce documentaire nous plonge dans le travail de création musicale de Geinoh Yamashiro Gumi. Si certaines parties sont pour le moins folkloriques (instruments utilisés et enregistrement), pour le reste, on tombe dans une analyse technique pas toujours passionnante pour les néophytes. De plus, quatre morceaux musicaux sont insérés dans ce documentaire. Toutefois, ils sont présentés sous la forme d'extraits de films. Il aurait été sûrement plus judicieux de ne proposer qu'une piste musicale sur les images plutôt que le mix final comprenant effets et dialogues. Sans oublier que ces quatre morceaux réduisent d'autant les explications sur les vingt minutes que dure ce documentaire. Il est possible de le regarder avec ou sans une narration en anglais. Aucun sous-titrage n'est proposé et il s'adressera à ceux qui comprennent l'anglais (forcément !) ou capables de lire le japonais.

L'interview de Katsuhiro Otomo est plus récente. Elle débute en récapitulant les dates marquantes du dessinateur/cinéaste, avant d'embrayer sur l'interview proprement dite. Katsuhiro Otomo y parle de manière plus approfondie, durant environ 29 minutes, de ses influences, de la bande dessinée, de divers choix techniques pour le film et de ses projets pour lesquels il reste plutôt évasif. Cette interview est le seul bonus sous-titré en anglais avec le documentaire "Akira : Production Report" et les bandes-annonces.

La galerie de photos est proprement gigantesque. Répartie sur 36 sections, la plupart se focalisant sur une partie distincte du film, elle présente planches de story-boards, dessins de préparations et divers autres dessins. Mais ce n'est pas tout, car cette galerie contient six sections supplémentaires qui nous proposent de découvrir des fonds et story-boards non utilisés, des planches de création pour les personnages, des couvertures de la BD (dont certaines de Glénat), les affiches et les divers produits dérivés. Cela flatte toujours de retrouver certains objets que l'on possède (tels que le dossier de presse français ou le CD-Audio blanc japonais).

Le film a subi une restauration réalisée par les américains. Il n'était pas question de la passer sous silence. Trois featurettes nous en parlent. Dans l'ordre, ce seront quelques minutes pour nous expliquer la manière dont a été nettoyée l'image, la façon dont le film a été réadapté en anglais (ce qui n'est pas hyper important à nos yeux) et la création d'une nouvelle bande sonore multi canaux.

Durant le film une option permet d'afficher une capsule. En appuyant sur une touche de la télécomande, on peut obtenir la traduction des différents graffitis en japonais qui se trouvent sur les décors. Au cas où certains mots ou concepts seraient restés totalement incompréhensibles, un glossaire (sur le disque de suppléments) vient donner une définition pour certains lieux, objets, termes et personnages. Le tout en anglais ce qui pourra en rebuter plus d'un ! Enfin, quatre bandes-annonces et un spot TV viennent clôturer les suppléments de cette édition d'une manière toute conventionnelle.

Avant d'être un dessin animé, AKIRA est un grand film... tout simplement ! Emballé dans un aussi joli coffret, c'est un superbe cadeau sur lequel il est bon de se jeter rapidement étant donné son véritable statut d'édition limitée.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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La maitrise technique du film dans son ensemble
Un joli coffret
On n'aime pas
Fixation des DVD trop rigide
Dommage que la version japonaise n'ait pas été remixée en 5.1
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L'édition vidéo
AKIRA DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
2h04
Image
1.85 (16/9)
Audio
Japanese Dolby Digital Stéréo Surround
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Production Report (Documentaire 48mn)
    • Akira Sound Clip (Documentaire 20mn)
    • Interview de Katsuhiro Otomo (29mn)
      • Production Materials (Galerie de photos)
      • 2019 Neo Tokyo (126)
      • Back Street (148)
      • Joker (130)
      • No. 26 Takashi (178)
      • Chase (113)
      • Tetsuo Vs. Clown (187)
      • Interrogation (120)
      • Colonel's Office (153)
      • Vocational School (97)
      • Clown's Revenge (94)
      • Illusion (109)
      • Terrorist Bombing (115)
      • Tetsuo's Memory (84)
      • Control Room (85)
      • Terrorist's Hideout (89)
      • Supreme Executives (49)
      • Invasion (179)
      • Battle in a Sewer (118)
      • To the Baby Room (192)
      • Locating Tetsuo (82)
      • Tetsuo Flies (96)
      • Haruki-Ya (83)
      • In Prison (40)
      • Ready for Battle (87)
      • Nezu's Mansion (137)
      • Nezu's Demise (152)
      • Olympic Stadium (135)
      • Frozen Capsule (158)
      • SOL (114)
      • Momentary Break (56)
      • Stadium Showdown (120)
      • Tetsuo's Mutation (134)
      • Akira Resurrected (82)
      • Memories (125)
      • Destruction (73)
      • Return of Kaneda (39)
      • Unused Storyboards (332)
      • Unused Backgrounds (11)
      • Initial Chara Design (28)
      • Comics & Magazines (70)
      • Movies & Promotion (18)
      • VHS, CD & Misc. (26)
      • Bandes-annonces
      • Special Announcement 01
      • Special Announcement 02
      • Theatrical Trailer 01
      • Theatrical Trailer 02
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