Après la mort du Capitaine Jack Harkness, leur leader, l'équipe de Torchwood continue, la mort dans l'âme, son travail en traquant les extraterrestres ou en menant des enquêtes sur d'étranges histoires. Un soir, alors qu'ils sont sur les traces d'un criminel extraterrestre, l'équipe est sauvée par… Jack Harkness !
Se déroulant dans le même univers que DOCTOR WHO, la première saison de TORCHWOOD avait bien du mal à retrouver la fantaisie ou toute l'ingéniosité de la série britannique d'origine. Les auteurs voulaient proposer une alternative plus adulte et n'avaient réussi qu'à offrir une série plutôt terne exploitant parfois très mal ses intrigues «Fantastique». La deuxième saison ne pouvait que remonter le niveau en proposant enfin un développement plus satisfaisant. Hélas, les treize nouveaux épisodes sont d'une qualité très inégale et n'améliorent pas vraiment les défauts d'une série télévisée qui avait, de toutes façons, connu un certain succès en Grande Bretagne. Les quelques changements subtils auront un peu de mal à convaincre les spectateurs déjà déçus par cette exploitation parallèle de l'univers du DOCTOR WHO.
Mais prenons quelques instants pour rappeler le concept de la série. A Cardiff, une équipe nommée Torchwood assure la surveillance d'une faille temporelle tout en régulant les apparitions d'extraterrestres au sein de la communauté. Agissant dans le plus grand secret, cette équipe qui est une sorte de mélange entre X-FILES et les MEN IN BLACK doit donc rester la plus secrète possible quant à ses activités. Mieux, si jamais une personne découvre certains faits, on lui administre une pilule qui permet d'effacer la mémoire récente d'un témoin. Le décor est planté par les concepteurs de la série qui torpillent d'eux même leur création. Ainsi, dès l'ouverture du premier épisode de la deuxième saison, «Kiss Kiss, Bang Bang», une mamie manque de se faire écraser par le véhicule de notre équipe secrète. La dame âgée peste alors en évoquant elle-même le nom de Torchwood. Dans cette seule séquence, le paradoxe de cette série télévisée est jeté à la face d'un spectateur qui sera ou bien peu regardant ou bien embarrassé. Car cette séquence résume le gros souci d'écriture de TORCHWOOD qui semble être plus un concept abstrait pour ses géniteurs que la véritable création d'un univers cohérent. Le potentiel important de la série se voit donc sacrifier par la rédaction d'épisodes qui ne développent pas vraiment leurs idées. Un comble pour une série qui se veut pourtant plus adulte qu'un DOCTOR WHO dont la subtilité n'a pas besoin d'avoir recours à la sexualité ou à la violence pour plaire à un public mature, bien au contraire !
TORCHWOOD se veut donc plus violent, plus sexuel et plus sombre. Le traitement de la sexualité des personnages fait d'ailleurs partie de ce que l'on trouve de mieux dans cette série. Toutefois, ces éléments étaient déjà présents dans la série d'origine. Ses personnages ne sont donc pas liés à une «norme» pour laisser libre cours à leur véritable nature. Si cette idée était bien mise en avant dans la première saison, la chose sera mise un peu en retrait. Les relations homosexuelles du Capitaine Jack Harkness et de Ianto Jones seront évoqués à plusieurs reprise alors qu'un nouveau venu, le Capitaine John, craque lui aussi pour le chef masculin de l'équipe. Tout cela s'intègre assez bien dans les intrigues qui ne sont pas toujours à la hauteur. L'arrivée du Capitaine John dans «Kiss Kiss, Bang Bang» annonce un épisode haut en couleurs mais la suite ne fait pas vraiment d'étincelle. Une véritable constante dans cette série qui, encore une fois, donne l'impression que les auteurs n'essaient jamais de travailler une idée de départ qui lui semble se suffire à elle-même. Seulement quand une idée s'expose en quelques minutes et les épisodes font près d'une heure !
Le deuxième épisode, «Sleeper», souffre un peu moins de ce syndrome en nous exposant donc une invasion extraterrestre insidieuse. Ecrit par James Moran, cet épisode offre quelques moments assez surprenants comme un acte terroriste filmé un peu à la manière de la séquence d'ouverture des FILS DE L'HOMME. La description des personnages s'avère plus fouillé mais le choix artistique de maquillage de l'arme des extraterrestres n'est pas vraiment judicieux. Très différent, le troisième épisode, «To the Last Man», se focalise en grande partie sur l'un des personnages de l'équipe. Toshiko Sako s'occupe et tombe amoureuse d'un militaire provenant de 1918. Le traitement intimiste est assez réussi et l'idée de départ est plutôt géniale. Néanmoins, comme souvent dans TORCHWOOD, la fin de l'épisode annihile les efforts en sortant l'artillerie «Fantastique» de façon très déplacée dans un épisode qui aurait du garder un ton poétique et minimaliste. Néanmoins, cet épisode engage une enfilade d'épisodes plutôt honnête…
Avec «Meat», on peut découvrir un trafic assez particulier de viandes sortis d'on ne sait où. L'occasion de développer le personnage de Rhys et de lui donner accès à Torchwood. Cette dernière idée paraît un peu aberrante compte tenu du secret dans lequel doit rester l'organisation mais nous n'en sommes plus à ça prêt ! Surtout que l'idée générale de cet épisode est vraiment bonne. L'épisode qui vient après est, lui aussi, doté d'une excellente idée qui va donner l'occasion de provoquer plusieurs rebondissement tout en commençant à donner des bribes de révélations quant au passé du Capitaine Jack Harkness. «Adam» est un épisode au début, assez déroutant mais le scénario exploite assez bien les particularités de sa créature. Malheureusement, «Reset» aura un peu de mal à convaincre. Le personnage de Martha Jones, après une saison avec le DOCTOR WHO, vient d'ailleurs s'y insérer en tant que médecin. Le déroulement de l'épisode n'est pas exceptionnel mais se suit sans ennui. De plus, l'histoire se termine de façon plutôt tragique par la mort de l'un des personnages de l'équipe. Tout du moins, cette mort va servir dès «Dead Man Walking» puisque le cadavre sera ramené d'entre les morts. L'histoire brasse tout un tas d'éléments qui ont beaucoup de mal à s'intégrer les uns avec les autres : possession démoniaque, les Weevils (créatures vivants dans les égouts), etc… On en retiendra surtout une évocation pour le moins sombre de l'au-delà qui est dépeint ici comme un néant obscur.
Grosse inquiétude après «Reset» et «Dead Man Walking» mais, étrangement, l'épisode «A Day in the Death» est une très bonne surprise. L'un des personnages de l'équipe est donc mort puis a été ramené à la vie ce qui l'a transformé en une sorte de mort-vivant. L'épisode va donc suivre son cheminement lorsqu'il va raconter son histoire à une jeune femme suicidaire. Le traitement de la mort, et donc de la vie, est ici particulièrement bien exposé surtout en comparaison des épisodes les plus faibles de la série. Probablement pour contrebalancer cet épisode un peu lourd dans les thèmes qu'il aborde, «Something Borrowed» va adopter une histoire qui délire totalement. L'intrigue va donc narrer le mariage de Rhys et Gwen qui se déroulera de façon très inattendue avec une grossesse extraterrestre non désirée et une créature aux apparences très démoniaques. Plutôt amusant et sans prétention, cette aventure de TORCHWOOD fait partie des épisodes les plus réussis avec le précédent qui est pourtant dans un genre radicalement différent.
Gros potentiel pour le dixième épisode, «From Out of the Rain», où d'étranges personnages s'échappe de la pellicule d'un vieux film. L'apparence du «Ghostmaker» est très réussi et certains passages au début de l'épisode sont plutôt inquiétant. Mais, encore une fois, le développement ne va pas suivre et une fois que les personnages évoluent dans notre monde, on suit un déroulement peu satisfaisant. Cette histoire est plutôt en marge de l'univers de TORCHWOOD puisqu'il ne s'agit pas d'extraterrestre et qu'il n'y a aucune explication logique aux événements surnaturels. Cela rejoint d'ailleurs l'épisode avec les fées maléfiques, écrit par le même scénariste, qui paraissaient déjà très déplacé dans la première saison. Heureusement, «Adrift» offre l'un des meilleurs épisodes ce qui s'avère plutôt étonnant puisqu'il est écrit par Chris Chibnall qui accouche habituellement d'histoires au développement très faibles. La force de l'épisode ne provient pas, encore une fois, du «Fantastique» mais de la détresse des parents qui sont dépeints dans le récit. L'histoire met ainsi en avant l'infortune des parents qui ont perdu l'un de leur proche de façon inexpliquée. Très touchant, cet épisode est assurément l'une des grandes réussites de cette deuxième saison.
Les deux derniers épisodes, tout comme le premier de cette deuxième saison, sont écrits une nouvelle fois par Chris Chibnall. Pas de chance, le scénariste retombe dans sa paresse après le miraculeux «Adrift». De bonnes idées, il y en a dans «Fragments» et «Exit Wounds» mais elles sont généralement assez mal exposées. Au moins, «Fragments» va exposer l'introduction de tous les personnages dans l'équipe de Torchwood. Evidemment, seule Gwen n'y a pas droit puisque c'était le sujet du tout premier épisode de cette série. Plus les personnages sont égrainés et plus l'imagination se tarit. Arrivé à la présentation de Ianto Jones, le scénariste semble ne plus rien avoir à dire et son entrée dans l'équipe est plutôt pathétique. Au moins, le personnage de Toshiko a droit à une vraie histoire. Le plus intéressant reste, comme on peut s'en douter, celle de Jack Harkness puisque se déroulant un siècle en arrière. Dans l'épisode «To the Last Man», on évoquait déjà une équipe de Torchwood en 1918 mais, à l'évidence, cette organisation est donc largement plus ancienne. «Fragments» raconte une histoire qui se terminera dans «Exit Wounds». Les deux épisodes évoquent une vengeance extrême menant à l'apocalypse pour les habitants de Cardiff. Mais le tout s'avère peu enthousiasmant malgré les enjeux.
Série sous influence, les auteurs voulaient proposer un show dans la lignée de ANGEL. Et c'est justement de cette série américaine que la production est allée pêcher James Marsters pour interpréter le Capitaine John Hart, sorte d'antithèse du héros laissant libre cours à ses mauvais instincts. Le choix est plutôt bon mais la série ne réussie pas vraiment à tirer pleinement parti de ce personnage dans les trois épisodes où il apparaît. Mais l'influence d'œuvres cinématographiques planent largement sur TORCHWOOD parfois de façon un peu naïve. Ainsi, l'ouverture du premier épisode de la seconde saison est une sorte de démarquage de l'introduction de HIDDEN. Certains passages de «Sleeper» font penser à TERMINATOR 2 ou bien «From Out of the Rain» donne l'impression d'être un mélange de LA ROSE POURPRE DU CAIRE et de LA FOIRE DES TENEBRES. A l'évidence, et c'est clairement explicité dans l'épisode, «Something Borrowed» emprunte quelques idées à EVIL DEAD 2. Les influences, on les retrouve aussi parfois au détour des dialogues ainsi on se permet de faire quelques clins d'œil comme à X-FILES ou encore JUSQU'AU BOUT DU REVE. Entre hommage et repiquage, il est juste un peu gênant que tout cela ne serve pas une série écrite avec bien plus de rigueur que ce soit dans le traitement des histoires ou la cohérence de son univers.
La deuxième saison de TORCHWOOD sort en Angleterre sur cinq DVD. Les quatre premiers disques présentent les treize épisodes alors que le cinquième est dévolu aux suppléments. La série est produite et diffusée en haute définition en Angleterre. Donc, pas de surprise, chacun des épisodes est présenté en 16/9ème avec une image de très bonne qualité. Le rendu très vidéo de la haute définition pourra toutefois surprendre. La seule piste audio sonorise les épisodes en stéréo surround dans sa version anglaise. Pour ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement cette langue, il y a aussi un sous-titrage anglais amovible. Ce sous-titrage est d'ailleurs aussi présent sur les suppléments du cinquième DVD !
Le quatrième DVD contient quelques suppléments. Ainsi, on peut voir une Featurette intitulé «The Life and Deaths of Captain Jack». Comme son titre l'indique, les vingt minutes de cette vidéo vont faire un portrait du personnage au travers d'interviews de l'acteur principal, John Barrowman, ainsi que des scénaristes. Evidemment, le côté «immortel» du personnage est mis en avant car il lui arrive parfois de tomber raide mort avant d'être ramené à la vie ! Sous l'intitulé «Outtakes», on peut assister à quelques minutes de prises loupées menant le plus souvent à des fous rires ce qui pourrait s'apparenter à un bêtisier. Enfin, sur ce quatrième DVD, on peut voir encore dix sept minutes de scènes coupées où l'on trouve par exemple Ianto Jones qui se prend pour l'inspecteur Harry en disant «Make my day» tout en pointant un pistolet (comme dans le quatrième opus de la série des DIRTY HARRY).
Le dernier disque ne contient donc que les suppléments. Il s'agit de treize petits Making Of totalisant un tout petit peu moins de deux heures et demi au total. Chacun d'entre eux se focalise sur un épisode en particulier en donnant la parole aux acteurs, techniciens, réalisateurs, scénaristes et producteurs. D'une manière générale, on s'intéresse surtout aux moments spectaculaires de chacun des épisodes comme la mise en place d'une explosion en pleine rue (l'attentat terroriste survenu dans un aéroport anglais la veille n'est pourtant pas évoqué) ou la chute d'un cascadeur du haut d'un immeuble de plusieurs étages. Certains de ces segments vidéos s'intéresseront plus en détail sur des éléments des scénarios mais on n'aura finalement jamais de véritables historiques : d'où viennent les idées ? comment s'est déroulé le développement ? On surprend bien quelques images de réunion de production où le staff est réuni en grand comité pour discuter des épisodes mais rien ne sera creuser dans ce sens. En tout cas, ces Making Of, titré «Torchwood : Declassified», sont honnêtement fait pour qu'on les suive sans ennui.