Après avoir dissipé une toxine rouge dans l'atmosphère terrestre, les Visiteurs sont obligés de quitter la planète laissant la victoire aux êtres humains. Mais les Visiteurs ne tardent pas à revenir sur Terre pour reprendre l'occupation lorsqu'ils découvrent que les effets de la toxine disparaissent dans certaines régions du globe. La résistance reprend les armes pour combattre les envahisseurs…
Producteur, scénariste et réalisateur, Kenneth Johnson a œuvré sur nombre de séries télévisées à succès tel que L'HOMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS, SUPER JAIMIE ou L'INCROYABLE HULK. Au début des années 80, il va être l'instigateur de la mini-série V qu'il va produire, écrire et réaliser pour le compte de Warner Bros Televisions et NBC. Les trois heures de métrages vont rassembler en masse les téléspectateurs américains ce qui ouvre une porte vers un prolongement télévisé. Mais le créateur original, Kenneth Johnson, va être rapidement mis à l'écart au cours de la production de V : THE FINAL BATTLE. Après cette seconde mini-série, Kenneth Johnson n'aura donc plus rien à voir avec l'univers de V. Il sera toutefois toujours crédité au générique en tant que créateur de la série.
Les deux premiers épisodes de la série télévisée donnent une explication au retour des Visiteurs. C'est aussi là où l'on apprendra que la toxine rouge qui avait permis de chasser les envahisseurs disparaît dans certaines zones en raison du climat. Cela dit, un simple masque à oxygène semble immuniser le personnage de Diana mais nos extraterrestres ne semblent jamais vouloir utiliser ce type d'appareillage pour continuer la lutte dans les zones infectées. Une bizarrerie parmi tant d'autres dans la logistique extraterrestre de V puisque les envahisseurs disposant de navettes apprécient fortement le transport en voitures ou en motos. Les transports de matériels ou de prisonniers importants se fait donc dans l'insécurité la plus totale à bord de véhicules à quatre roues. Curieux mais symptomatique d'un manque de moyens qui obligent le plus souvent la production à utiliser les plans d'effets spéciaux des deux mini-séries précédentes. Ainsi, la première aventure nous remet une longue séquence de poursuite en navette déjà vue auparavant et il en ira de même pour d'autres épisodes. Toujours dans un souci d'économie, on oublie volontairement les distorsions particulières des voix des Visiteurs qui s'expriment dorénavant comme tous les êtres humains.
Parfois peu cohérent, les épisodes offrent d'étranges erreurs de continuité d'un épisode à l'autre. Le plus gros a toutefois une explication logique qui n'a, bien évidemment, rien à voir avec l'intrigue. Ainsi, dans le troisième épisode de la série, les personnages de Kyle et de Tyler se rencontrent dans un camp de détention. Il est d'ailleurs probable que Donovan et Robin, captif dans le même camp, sont rentrés en contact avec Kyle. Néanmoins, dans l'épisode suivant, Kyle redevient un parfait étranger pour tout le monde. L'amnésie des personnages a été provoqué par la chaîne de télévision qui s'est inquiété du contenu jugé trop noir et violent du troisième segment de la série télévisée. En conséquence, cet épisode ne fut pas diffusé normalement mais retiré de la programmation. A l'évidence, la production a réagi promptement en présentant une seconde fois le personnage dans le quatrième épisode. Des modifications de dialogues seront aussi opérées dans plusieurs épisodes toujours à la demande de la chaîne de télévision. Finalement, le troisième épisode sera diffusé bien plus tard et, à vrai dire, son contenu n'a rien de particulièrement violent. Il s'agissait d'ailleurs de la première apparition du Crivit, une créature carnassière se déplaçant dans le sable et que l'on retrouvera dans un autre épisode.
Si ce problème de continuité en particulier s'explique, il n'en sera pas de même d'autres détails disséminés ici ou là tout au long des épisodes. Par exemple, on nous explique que Ham s'est marié au Vietnam puis dans l'épisode suivant, on nous parle du Cambodge. Gageons que les personnages ne sont pas doués pour la géographie où que le terme «Vietnam» faisait plutôt référence au conflit et non au pays. Que penser par contre de Donovan qui veut à toutes fins récupérer son fils au début de la série avant de finalement l'oublier totalement ou presque après le cinquième épisode le temps de vivre d'autres aventures ? L'histoire du Triax n'est pas non plus d'une grande clarté. Ainsi, nos lézards extraterrestres disposent d'une super arme spatiale à même d'anéantir des villes entières mais, manque de bol, ils n'en ont semble t'il qu'un seul exemplaire qui sera mis hors d'état de nuire. Après une opération de clonage, pourtant réussie, Diana oublie de faire un second essai après avoir perdu le premier cobaye. En réalité, comme beaucoup de séries télévisées, les intrigues ont souvent du mal à survivre à l'aventure hebdomadaire. Seul les liens entre les personnages semblent perdurer de manière relativement durable à l'image du lien qui unit Nathan Bates à Kyle Bates ainsi que l'amourette entretenu par ce dernier avec Elizabeth.
Toujours plus curieux, les scénaristes qui ont posé les bases de la série ont manifestement été influencés par L'AUBE ROUGE. En effet, le personnage de Nathan Bates n'est pas sans rappeler celui du maire de la petite ville américaine occupée par les troupes soviétiques dans le film de John Milius. Sa relation avec son fils qui prend le maquis alors qu'il essaie de ménager une sorte de trêve avec les occupants est carrément identique. Et quitte à ce que ce soit flagrant, les deux personnages portent le même nom de famille et sont interprétés par le même acteur : Lane Smith. L'AUBE ROUGE, sorte d'anticipation guerrière, traitait d'ailleurs d'un thème similaire à celui de V avec une transposition de l'occupation de la Seconde Guerre Mondiale dans un environnement américain et contemporain. Les scénaristes de V, la série, se permettront d'autres emprunts comme l'introduction du cinquième épisode qui nous refait la séquence d'introduction de BONS BAISERS DE RUSSIE.
Assez mal fagoté, la série donne l'impression d'avoir été produite rapidement et sans recul de la part de ses créateurs. Les situations manquent souvent d'imagination et les épisodes abusent d'effets faciles. Ainsi, on notera que très régulièrement les épisodes nous gratifient d'une séquence de gastronomie extraterrestre nécessitant de se renouveler en changeant les mets à avaler : Sauterelle, poisson rouge, fourmis, vers, souris… De même, en dépit de tous bons sens, Diana et Lydia continue de se crêper le chignon en arguant de l'incompétence des uns et des autres. Et il est vrai que les Visiteurs n'ont jamais été aussi incompétents que dans la série. Le super mentor adepte d'un art martial redoutable, armé d'un fouet, se fait rétamer par Donovan comme un bleu. Plus les épisodes avancent et plus les Visiteurs deviennent faiblards.
Tout aussi bizarres, la séduction chez les lézards reste un mystère pour le téléspectateur humain. Dans la mini-série, on nous avait évoqué l'aversion des Visiteurs pour l'apparence humaine (tout du moins en ce qui concerne l'attirance sexuelle). Pourtant, et c'était déjà le cas dans la mini-série, Diana continue ses frasques et, d'une manière générale, les lézards semblent être plus attirés par le déguisement humain que les écailles originales. De fait, l'intrusion de Charles, un bellâtre venant chapeauter les opérations de Diana au milieu de la série, laissent en émoi les femelles extraterrestres à la vue de l'acteur Duncan Regehr. De son côté, Diana apprécie la séduction sous forme humaine ce qui est représenté à plusieurs reprises lorsqu'elle entame des préliminaires avec d'autres lézards pourtant masqués en humain. Les extraterrestres sont donc définitivement des pervers en plus d'être de dangereux envahisseurs.
Mais alors quelles peuvent être les raisons de regarder cette série télévisée ? Soyons francs, il faut surtout assumer le plaisir coupable de retrouver les personnages des mini-séries. Le résultat n'est pas glorieux mais l'aspect nostalgique fonctionne plutôt bien. Toutefois, il est conseillé de ne pas en abuser car l'enfilade de plusieurs épisodes à la suite décuple les nombreux défauts déjà évoqués. Dans la série télévisée, on retrouve donc une grande partie du casting original. Certains acteurs sont évacués assez rapidement comme par exemple Michael Durrell et Frank Ashmore qui incarnent respectivement le père de Robin et Martin. Mais les figures emblématiques de la série tiennent bon et l'on retrouve Marc Singer, Jane Badler, Faye Grant, Robert Englund et Michael Ironside. La première partie de la série offrent aussi quelques développements inattendus comme l'étrange métamorphose de Elizabeth. De plus, la série offre quelques invités amusants à l'instar de Sybil Danning en vilaine extraterrestre malheureusement un peu sous-exploitée. Si la deuxième mini-série donnait l'impression que le conflit se focalisait complètement sur les Etats-Unis, ces nouvelles aventures intègrent le reste du monde. Ainsi, au début de chacun des épisodes (sauf les deux premiers), on nous donne les informations mondiales au travers d'une chaîne de télévision située en zone libre. Une façon d'ouvrir chacun des épisodes de façon plutôt sympathique. Ceux qui ont apprécié les mini-séries devraient donc y trouver leur compte. Pour les autres, c'est bien moins sûr !
Plutôt que d'exploiter directement la série télévisée dans d'autres pays que les Etats-Unis, Warner cède les droits à d'autres éditeurs. C'est le cas d'Aquarelle qui obtient la possibilité de commercialiser les deux mini-séries ainsi que l'intégralité de la série télévisée. Si les deux mini-séries étaient vendues ensemble dans un même boîtier, il n'en sera pas de même pour la série. Les dix neuf épisodes sont répartis en deux volumes. Le premier, celui dont nous parlons ici, contient donc dix épisodes placés sur trois DVD. Comme dans les autres pays, Aquarelle reçoit le matériel à exploiter de Warner. Et ce n'est pas glorieux car, contrairement aux mini-séries, les épisodes offrent une image vieillotte. Certains épisodes s'en tirent mieux que d'autres et, étrangement, plus on avance et plus la qualité semble se dégrader. Contraste approximatif, détail standard et couleurs tirant sur les teintes chaudes, Warner n'a pas fait beaucoup de travail sur les épisodes de la série TV. Même après avoir retravaillé l'image, Aquarelle n'a pas réussi à faire de miracles.
Seules deux pistes audio sont fournies. Il s'agit de la version originale et du doublage français. C'est, à priori, la première fois que la série est diffusée en France avec la piste originale anglaise. Celle-ci est bien évidemment sous-titrée mais, par endroit, les traductions ne semblent pas coller aux dialogues anglais mais plutôt au doublage français. Dans les deux cas, il s'agit de pistes en mono. Peu spectaculaire, le rendu reste plutôt honnête.
L'interactivité se limite au choix des langues et des épisodes. Un point de chapitrage a été d'ailleurs placé judicieusement juste après le générique du début ce qui permet de ne pas perdre de temps à le revoir lorsque l'on regarde plusieurs épisodes à la suite. Dans ce cas, un appui sur une touche de la télécommande et on peut embrayer directement sur le début de l'épisode. Mais, en dehors des dix épisodes, il n'y a donc aucun supplément sur ce premier volume. Le suivant, qui sortira un peu plus tard, permettra de voir les neuf derniers épisodes ainsi que, paraît-il, un (ou des ?) bonus.