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Critique du film et du DVD Zone 0
PAURA : LUCIO FULCI REMEMBERED 2008

VOLUME 1 

Réalisateur italien, Lucio Fulci est le maître d'œuvre de plusieurs perles du cinéma horrifiques transalpin. L'ENFER DES ZOMBIES, L'AU-DELA, FRAYEURS, LA MAISON PRES DU CIMETIERE ou encore L'EVENTREUR DE NEW YORK font partie de ses métrages les plus connus et distribués largement dans les cinémas à l'époque de leur diffusion. Cette partie de sa carrière ne reflète pas pour autant, loin de là, l'intégralité du travail de Lucio Fulci. Avant d'entrer dans l'horreur, il tourne des comédies, des Westerns ou des thrillers. Il n'en reste pas moins que cette petite période va donner à l'auteur une réputation dont il ne pourra se défaire par la suite. Rongé par la maladie, sa carrière va s'effondrer en même temps que l'industrie cinématographique italienne dans le courant des années 90.

Fan de Lucio Fulci depuis qu'il a découvert l'un de ses films en vidéo lors de son adolescence, Mike Baronas a l'opportunité de rencontrer un grand nombre de personnalités qui ont connu le réalisateur italien. Rien d'étonnant puisqu'il travaille à ce moment là pour l'éditeur américain Media Blasters pour qui il confectionne des suppléments DVD. En compagnie de Kit Gavin, il a rapidement l'idée de mettre à profit ces rencontres pour créer un livre dédié au cinéaste. Plutôt que s'orienter vers une approche analytique, il a surtout l'envie d'offrir un portrait non pas d'un mythique réalisateur mais bel et bien de l'être humain qui se cache derrière cette image. En fait, Mike Baronas essaie de pallier une frustration qu'il porte depuis 1996. En effet, lors d'un passage au sein d'un festival aux Etats-Unis, il doit interviewer Lucio Fulci pour un magazine. Mais de sévères intempéries vont l'empêcher de faire cette rencontre. Malheureusement, le cinéaste décédera quelques mois après. A l'évidence, Mike Baronas cherche à rencontrer Lucio Fulci au travers des souvenirs de ceux qui l'ont côtoyé de manière durable ou bien plus brièvement…

Ne trouvant pas d'éditeur pour un livre, Mike Baronas et Kit Gavin se retrouve avec de nombreuses interviews qui s'empilent dans leurs bureaux. C'est alors qu'ils ont l'idée de mettre de côté une version littéraire pour réaliser un hommage au cinéaste sous la forme d'un DVD qu'ils produiront de leur poche. Il n'est pas question de réaliser un documentaire mais bel et bien de donnera la parole à tous les intervenants qu'ils ont rencontré. La démarche n'est pas banale et ressemble bien plus à un acte de fan qu'à un véritable travail éditorial construit. De fait, cette compilation part avec un gros défaut qu'il faut pourtant voir comme une qualité. En choisissant de proposer les interventions de 88 personnalités sans véritable montage, et donc de manière très brute, les auteurs donnent aux interventions un côté certes amateur mais surtout dénué de prétention. Car Mike Baronas n'entend pas, apparemment, proposer ici «son» profil de Lucio Fulci pas plus qu'une biographie historique. Au contraire, l'objet assez particulier dans son genre s'adresse avant tout à des fans purs et durs n'ayant besoin d'aucune introduction et sûrement pas qu'on vienne les prendre par la main pour se faire une idée sur le cinéaste. Car toutes ces petites interviews sont avant tout les pièces d'un grand puzzle que l'utilisateur reconstruira comme il l'entendra sans qu'on vienne lui mâcher le travail ou bien lui asséner un discours pompeux sur Lucio Fulci . Ce DVD n'est carrément pas fait pour des néophytes qui ne pourront être que déçus par une approche paraissant autiste. Quelle que soit la façon dont on approche ce DVD, Lucio Fulci n'est jamais présenté. La jaquette, le feuillet intérieur ou le contenu du disque ne fait pas d'introduction aux films du cinéaste et n'offre aucune biographie. De quoi rebuter rapidement le cinéphile du dimanche qui ne verra dans ce DVD qu'une accumulation d'interventions aux qualités inégales. Il en sera tout autrement des adorateurs de Lucio Fulci qui trouveront là de quoi alimenter encore plus leur passion pour un cinéaste dont la carrière ne fut certainement pas au niveau de son talent…

Toutes les interventions contenues sur ce DVD permettent de dresser le portrait d'un homme complexe. Mais avant d'en arriver là, il faudra ingurgiter près de trois heures et demi de souvenirs et anecdotes. Un flot d'informations, parfois très redondantes, qu'il sera préférable de ne pas ingurgiter d'un seul tenant. Classé en trois catégories, les intervenants sont donc des cinéastes ayant travaillés avec lui, des réalisateurs italiens ayant œuvré à la même période ou bien des acteurs qui ont joué dans ses films. Il est assez intéressant de découvrir qu'en fonction de ses trois catégories, la perception de Lucio Fulci n'est pas exactement la même. Les réalisateurs évoquent le talent de leur collègue parfois avec quelques bémols comme c'est le cas de Fernando Di Leo qui exprime le fait qu'il n'aime pas le cinéma horrifique. Mais l'intervention la plus intéressante, dans cette frange d'intervenants, est celle d'Umberto Lenzi qui semble être l'un des rares à connaître parfaitement la filmographie de Lucio Fulci. Toutefois, le réalisateur italien termine son intervention de manière peu modeste en évoquant que Fulci était un génie de la même façon qu'il pouvait l'être lui-même. Pourquoi pas ! Tonino Valerii appuie de son côté l'érudition de Lucio Fulci puisqu'il évoque la passion de Fulci pour Marcel Proust. On évitera, par contre, de perdre son temps avec l'inutile intervention de Bruno Mattei. Parmi les réalisateurs, on trouve Michele Soavi qui apparaît, en réalité, à deux reprises puisqu'il fait aussi partie de la catégorie des acteurs où il propose donc une intervention différente.

Dans la catégorie des compagnons de travail, on fait peu de vagues et on loue le génie technique du cinéaste qui faisait beaucoup avec peu de moyen. Plusieurs anecdotes sont fort amusantes et l'on évoque le caractère assez particulier du cinéaste sur le ton de la plaisanterie ! Mais c'est surtout du côté des acteurs, nombreux à être représenté, que l'on brise nettement la vitrine de façon à évoquer les ambiguïtés de Lucio Fulci. Les problèmes personnels sont souvent évoqués de façon à expliquer son comportement. Ainsi, ils sont plusieurs à évoquer la double personnalité du cinéaste. Homme sympathique en dehors des tournages, il se transforme en réalisateur tyrannique, et même sadique, dès qu'il se met au travail. L'actrice Carla Cassola explique assez longuement le choc de cette dualité de caractère. D'autres reviendront évidemment, avec leurs propres mots, sur cette particularité du cinéaste comme Sacha Maria Darwin résumant Lucio Fulci à «Jekyll & Hyde». Le plus surprenant, c'est que cette attitude très cruelle sur les tournages n'est pas une expérience uniforme chez les acteurs ce qui rend plus difficile l'analyse du personnage. Pas mal d'acteurs évoquent leurs très bons rapports avec Lucio Fulci et ce malgré l'appréhension à propos de sa réputation. C'est ainsi le cas de Corinne Clery ou Valeria Cavalli. Cette dernière a d'ailleurs une explication concernant sa bonne entente avec le réalisateur. Mais ce sont deux acteurs américains qui donnent un éclairage assez intéressant concernant les gueulantes de Lucio Fulci. Geoffrey Lewis fait un parallèle entre le Vésuve et le cinéaste alors qu'il évoque une anecdote laissant à penser que le comportement du cinéaste aurait très bien pu n'être qu'un jeu. Idée confortée par d'autres intervenants qui évoquent le choix d'un bouc émissaire que Lucio Fulci désignait pour la journée. De son côté, Brett Halsey est bien plus pragmatique en expliquant simplement qu'il fallait surtout bien s'entendre avec le réalisateur pour éviter sa tyrannie. Mais à vrai dire, il apparaît important, et c'est peut être pourquoi les auteurs ont adopté cette présentation, de se faire une opinion par soi-même avec les propos de tous les intervenants. Car il y a de véritables disparités entre ceux qui évoquent une peur de l'équipe d'être la cible d'une colère de Lucio Fulci avec d'autres qui mentionnent qu'il faut très facile de travailler avec le cinéaste à des périodes pourtant identiques. Cette compilation met bien en évidence la complexité du personnage Lucio Fulci… Celui-ci allant jusqu'à balancer une mandale à un môme de huit ans sur un tournage !

Les interventions de chacune des personnalités sont assez variables. Cela va d'un peu moins de trente secondes jusqu'à un peu plus de huit minutes. La durée des interventions n'est d'ailleurs pas forcément proportionnelle à leur intérêt. L'émotion s'invite parfois comme lors de l'intervention de Cinzia Monreale ou bien dans le segment très étrange où Dakar se met à jouer de la guitare en chantant ! Néanmoins, parmi tous les intervenants, certains n'ont pas grand chose à dire de particulier. Mike Baronas aurait pu faire l'impasse mais il a probablement du penser que les «fans» aimeraient obtenir une intervention, par exemple, d'un Bruno Mattei à propos de Lucio Fulci même s'il n'a rien à dire de pertinent. Reste qu'après la vision de toutes ces interviews, une petite frustration montre le bout de son nez. Car les interviews présentées ici ne sont que des extraits d'entretiens bien plus longs. D'ailleurs, certaines de ces interviews ont été utilisées, avec des informations différentes, sur des éditions DVD américaines comme le DVD de L'ENFER DES ZOMBIES paru chez Media Blasters. Malgré les défauts de l'ensemble, on reste donc sur notre faim en espérant en apprendre encore plus dans un éventuel second volume… En attendant, une telle compilation ne peut que forcer le respect.

PAURA : LUCIO FULCI REMEMBERED propose de voir chacune des interventions indépendamment ou les unes après les autres dans chacune des trois catégories. Les interviews ont été enregistrées sur une longue période de temps et la qualité s'avère assez inégale. Présenté en 4/3 et filmé en vidéo, l'image ne fait pas d'étincelle. Ce n'est pas vraiment ce qu'on lui demande surtout dans le cadre d'un projet de «fan» produit à compte d'auteur. Du coup, il y a un côté amateur qui se fait sentir surtout lorsque les intervenants voient leurs chiens débarquer ce qui n'est pas coupé au montage. Ces ratés donnent toutefois une proximité particulière avec les intervenants un peu comme si vous débarquiez dans leur salon pour leur parler de Lucio Fulci. Le traitement vidéo se fait donc à la bonne franquette. Malheureusement, la compression se fait lourdement sentir par endroit comme lors de l'intervention de Venantino Venantini. On pourra aussi reprocher un manque d'attention sur les panneaux de présentation de chaque intervenant car, dans pas mal de cas, une partie du texte est rogné sur le côté. Un petit défaut qui continue de donner l'impression de découvrir un produit fait par un fan plutôt qu'un véritable produit commercial.

Comme l'image, le son offre une qualité très variable. Bruit de fond et ambiance de restaurants sont ainsi souvent le lot des enregistrements entendus sur ce DVD. Le niveau sonore varie d'une intervention à une autre ce qui est un peu dommage. A noter que deux interviews sont réalisées sans que l'intervenant n'apparaisse à l'écran. C'est le cas de Jared Martin, clairement interrogé par téléphone, et Barbara Bouchet. Enfin, un sous-titrage anglais apporte une traduction des propos de tous les intervenants s'exprimant en italien ou en français. Les interviews réalisées en anglais sont, par contre, dépourvus de sous-titrages.

En plus de toutes ces interviews, le DVD ne contient pas de suppléments. Néanmoins, il y a une vidéo caché présentant une galerie de photos des rencontres entre les personnalités et Mike Baronas sur environ trois minutes. Cette même vidéo est complété d'une interview de Mike Baronas sur trois autres minutes où il s'explique sur les motivations qui l'ont poussé à faire ce DVD. Le disque est disponible sur le site de Paura Productions : http://www.pauraprod.com.

A titre d'information, voici la liste complète de tous les intervenants avec une durée très approximative pour chacun d'entre eux…

Techniciens et collaborateurs :
Walter Patriarca (3mn27),
Rosario Prestopino (2mn36),
Carlo Rambaldi (0mn42),
Dardano Sacchetti &
Elisa Briganti (3mn53),
Sergio Salvati (5mn34),
Maurizio Trani (1mn07),
Gino De Rossi (3mn36),
Franco Di Girolamo (0mn41),
Fabio Frizzi (1mn40),
Massimo Antonello Geleng (3mn10),
Giorgio Mariuzzo (0mn26),
Riz Ortolani (2mn17),
Gigliola Battaglini (0mn50),
Franco Bruni (1mn25),
Fabrizio De Angelis (0mn41),
Franco De Gemini (4mn35)
et
Giannetto De Rossi &
Mirella Sforza De Rossi (1mn39)

Réalisateurs :
Lamberto Bava (3mn01),
Enzo Castellari (2mn55),
Luigi Cozzi (4mn12),
Ruggero Deodato (2mn46),
Fernando Di Leo (1mn17),
Rino Di Silvestro (4mn36),
Claudio Fragasso (0mn53),
Umberto Lenzi (6mn11),
Luciano Martino (1mn32),
Sergio Martino (1mn35),
Bruno Mattei (0mn24),
Renato Polselli (0mn57),
Michele Soavi (1mn13)
et
Tonino Valerii (4mn54)

Acteurs et actrices :
Claudio Aliotti (0mn15),
Adelaide Aste (1mn09),
Florinda Bolkan (1mn49),
Barbara Bouchet (0mn41),
Jean Christophe Bretigniere (1mn11),
Eleonora Brigliadori (1mn27),
Penny Brown (1mn21),
Carla Cassola (6mn14),
Valeria Cavalli (1mn51),
Cosimo Cinieri (4mn36),
Corinne Clery (0mn55),
Pierluigi Conti (2mn01),
Barbara Cupisti (2mn11),
Dakar (3mn31),
Carlo De Mejo (1mn47),
Sacha Maria Darwin (1mn47),
Gianni Dei (0mn41),
Ottaviano Dell'Acqua (0mn57),
Vernon Dobtcheff (0mn20),
Gianni Garko (2mn41),
Bettina Giovannini (0mn43),
Brett Halsey (6mn35),
George Hilton (1mn06),
Antonella Interlenghi (2mn17),
Fabrizio Jovine (5mn15),
Jeffrey Kennedy (0mn51),
Mike Kennedy (0mn35),
Zora Kerova (3mn12),
Adrienne La Russa (1mn14),
Veronica Lazar (1mn23),
Geoffrey Lewis (1mn05),
Marina Loi (0mn26),
Giovanni Lombardo Radice (1mn22),
Malisa Longo (1mn53),
Ray Lovelock (5mn17),
Catriona MacColl (3mn21),
Saverio Marconi (1mn35),
Paolo Malco (1mn13),
Jared Martin (2mn23),
Cinzia Monreale (6mn45),
Ivana Monti (1mn34),
Frances Nacman (0mn54),
Paolo Paoloni (1mn20),
Pascal Persiano (1mn32),
Maurice Poli (0mn54),
Beatrice Ring (8mn10),
Lino Salemme (2mn30),
Deran Sarafian (1mn19),
Michele Soavi (3mn39),
Jean Sorel (3mn21),
John Steiner (1mn53),
Jenny Tamburi (0mn52),
Massimo Vanni (0mn36),
Luca Venantini (3mn41),
Venantino Venantini (4mn55)
et
Hal Yamanouchi (1mn)

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Un aperçu inédit de Lucio Fulci
Un véritable cadeau pour les fans du cinéaste
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L'édition vidéo
PAURA : LUCIO FULCI REMEMBERED DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Paura Productions
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
3h30
Image
1.33 (4/3)
Audio
Italian/English/Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      Aucun
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