Header Critique : SOMEONE’S WATCHING ME (MEURTRE AU 43EME ETAGE)

Critique du film et du DVD Zone 1
SOMEONE’S WATCHING ME 1978

MEURTRE AU 43EME ETAGE 

Fraîchement débarqué à Los Angeles, Leigh Michaels trouve assez vite un appartement situé dans une grande tour. Tout se passe pour le mieux que ce soit dans sa vie professionnelle ou personnelle. Des coups de téléphones ainsi que des courriers inhabituels ne vont pas tarder à perturber son train train quotidien.

Entre DARK STAR et ASSAUT, John Carpenter va se concentrer sur l'écriture de scénario. Le cinéaste avoue lui-même que cette activité de scénariste, dans le courant des années 70, était plutôt bien payée. C'est ainsi qu'il va toucher à divers métrages dont LES YEUX DE LAURA MARS ou encore MORSURES. Pas toujours crédité, son travail passera parfois inaperçu alors que certains de ses travaux d'écriture ne seront finalement concrétisés à l'écran que plusieurs années plus tard. Dans ses cartons, John Carpenter a le scénario d'un thriller inspiré par un fait divers. Le sujet circule grâce à son agent en vue de devenir un film de cinéma. Warner est intéressé mais propose plutôt de tourner le film pour la télévision. Par accord, au cas où le sujet viendrait à être tourné, John Carpenter doit être considéré comme un réalisateur potentiel. La production n'ira pas chercher plus loin et va donc confier la mise en scène au cinéaste qui cumule ici les casquettes de réalisateur et scénariste. Bien que titré à l'origine HIGH RISE, le film va finalement devenir SOMEONE'S WATCHING ME à la télévision américaine ou bien MEURTRE AU 43ème ETAGE en France.

John Carpenter est ainsi placé à la tête d'une équipe de techniciens chevronnés. Rompu aux tournages de fictions télévisuelles, ils vont travailler à grande vitesse ce qui surprend à l'époque John Carpenter plus habitué à travailler avec des artisans débutants. D'ailleurs, la même année, il va lui-même enchaîner les tournages puisqu'il réalisera quasiment dans la foulée SOMEONE'S WATCHING ME, HALLOWEEN et LE ROMAN D'ELVIS (encore une fois pour la télévision). D'ailleurs, bien tourné ensuite, HALLOWEEN sortira dans les salles de cinéma aux Etats-Unis quelques semaines avant que SOMEONE'S WATCHING ME ne soit diffusé pour la première fois sur la chaîne NBC.

John Carpenter va être obligé d'adapter son style habituel à la forme télévisuelle. Pourtant, même dans le cadre étriqué du petit écran, le cinéaste va essayer de composer de continuer à composer ses plans avec certes moins de panache que lorsqu'il filme en format large. Dès les premières minutes du film, il va ainsi s'attarder sur la longue vue qui devient un appareil gigantesque derrière lequel se camoufle un inquiétant personnage. Bien que basé sur un fait divers s'étant déroulé aux Etats-Unis, John Carpenter va tout de même triturer grandement l'histoire et le résultat s'apparente bien plus à un thriller très inspiré par Alfred Hitchcock et son FENETRE SUR COUR. La promiscuité des fenêtres d'immeubles donnait l'occasion à un homme immobilisé dans une chaise roulante de découvrir son voyeurisme tout en dévoilant une affaire criminelle. Dans SOMEONE'S WATCHING ME, l'effet est toutefois inversé. Comme dans le film de Alfred Hitchcock, le personnage principal va tout de même succomber à la curiosité en s'attardant sur les fenêtres des autres mais cet aspect de l'histoire s'avère assez court. Il resservira un peu plus tard lorsque John Carpenter s'inspire directement de Hitchcock lors de la séquence où le personnage principal va visiter l'appartement d'un présumé coupable pendant que son amie la surveille au travers d'une longue vue. Mais le fil conducteur de l'intrigue, son voyeur principal, c'est avant tout un inconnu qui persécute ceux qui ont le malheur de résider dans l'immeuble en face du sien.

Se croyant à l'abri dans son tout nouvel appartement, l'héroïne découvre assez vite qu'elle est plutôt vulnérable. L'inconnu la poursuit au téléphone, lui envoie d'étranges courriers ou se fait bien plus présent en donnant l'impression de s'immiscer plus physiquement dans l'intérieur de la jeune femme. A ce niveau là, il apparaît logique de tracer un parallèle évident entre SOMEONE'S WATCHING ME et HALLOWEEN. Dans les deux films, un inquiétant personnage vient semer la peur dans un décor pourtant considéré à l'origine comme rassurant et calme. On notera aussi que John Carpenter va repousser le plus longtemps possible le moment de dévoiler l'identité du voyeur de SOMEONE'S WATCHING ME. A un tel point que le cinéaste ne cherche pas à trouver une justification ou une motivation clairement définie à son personnage ce qui est assez proche de la forme maléfique que revêt le Michael Myers de HALLOWEEN. Néanmoins, les deux films divergent grandement au-delà de leurs similitudes. Dans ce téléfilm, John Carpenter va s'intéresser beaucoup plus à la lente incursion d'un tiers insaisissable et envahissant dans l'intérieur d'une jeune femme. Débutant sur de petites touches anodines ou cocasses, l'ambiance s'alourdit bien vite jusqu'à s'apparenter à un viol moral. Jouant sur le sentiment de paranoïa de son personnage, John Carpenter va au bout de son idée de la victime désarmée face à ce type d'agression. Et pour cause puisque notre héroïne martyrisée est bien incapable de prouver l'existence de celui qui la persécute. Très bien pensé à ce niveau, SOMEONE'S WATCHING ME réussi souvent à nous faire partager la frustration de la victime sans oublier d'inclure quelques séquences de tension très réussie. Toutefois, SOMEONE'S WATCHING ME ne fonctionne pas complètement faute, certainement, aux bornes imposées par le formatage télévisé.

Datant de la fin des années 70, on passera sur le panel technologique mis à la disposition du voyeur car, trente ans plus tard, le matériel paraît totalement dépassé ce qui n'est pourtant pas un frein au suspense. Mais pour un film destiné à la télévision et datant de cette époque, les personnages sont relativement atypiques. Ainsi, l'héroïne principale est une femme libérée qui prend les choses en main lorsqu'on la drague dans un bar. Sa meilleure amie est une lesbienne, bien dans sa peau, qui contraste avec un collègue de travail masculin ridiculisée par son propre machisme. Et la relation amoureuse tissée au sein de l'histoire semble être dénué d'obligation entre les deux parties. Pour donner corps à ces personnages, John Carpenter va choisir Lauren Hutton, un ancien top modèle devenu actrice, David Birney, Grainger Hines et Adrienne Barbeau. Rencontré sur ce tournage, cette dernière deviendra rapidement l'épouse de John Carpenter et tiendra des rôles importants dans FOG et NEW YORK 1997. L'acteur Charles Cypher, incarnant un inspecteur de police, est d'ailleurs, lui aussi, un habitué des tournages de John Carpenter.

Plutôt méconnu dans la filmographie de John Carpenter, SOMEONE'S WATCHING ME mérite que l'on s'y attarde. Avant tout un thriller à suspense plus qu'un film d'horreur, ce téléfilm n'est certes pas un chef d'œuvre mais donne l'occasion de (re)découvrir l'une des premières œuvres réalisées par le cinéaste américain.

Sorti dans la «Twisted Terror Collection» que Warner a sorti à la rentrée 2007, le film est disponible à l'unité ou dans un coffret reprenant tous les DVD des cinq films assez disparates de cette collection. Tourné à la télévision en plein cadre, le DVD pose un problème. En effet, le transfert présente une image cadrée en 16/9. Par rapport au format d'origine, il y a donc un recadrage mais cela ne se sent pas du tout à la vision du film sur ce DVD. Il est donc possible que John Carpenter ait prévu, comme cela se fait couramment de nos jours, un éventuel cadrage plus «cinéma». Surtout que dans certains pays, SOMEONE'S WATCHING ME a été diffusé dans les salles plutôt qu'à la télévision. Passé ce point, l'image est des plus agréable même si elle accuse son âge avec un contraste un peu faiblard. Les voyeurs devant leurs écrans ne seront certainement pas gênés plus que cela.

Comme souvent avec les disques américains édités par Warner, SOMEONE'S WATCHING ME propose la version originale mais aussi un doublage français d'époque. De plus, un sous-titrage français est disponible pour ceux qui voudraient s'orienter vers la piste anglaise. Doublage français ou version originale, c'est du pareil au même puisque les deux pistes sont en mono. Le son est donc assez plat mais s'avère tout de même un peu plus dynamique sur la piste anglaise.

Le DVD ne dispose pas d'un menu avec le chapitrage mais, au moins, ce disque contient un supplément. Il s'agit d'un segment vidéo intitulé «John Carpenter : Director Rising» ce qui laisse à penser qu'il s'agit d'une Featurette sur les premières réalisations du cinéaste. Pas du tout ! Il s'agit en réalité d'une interview récente d'une durée de six minutes. L'occasion pour John Carpenter de revenir sur SOMEONE'S WATCHING ME de façon courte mais sans paroles inutiles. On apprend ainsi quelques anecdotes comme le tournage dangereux d'une scène avec Lauren Hutton. A plusieurs dizaines de mètres du sol, l'actrice se trouve réellement à moitié hors de la fenêtre de l'appartement. Fort sympathique, cette interview n'est pas sous-titrée et il faudra un bon niveau d'anglais pour en tirer quelque chose. Toutefois, ce petit supplément s'avère bienvenue surtout que le prix de ce DVD est peu élevé alors qu'il n'est pas protégé par un codage régional. Commercialisé aux Etats-Unis, il fonctionnera sans problème sur un lecteur de DVD français pour peu que votre diffuseur (télévision, projecteur…) accepte le NTSC.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
SOMEONE'S WATCHING ME! DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Spanish Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • John Carpenter : Director Rising (6mn13)
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