Il y a 500 ans, en Corée, une jeune fille est promise à un gentil serpent géant ce qui donnera à ce dernier la faculté de se transformer en dragon pour monter au royaume céleste. Hélas, un vilain serpent de taille aussi démesurée entend bien lui aussi mettre ses crocs sur la promise afin d'obtenir son ticket pour les cieux. Les deux reptiles géants n'auront pas leur récompense et il leur faudra attendre cinq siècles pour que l'histoire se répète. De nos jours, aux Etats-Unis, la réincarnation de la jeune femme détient toujours la clef ouvrant les portes du royaume céleste. Le vilain serpent et son armée vont tout casser pour arriver à leur fin !
Vedette en Corée du Sud, Shim Hyung-rae est un acteur comique qui aura souvent l'occasion de flirter avec le Fantastique. Acteur principal d'une vague de films de science-fiction à destination d'un public jeune (ULEMAE FROM OUTER SPACE), il va devenir assez vite le personnage récurrent de Young-gu dans un grand nombre de métrages humoristiques. Young-gu (Shim Hyung-rae) sera donc amené à rencontrer les personnages de Dracula, du monstre de Frankenstein ou encore divers fantômes et dinosaures au gré des scénarios parodiques. C'est d'ailleurs en réalisant des Young-gu que Shim Hyung-rae va mettre la main à la pâte en réalisant ses propres films. Il ne tardera pas à monter sa propre maison de production avec laquelle il sera alors maître d'une grande partie de la chaîne de production. Le cinéaste aurait pu s'entêter dans le domaine de l'humour coréen mais il va bien vite s'orienter vers la science-fiction et le Fantastique. C'est ainsi qu'il va initier le revival de Yonggary. Monstre géant d'origine coréenne datant des années 60, Shim Hyung-rae va ramener la bestiole sur les écrans de cinéma trente ans après sa naissance. Pas forcément une grande réussite, le film sera distribué un peu partout dans le monde le plus souvent directement en vidéo. Entre-temps, Shim Hyung-rae va monter son propre studio d'effets spéciaux numériques qui sera intégré à sa maison de production. Ambitieux, il annonce alors en 2002 un projet d'envergure titré D-WAR !
Comme pour YONGGARY, Shim Hyung-rae vise directement le marché international. Il va donc engager des acteurs anglo-saxons et une grande partie du récit se déroulera aux Etats-Unis. Il n'en oublie pas pour autant son pays d'origine, la Corée, qui est au centre de l'intrigue par l'entremise d'une vieille légende prenant ses racines cinq siècles en arrière. La partie médiévale de l'histoire prend ainsi place dans une Corée de légende. Mais avant de concrétiser tout cela à l'écran, il va s'écouler quelques années. Ainsi, le premier tour de manivelle n'aura lieu qu'en 2004 aux Etats-Unis et il faudra encore trois ans de post-production et d'affinage pour que le film ne sorte enfin sur les écrans. Probablement à cause de son film précédent, YONGGARY, Shim Hyung-rae a du prendre son temps lors de la phase de post-production pour s'assurer d'obtenir des effets spéciaux de qualité. Si les premières images dispensées sur internet via des bandes-annonces pouvaient inquiéter, il faut bien admettre que la version terminée, le film en lui-même, dispose d'effets qui n'ont certainement pas à rougir face à leurs homologues hollywoodiens. Les créatures et séquences de destructions massives sont d'ailleurs en majeure partie les points fort d'un film qui se veut à l'évidence généreux. Déjà avec YONGGARY, Shim Hyung-rae ne rechignait pas à tout détruire sur son passage grâce à son monstre géant. Il en est de même avec D-WAR qui va toujours plus loin en lâchant un serpent gigantesque au cœur de Los Angeles avant de lancer une véritable guerre au sein des rues de la mégalopole américaine avec une armée contemporaine et celles des forces du mal équipé d'obusiers montés sur des sortes de dinosaures ou encore des dragonnets particulièrement agressifs. Ces derniers lâchés au cœur des séquences les plus spectaculaires vont entamer un véritable ballet destructeur avec des hélicoptères de combat. Les séquences de destruction du film s'accumulent ainsi durant une longue bataille qui ne peut laisser de marbre tout amateur de films de monstres géants.
D-WAR n'est pas pour autant impressionnant de bout en bout. Car le film de Shim Hyung-rae contient des défauts de taille. Ainsi, l'enchaînement des éléments du scénario sont parfois un peu chaotiques et l'histoire n'a rien de véritablement exceptionnel. Le cinéaste, auteur du scénario, semble vouloir viser un large public en essayant de contenter tout le monde. La séquence où le héros, enfant, entre en contact avec la légende est assez symptomatique d'un cadrage en direction des jeunes spectateurs. Cette orientation va perdurer dans une intrigue extrêmement naïve mais qui va ensuite se focaliser sur un couple de jeunes adultes en proie à des considérations plus en adéquation avec leur âge. En arrivant à ce stade, la légende est alors prête à se répéter donnant enfin l'impression de se lâcher au bout d'une heure de métrage. Après tout, cela n'est pas bien grave, l'amateur de «Kaiju» japonais a vu bien pire dans le genre et cette heure assez inégale ne devrait pas ternir l'apothéose destructrice vers laquelle nous amène le film. La dernière partie de D-WAR laisse un peu retomber la pression pour un épilogue toujours bardé en image de synthèse mais bien moins dévastateur. L'issue du film pourra d'ailleurs surprendre car si l'opposition du bien et du mal trouve une conclusion évidente, on peut difficilement évoquer une fin complètement heureuse.
Au cœur de l'action, le choix des acteurs n'est pas toujours des plus heureux. Ou plutôt la direction d'acteur et les situations ne mettent pas vraiment en valeur les comédiens. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne Robert Forster incarnant ici un mentor dispensant une grande sagesse. Quelques scènes où il apparaît sont hélas pour le moins ridicule comme le passage où l'acteur élimine quelques quidams imbibés d'alcool en pratiquant des arts martiaux d'une raideur bien à lui. A près de 70 ans, ce serait comme si on avait l'idée saugrenue de demander aujourd'hui à Christopher Lee de se battre avec un sabre laser (comment ? quelqu'un a osé le faire ?). Le couple d'acteurs formé par Jason Behr et Amanda Brooks a beau être sympathique, le scénario un peu rigide ne leur donne pas vraiment l'occasion de s'exprimer de façon à donner vie à leurs personnages. Gros problème puisque le couple amoureux est au centre d'événements qui les dépasse et doit déboucher sur une séparation. L'émotion est, en réalité, franchement absente de D-WAR et les personnages sont finalement bien peu intéressants. A l'origine, le premier montage du film faisait une quinzaine de minutes supplémentaires mais le cinéaste a tranché dans le vif en coupant très probablement ce qui paraissait peu utile. A ce niveau là, on suppose qu'il s'agit très certainement de dialogues plutôt que des séquences à effets spéciaux. Car, à l'arrivé, ce qui retient totalement l'attention, c'est un scénario assez enfantin dans un film où le cinéaste s'est fait surtout plaisir, comme un gamin, à mettre sur l'écran des armées de monstres tout en pulvérisant le centre ville de Los Angeles. Très inégal en tant que film de cinéma, D-WAR est tout de même un spectacle jouissif et généreux.
Sony sort D-WAR directement en DVD dans la plupart des pays européens. Le DVD permet de découvrir le film de Shim Hyung-rae dans un transfert 16/9 au format cinéma respecté. La qualité est au rendez vous et les images spectaculaires sont retranscrites sans défauts notables. C'est d'autant plus appréciable que D-WAR est avant tout un spectacle pour les yeux et les oreilles. La version anglaise d'origine délivre d'ailleurs un Dolby Digital 5.1 qui renforce les impressionnantes séquences du film. Le doublage français n'est pas en reste et devrait satisfaire autant les amateurs de gros sons.
Les suppléments débutent avec une Featurette où l'on suit essentiellement le cinéaste Shim Hyung-rae visiblement en mode «promo». L'approche pourrait être détestable mais l'homme s'avère tout de suite sympathique avec sa façon de raconter les mésaventures qui lui sont arrivés lors de la création de ce film. L'enthousiasme débordant du bonhomme emporte donc tout de suite l'adhésion et on est prêt à croire tout ce qu'il raconte le plus souvent de façon plutôt amusante. Il apparaît d'ailleurs très vite que son charisme lui permet de faire travailler les autres au-delà de leurs capacités. Celui-ci évoquant assez souvent, comme un homme d'affaire avisé, ceux qui ont envie de se donner à fond. Alors, bien sûr, à la fin de la vingtaine de minutes de cette vidéo finalement très promotionnelle, nous ne sommes pas déçus mais quelques interrogations pointent quant à la sincérité de tout ce qui a pu nous être raconté. Mais, après tout, acceptons les belles histoires optimistes de cet «ancien» acteur comique qui n'aspire plus qu'à réaliser des films !
Le reste des suppléments sera pour le coup largement plus anecdotique. On peut assister à un comparatif sur plusieurs séquence entre le story-board, les effets spéciaux numériques en version temporaire et le film terminé. Peu enthousiasmant, il aurait été plus intéressant d'expliquer le travail sur les effets numériques plutôt que nous livrer ce comparatif à l'arrivé peu intéressant. Une galerie de dessins de production donne une idée, limitée aux quelques ébauches proposées, du travail préparatoire. Enfin, une section est dédiée aux bandes-annonces mais celle de D-WAR se fait remarquer par son absence. A la place, l'éditeur propose celles d'autres titres dont certains n'ont pas du tout de lien avec le film Shim Hyung-rae. LE DRAGON DES MERS s'en rapproche avec sa mythique créature et on pourra rapprocher RENCONTRES DU TROISIEME TYPE de par son appartenance au genre fantastique. Les autres bandes annonces sont un peu hors sujet. Etrange que Sony n'ait pas eu l'idée de proposer des films annonces de films de son catalogue plus en adéquation avec D-WAR tel que GODZILLA.