Persuadé que Napoleon Stone (Denzel Washington), qui couche avec son ex-compagne, est un avocat corrompu, l'inspecteur Jack Moony ne le lâche pas d'une semelle. La donne va s'inverser lorsque c'est l'avocat qui ne quittera plus le policier suite à un événement très particulier. Après avoir été tué, le cœur de l'avocat est transplanté dans la poitrine du policier qui vient de faire une crise cardiaque. Dès lors, le fantôme de Napoleon Stone entend bien trouver le coupable de son assassinat en faisant équipe avec Jack Moony, son seul lien avec le monde des vivants…
Après le tournage de GLORY, Denzel Washington s'engage sur un film largement moins prestigieux. L'acteur est, à ce moment de sa carrière, ce que l'on pourrait appeler une étoile montante et il n'a pas encore le poids qu'il va acquérir par la suite à Hollywood. Evidemment, aujourd'hui, on pense aux Oscars obtenus par le comédien et plus particulièrement, en 1990, celui du meilleur seconds rôle pour son interprétation dans GLORY. Mais ce premier Oscar, il ne l'obtiendra qu'une fois que UN ANGE DE TROP sera mis en boîte et livré dans les cinémas américains. Petite production, le film écrit et réalisé par James D. Parriott s'avère un métrage peu ambitieux. L'intrigue va donc mener un policier bougon, fauché et raciste à faire équipe avec un avocat riche, noir et fraîchement décédé. Les deux hommes vont être liés suite à une transplantation de cœur, le fantôme du donneur va alors accompagner l'hôte de son organe. Le concept n'a rien de nouveau a plus d'un titre. Le film s'inscrit dans la veine du « buddy movie », popularisé par 48 HEURES au début des années 80, en plaçant deux personnages antagonistes sur une affaire criminelle. Par-dessus vient se greffer un postulat fantastique sous la forme d'un fantôme que seul le héros vivant est à même de voir. Idée déjà largement usitée au cinéma et amenant d'inévitables situations comiques ou incongrues (L'AVENTURE DE MADAME MUIR, LE FANTOME DE BARBE NOIRE, etc…).
Si le résultat final de UN ANGE DE TROP donne l'impression de découvrir un petit film sans grande envergure, le cinéaste James D. Parriott a de son côté probablement voulu, au contraire, y insérer bien trop d'éléments. Le film se déroule oubliant parfois certaines des révélations de l'intrigue pour finalement aboutir à une résolution plutôt simpliste. Le statut du personnage de Denzel Washington est de prime abord plutôt complexe puisqu'il est un juriste dont les clientes sont des call girls employées par un personnage fort peu recommandables. Cet aspect du personnage est rapidement survolé et ce qui aurait pu donner une véritable profondeur aux échanges entre nos deux héros que tout oppose tourne le plus souvent à des séquences «faciles». L'actrice Chloe Webb incarne ici le second point commun qui relie nos deux infortunés héros. Il partage donc le même cœur alors qu'ils étaient déjà, bien avant la greffe, amoureux de la même femme. Un ressort scénaristique plutôt bien vu et qui s'avère aussi ce qui est le mieux mené dans le film. Ce trio amoureux laisse échapper quelques belles scènes dont les trois acteurs principaux sont certainement le principal vecteur de réussite. Avec Denzel Washington et Chloe Webb, le trio se complète assez merveilleusement grâce à Bob Hoskins. L'acteur se partage d'ailleurs entre productions commerciales et films beaucoup plus pointus. Ici, à l'évidence, il a très probablement été choisi après le succès de QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT?. Le comédien y partageait la vedette avec des personnages de dessin animé ce qui l'obligeait à jouer la comédie sans partenaire réel. Bien sûr, UN ANGE DE TROP lui donne l'occasion, une nouvelle fois, de donner la réplique à un acteur absent du cadre. Bob Hoskins s'en tire très bien mais le contexte est souvent source de facilité dans le scénario. Pour exemple, on retiendra une séquence où le flic veut manger un hamburger contre l'avis des médecins, le fantôme essaie alors de l'en empêcher devant une assistance médusée par les gesticulations du seul personnage qu'ils sont à même de voir. Amusant mais cela tranche totalement avec un récit qui se veut par instants extrêmement sombre voir dépressif…
Trio amoureux et comédie loufoque, UN ANGE DE TROP doit encore intégrer une intrigue policière qui mène nos deux personnages à s'enfoncer dans l'univers un peu glauque de la prostitution de luxe et de la drogue. La dernière partie du film change d'ailleurs radicalement de ton en proposant un dénouement plutôt violent où l'on n'hésite pas à menacer un bébé. Les ingrédients ont un peu de mal à se mélanger de façon harmonieuse dans un film qui change donc assez régulièrement de registre. Déjà, à l'époque de sa sortie en salles, le film n'était pas des plus convaincants à ce propos et le temps n'a rien changé à l'affaire (que ce soit en bien ou en mal). A partir de là, UN ANGE DE TROP peut difficilement être considéré comme une réussite où un incontournable du cinéma, pas plus qu'il n'est une débauche d'effets spéciaux qui sont extrêmement discrets. Néanmoins, le film de James D. Parriott n'est pas pour autant un spectacle désagréable. L'interprétation des acteurs, certaines situations ou l'emballage coloré, très typé années 80, sur fond de musique jazzy permet de passer un moment relativement sympathique.
UN ANGE DE TROP fait sa sortie française au travers d'une édition DVD basique mais de qualité. Le transfert 16/9 au format cinéma respecté (1.85) est très agréable en respectant la photographie aux couleurs généreuses. Il serait possible de gratter et pinailler pour y trouver d'anecdotiques défauts mais reconnaissons surtout que le rendu de l'image est vraiment agréable. La sonorisation se fait au travers de deux pistes en Dolby Digital 5.1 qui ne sont probablement pas d'époque. Deux remix qui appellent un peu les mêmes commentaires que le film… L'écoute n'est pas des plus impressionnantes mais offrent des pistes sonores largement satisfaisantes et faisant le plus souvent la part belle à la partition musicale de Patrick Leonard.
La partie interactive se limite à la bande annonce originale du film. A côté, on trouve d'autres films annonces de titres à venir chez l'éditeur en vidéo. Une grosse partie de ces bandes annonces sont d'ailleurs diffusées sans qu'on n'ait vraiment le choix à l'insertion du disque (on peut tout de même les zapper grâce à la télécommande). A vrai dire, les deux seules bandes-annonces qui ne sont pas mises en avant sont les deux seuls films européens présentés sur le disque. La sélection de films est, en tout cas, assez hétéroclite et les deux métrages européens, MORTADEL ET FILEMON et FELIDAE, sont pour le moins, en tout cas présenté ainsi, attractifs.