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Critique du film et du DVD Zone 3
100 MILLION BC 2008

 

Dans les années 50, les scientifiques américains cogitent à plein régime, s'essayent aux voyages temporels et expédient une poignée de troufions en pleine préhistoire… La fine équipe semble définitivement perdue lorsque, soixante ans plus tard, une spéléologue malhabile s'écrase près d'une peinture rupestre. Datée de plusieurs millions d'années et écrite dans un anglais parfait, l'inscription ne laisse plus aucun doute quant à la survie de quelques membres de l'expédition. Frank Reno, professeur à l'origine du premier voyage, décide donc de remettre le couvert et d'envoyer une nouvelle équipe au secours des survivants. Malheureusement, la préhistoire n'est guère accueillante et le retour à la civilisation ne se fera pas sans mal…

Si le titre 100 MILLION B.C. sonne étrangement à vos oreilles et qu'il évoque pour vous le 10,000 B.C. de Roland Emmerich (10000 en France), sachez que vous êtes tout à fait normal ! En effet, alors qu'elle se consacrait à la création d'oeuvres fantastiques originales depuis 1997, la société de production «The Asylum» a décidé en 2005 de réviser entièrement son approche commerciale. Voilà donc une poignée d'années qu'elle se voue à la mise en chantier de ce que l'australo-britannique «Empire Magazine» a judicieusement nommé des «Mockbusters», alternatives fantaisistes à d'attendus Blockbusters… L'objectif est bien évidemment de surfer sur la vague engendrée par le battage médiatique d'autres métrages, s'épargnant ainsi un budget publicitaire conséquent tout en jouant sur la possible confusion du spectateur. Cette démarche des plus douteuses n'est pas nouvelle et longue est la liste des producteurs filous à en avoir usé et abusé. Reste que «The Asylum» fait fort en proposant généralement ses films en DVD quelques jours ou semaines avant la sortie en salle des métrages pillés. Ce sera par exemple le cas de TRANSMORPHERS qui sortira aux Etats-Unis une semaine avant le TRANSFORMERS de Michael Bay. Dans le même esprit, SNAKES ON A TRAIN meublera les linéaires des boutiques trois jours avant l'arrivée en salle de SNAKES ON A PLANE et KING OF THE LOST WORLD prendra un jour d'avance sur le KING KONG de Peter Jackson… La démarche est payante et sur une durée de trois ans seulement, c'est plus d'une vingtaine de métrages qui viendra gonfler le catalogue «The Asylum».

Bien évidemment, l'économie est de rigueur et les budgets consacrés ne représentent en général qu'une infime portion (un centième, voire moins) du coût de l'œuvre plagiée. Malgré cela, les films «The Asylum» affichent bien souvent des prétentions étonnantes et disposent, la plupart du temps, de scénarii totalement originaux. En effet, comment serait-il possible de reprendre la trame d'un film que personne n'a encore vu !? Le problème s'est bien évidemment posé lors de la mise en chantier de 100 MILLION B.C. et c'est pourquoi Paul Bales s'est auto-confié la rédaction d'un script alternatif. Car si Paul Bales est scénariste depuis presque dix ans maintenant, c'est davantage la profession de producteur qui caractérise aujourd'hui le bonhomme. Bales est ainsi à l'origine de la plupart des produits «The Asylum» cités précédemment, aux côtés bien évidemment des dirigeants de la firme que sont David Michael Latt et David Rimawi… Pour les besoins de son ersatz de 10,000 B.C., l'homme puise essentiellement dans le métrage de Steven Spielberg : LE MONDE PERDU. A savoir que son film est divisé en deux portions d'égale durée propulsant tout d'abord les humains dans le monde des dinosaures avant de parachuter un monstre gigantesque au beau milieu d'une ville. Plutôt que d'entrer dans d'obscures considérations génétiques, Bales préfère pour sa part favoriser les voyages dans le temps. Une idée fort bienvenue puisqu'elle fait la force d'un récit assez malin comptant au total une demi-douzaine de sauts temporels ! L'orchestration de ces différents allers-retours tient la route et permet à 100 MILLION B.C. de se détacher sans mal du lot des séries B creuses et paresseuses à la Jim Wynorski (L'ILE DES KOMODOS GEANT par exemple).

Il est par ailleurs dans les habitudes de la firme «The Asylum» d'embaucher pour ses films des acteurs plus ou moins connus. Il s'agit généralement de «seconds couteaux» que l'on reconnaîtra sans mal pour peu que l'on affectionne les séries télé et/ou les produits destinés au marché vidéo. Nous noterons par exemple que Lance Henriksen obtiendra le rôle de Long John Silver dans PIRATES OF TREASURE ISLAND, que Mark Dacascos deviendra une légende dans I AM OMEGA et qu'Edward Furlong sera la victime d'esprits torturés dans INTERMEDIO. Dans le 100 MILLION B.C. qui nous intéresse ici, c'est le sympathique Michael Gross que l'on retrouvera dans le rôle du Docteur Frank Reno. Malgré une carrière gonflée à grands coups d'apparitions au sein de multiples séries télévisées, c'est bien entendu la saga TREMORS (quatre films et une série télé) qui fera de lui une star aux yeux des amateurs de fantastique… Fidèle à ses habitudes, l'homme est ici convaincant et jovial, usant même d'un léger surjeu fort bienvenu. En effet, c'est cette décontraction mesurée qui permet à Gross de se détacher du lot des acteurs et actrices trop sérieux (pour ne pas dire coincés) qui peuplent 100 MILLION B.C. L'homme d'expérience semble ainsi interpeller le spectateur et lui rappeler que l'enjeu véritable n'est en aucun cas la survie du personnage du Docteur Frank Reno mais bel et bien la survie de Michael Gross, acteur aux besoins alimentaires simples mais réels…

Si Gross s'acquitte donc de sa tâche avec une certaine ironie, il n'en est en revanche rien de ses petits camarades de jeu. L'acteur Greg Evigan (la saga TEKWAR de William Shatner) semble par exemple bien à l'étroit dans son costume de militaire et nous livre une prestation relevant à l'évidence du grotesque involontaire. Les quatre survivants de la première expédition temporelle ne sont pour leur part que de simples coquilles vides aux mimiques quasi-simiesques. Mû par une volonté d'exister au-delà de cette simple image, Christopher Atkins adopte de surcroît et de manière récurrente d'étranges postures qui ne sont pas sans évoquer de terrifiantes publicités pour l'hygiène bucco-dentaire. D'une certaine manière, l'homme atteint donc son objectif en devenant indiscutablement l'incompétent le plus remarquable du métrage…

100 MILLION B.C. ne pêche pas cependant par l'unique présence d'acteurs médiocres. Il se voit en effet grandement desservi par la réalisation particulièrement plate du jeune Griff Furst, acteur frénétique ayant chuté de l'autre côté de la caméra en 2006 pour les besoins de BASILISK : THE SERPENT KING. Depuis, l'homme n'a guère brillé et les budgets particulièrement serrés attribués par «The Asylum» n'arrangent bien évidemment rien. La plupart des séquences comportant des effets visuels sont ainsi désespérément figées, laissant à penser que l'équipe cinématographique est en pause café. Peut être est-ce du reste le cas mais il semble plus logique de croire qu'il s'agit là d'un subterfuge visant à simplifier l'incrustation des créatures de synthèse… A ce sujet, notons que celle-ci s'avère assez correcte pour une série B et que la qualité générale des effets visuels est acceptable, comme c'est le cas dans la plupart des films estampillés «The Asylum» (exception faite de l'atroce KING OF THE LOST WORLD). L'abus d'effets numériques devient en revanche très nuisible lorsqu'il vise à remplacer les acteurs. Lors de ces rares instants, les personnages deviennent de molles silhouettes réalisant d'improbables sauts depuis un hélicoptère ou de rochers en rochers. Etonnant… Une grande partie des efforts visuels consentis concerne bien évidemment la créature clef du film, alternative rougeaude et boursouflée des T-Rex de la saga JURASSIC PARK.

Rien d'étonnant à cette apparence pour le moins louche puisqu'on nous explique que ladite bestiole n'est rien d'autre qu'un «Genus Therapoda» de la famille des «Cartradontasaures». Autrement dit, une créature qui n'a jamais existé ! Son évidente prédisposition au saut semble toutefois nous indiquer qu'il s'agit là de la progéniture hasardeuse d'un Tyrannosaure Rex et d'un kangourou dodu… Des étrangetés de la sorte, 100 MILLION B.C. en regorge véritablement, développant ainsi une facette inattendue et particulièrement ludique du visionnage. Les plus exigeants de nos lecteurs pointeront par exemple du doigt la (mini-)minijupe dont est vêtue l'actrice Marie Westbrook. Il est vrai que les contextes militaires et préhistoriques ne semblent pas propices à ce genre de fantaisie vestimentaire mais que penser dans ce cas de ce string fripon apparaissant de manière très régulière ? Nul doute que certains seront indignés par cet anachronisme flagrant puisque, comme chacun sait, c'est à compter des années 70 seulement que cette lingerie minimaliste connut ses premiers succès. A DeVilDead, nous préférerons passer outre cette «boulette» historique pour n'y voir qu'une agréable touche de féminité, écho contemporain du fameux sac à main en peau de bête que portait Raquel Welch durant son périple dans ONE MILLION YEARS B.C.

Contre toute attente et malgré de nombreuses maladresses, 100 MILLION B.C. est en définitive un divertissement d'honnête qualité. Le jeu des voyages temporels n'y est certainement pas étranger, de même que la touchante naïveté de l'ensemble. Le nombre relativement conséquent de créatures étonne même et prouve qu'il est possible, aujourd'hui encore, de se montrer généreux malgré de très faibles moyens. Bien qu'il ne brille pas particulièrement à la réalisation, Griff Furst nous offre mine de rien l'une des meilleures productions «The Asylum» actuelle. Point de véritablement chamboulement ici mais une petite Bisserie qu'il conviendra de ranger sans honte aux côtés de la trilogie Cormanienne des CARNOSAUR.

Parce qu'il ne sera disponible que dans quelques semaines sur le sol américain, nous avons dû nous tourner du côté de la Chine pour nous procurer 100 MILLION B.C. en DVD. Outre le fait d'avoir le film au plus vite (ce qui n'avait rien de «vital»), cette alternative s'avère intéressante pour deux raisons. La première est bien évidemment d'ordre économique puisque pour le prix d'un disque «The Asylum» en Zone 1, vous pourrez vous en procurer trois chez nos amis hongkongais ! La seconde raison trouve sa source dans le contenu même du disque. En effet, alors que les disques américains de la firme se contentent généralement de la simple piste originale, les alternatives chinoises ajoutent quant elles et de manière systématique un sous-titrage anglais facilitant l'accès aux anglophones balbutiants.

Sur le plan sonore, le disque chinois reprend le classique mixage Dolby Digital 5.1 de la piste originale. En terme de spatialisation, c'est un peu la catastrophe avec une sollicitation des enceintes arrière qui relève de l'exceptionnel. L'ensemble est d'ailleurs plutôt plat et l'absence de basses se fait cruellement sentir lors des apparitions du «Genus Therapoda». Nous ne sommes clairement pas dans JURASSIC PARK III ! Reste que malgré son manque de puissance, cette piste s'avère propre et claire, dispensant malheureusement l'horrible partition de Ralph Rieckermann.

L'image nous est quant à elle proposé au format 1.77 via un encodage en 16/9ème. Le site internet de «The Asylum» indique actuellement un format d'origine en 2.35 mais il semble évident qu'il s'agit d'une bévue. A priori, le véritable ratio du film est le 1.85 et celui-ci se voit donc légèrement recadré de manière à coller au format de nos téléviseurs actuels. L'opération est courante dans le milieu de l'édition DVD et la très faible perte d'image peut être jugée comme acceptable. Nous serons en revanche moins cléments avec un encodage qui fait parfois des siennes. Les défauts sont rares mais il arrive que l'on décèle d'évidents problèmes de compression, notamment lors des séquences les plus sombres. La seconde portion du métrage étant nocturne, c'est elle qui paye d'avantage le prix d'un travail imparfait. Au-delà de cela, rien de bien méchant; la définition est correcte et les couleurs légèrement pâles sans pour autant virer au terne… Finissons le tour de ce disque en évoquant les bonus qui brillent par leur totale absence. Bien que ce ne soit pas une constante sur les disques dédiés aux films «The Asylum», il s'avère que c'est en réalité très courant. La chose est d'autant plus regrettable que les bandes annonces existent, qu'elles sont souvent sympathiques et qu'elles pourraient garnir agréablement nos galettes…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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Les sauts temporels bien orchestrés
Michael Gross
Un film qui remplit son modeste contrat
Les anachronismes amusants
On n'aime pas
Le jeu souvent navrant des acteurs
Une action assez statique
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L'édition vidéo
100 MILLION BC DVD Zone 3 (Chine-Hong Kong)
Editeur
Unicorn
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Chine-Hong Kong (Zone 3)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Chinois
  • Anglais
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